Ses Adhérents ne se rendront pas en cours Aujourd'hui Le Cnapest tranchera dimanche Le conseil national du syndicat, seule instance habilitée à décider de la poursuite ou du maintien du débrayage, se réunira demain à Alger. Comme prévu, toutes les délégations du Cnapest au niveau national se sont réunies, hier, en assemblées générales pour décider de la suite à donner à la grève déclenchée, il y a de cela deux mois. La tenue de ces assemblées extraordinaires a été décidée en réponse à l'éventail de mesures draconiennes qui seront prises par le gouvernement contre les enseignants qui ne revêtiront pas leurs blouses aujourd'hui. Il est à signaler que les enseignants affiliés au Cnapest ne reprendront pas les cours, aujourd'hui, car le Conseil national, seul organe habilité à prendre la décision finale de poursuite ou d'arrêt de la grève ne se tiendra que demain. Ils sont, de ce fait, passibles de sanctions prévues par le ministère si elles venaient à êtres mises à exécution. La coordination d'Alger, fer de lance de ce mouvement syndical, lors d'une assemblée générale tenue, jeudi dernier, a déjà tranché pour la poursuite de la grève, en attendant la décision du conseil national extraordinaire. Le chargé de la communication au sein de cette coordination estime qu'il est “impossible que les professeurs se présentent devant leurs élèves sous la menace et les pressions et que ce n'est pas une manière de régler un conflit de cette ampleur”. En réponse au gouvernement qui menace de poursuites judiciaires contre les meneurs et instigateurs de cette protestation, les enseignants refusent ces qualificatifs et considèrent que chaque professeur est “meneur” de sa personne. “Que le gouvernement mette alors en prison les 56 000 PES”, déclarent-ils. Par ailleurs, ils le mettent au défi d'appliquer ces menaces qualifiées d'un autre âge. Dans les wilayas de Constantine, d'oran, de Tizi Ouzou, de Aïn-Defla et de Souk-Ahras, les coordinations de ce mouvement ont quasiment tranché pour la reconduction de cette grève. Les délégués de la wilaya de Souk-Ahras, dans leur majorité, estiment que la menace de radiation qui pèse sur leur tête est pratiquement irréalisable, dans la mesure où, disent-ils, on ne peut remplacer 50 000 professeurs en quelques jours, et même si c'était le cas, le rendement ne serait jamais le même puisque ceux qui seront appelés à ces fonctions sont inexpérimentés. Il est vrai, qu'il faut se demander, comment la tutelle procédera aux remplacements des postes vacants et cela le plus vite possible, car les rattrapages sont extrêmement difficiles et de l'aveu même du conseiller du ministère de l'éducation : “La situation est à la limite de l'irréparable.” Est-ce la bonne solution ? Mourad Belaïdi Méziane Mériane : “nous refusons de céder” Le Cnapest a vivement réagi après les menaces de licenciement proférées contre les enseignants grévistes, mais il fait preuve d'une grande sécurité en cette nouvelle phase cruciale. “Depuis le mois d'avril dit-il, nous n'avons pas cessé d'interpeller Benbouzid, mais il a carrément fermé les portes du dialogue et en guise de surprise nous n'avons eu droit qu'à du mépris. à ce sujet, on le défie de montrer une invitation officielle au dialogue ou à la négociation comme il le prétend”. Par ailleurs, Meziane Mériane s'en prend aussi au département de Benbouzid, qu'il considère comme seul responsable de cette crise pour l'avoir gérée au jour le jour et l'à transformée en véritable “bombe atomique”. “Et si nos revendications sont légitimes, que Benbouzid nous le notifie par écrit et ce sera certainement un gage de garantie pour que ces revendications soient prises en charge à l'avenir”, dira encore Meziane Mériane qui précisera d'ailleurs: “le ministère de l'éducation a encore méprisé nos collègues du CLA à un tel point qu'il leur a été remis un document qui n'a aucune valeur juridique car ne comprenant ni cachet ni entête officiel.” Enfin, le coordinateur national du Cnapest affirmera que toutes les coordinations de wilaya ne reculeront jamais devant autant d'intimidations et de menaces de répressions bradées par Benbouzid et Ouyahia. M. Hocine Par la voix de son syndicat sectoriel Le Snapap appelle à l'arrêt de la grève Au moment même où les choses se corsent pour les enseignants grévistes, menacés d'être radiés de l'enseignement, la Fédération nationale des professeurs et travailleurs de l'enseignement secondaire et technique affiliés au Snapap fait une sortie des plus inattendues en appelant à l'arrêt de la grève. Dans un communiqué adressé, hier, à notre rédaction, le Snapap justifie cette décision par l'impasse dans laquelle se retrouve le mouvement de protestation des enseignants entamé depuis six semaines. “Compte tenu de la politique du gouvernement qui vise à tous prix à ternir notre image aux yeux des parents d'élèves et à tromper ainsi l'opinion publique et l'inciter à prendre position contre nous, malgré la légitimité de nos revendications, et ce, en préparation des dispositions arbitraires, anticonstitutionnelles que le gouvernement a décidé d'appliquer à l'encontre des enseignants en guise de répression, nous autres professeurs et travailleurs de l'enseignement secondaire, affiliés au Snapap, décidons de suspendre la grève à partir d'aujourd'hui (samedi 29 novembre 2003)”, lit-on sur le document qui, en termes on ne peut plus clairs, insiste sur la reprise du travail pour déjouer, explique-t-il, et prévenir contre toute éventualité de dérapage. Cette même fédération a annoncé, par ailleurs, sa participation à la réunion que tiendra cette semaine la commission de la défense des libertés syndicales pour se positionner contre toute décision arbitraire que le gouvernement pourrait décider à l'encontre des enseignants grévistes. N. S. Ils appellent à la reprise aujourd'hui Les parents d'élèves dénoncent les décisions d'Ouyahia L'Upewa demande aux enseignants de casser les mesures du Chef du gouvernement, en rejoignant leur poste de travail. Entre les menaces d'Ouyahia et la résistance des enseignants dans leur mouvement de protestation, les parents d'élèves de la wilaya d'Alger prônent plutôt un discours de sagesse et de prudence. L'Upewa tient, tout de même, à déplorer ce bras de fer opposant le département ministériel de Benbouzid aux PES en grève depuis maintenant huit semaines. Le président de l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger, M. Ameur Yahia Salah, favorise la reprise des cours, aujourd'hui, samedi et ce, dans l'intérêt des élèves. Pour lui, la situation est sérieusement grave sinon dangereuse. “On est plongé dans l'extrémisme des uns et des autres dont la première et la dernière victime n'est autre que l'élève”, déplore-t-il. Ce responsable neréitère pas son appel pour enterrer ce mouvement de débrayage, mais l'Union d'Alger lance un énième appel aux grévistes à la reprise des cours à partir d'aujourd'hui. Il estime en outre que les PES doivent rejoindre leur poste de travail et ce, pour casser les sévères menaces qui pèsent sur les enseignants et une génération de formateurs de haut niveau. Devant la dureté observée entre les deux protagonistes, le président de l'Upewa sollicite l'arbitrage du président de la République pour résoudre d'une manière définitive cet imbroglio qui va finir par provoquer d'incommensurables dégâts. En tant qu'association, nous estimons que le premier magistrat du pays doit intervenir rapidement. “Nous constatons maintenant un embrasement. Il y a un extrémisme qui répond à un autre. La victime demeure évidemment l'élève. On assiste impuissant à la destruction carrément d'une génération. Le ministère préfère se barricader. Mais jusqu'à quand ?” s'indigne-t-il encore. Si reprise il y a aujourd'hui, l'Union d'Alger exige du ministère de rester à l'écoute des doléances de cette corporation élitiste et de concrétiser ses engagements. Néanmoins, l'association d'Alger qualifie les dernières mesures édictées par Ouyahia d'extrêmement sévères. Il les considère même de sauvages. Les parents d'élèves ne peuvent pas, dit-il, pavoiser à ce que des personnes diplômées non formées par des formateurs se retrouvent devant des lycéens. “On refuse de ramener des licenciés non préparés sur le plan pédagogique pour enseigner à nos enfants”, s'insurge- t-il. L'association récuse en bloc la solution de rechange préconisée par le ministre de l'Education pour faire remplacer les PES grévistes. “Nous rejetons la décision du ministre dont les conséquences seront extrêmement graves sur le cursus scolaire de nos enfants”, regrette M. Ameur Yahia. Sur un autre chapitre, le président de l'Upewa n'a pas hésité à exprimer les inquiétudes des parents d'élèves quant aux menaces de poursuites judiciaires, de suspension et de radiation des PES. “Nous sommes contre les mesures qui sortent du cadre des relations de travail”, conclut-il. R. H. L'ultimatum du gouvernement pour la reprise des cours expire ce matin Le jour de la répression Le ministre de l'Education annonce l'application immédiate des mesures de sanction à l'encontre des enseignants. Ces derniers maintiennent la grève. Les parents d'élèves appellent à la sagesse. Tous les regards sont présentement braqués sur le secteur de l'éducation, paralysé depuis plus de quarante jours par deux syndicats d'enseignants, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Cnapest. Et pour cause, l'ultimatum, lancé lundi par le gouvernement aux enseignants grévistes pour rejoindre dare-dare leur travail, prendra fin aujourd'hui. Comme pour faire monter un peu plus la pression et donner plus d'effet à la menace de radiation, brandie par le gouvernement contre les enseignants grévistes, Boubekeur Benbouzid est revenu à la charge, jeudi soir, lors d'une prestation dans le journal télévisé de 20 heures. Ferme et solennel, il lancera à l'encontre des enseignants qui rechigneraient à reprendre les cours : “Le gouvernement ne restera pas les bras croisés et assumera ses responsabilités devant le peuple à travers l'application des mesures prises lundi dernier.” Pour lui, les “vraies revendications” sont entièrement prises en charge par les pouvoirs publics. Il ne manquera pas aussi de les prévenir : “La Fonction publique appliquera, de manière immédiate, toutes les mesures du gouvernement.” Donnant l'air de ne pas vouloir voir la main lourde du gouvernement s'abattre sur eux, il les a conjurés de ne pas “mettre en péril leur avenir et celui des élèves”, à se prévaloir du “sens de responsabilité et de vigilance” et à “garder l'école loin des conflits politiques et syndicaux”. À croire que Benbouzid s'adressait à des enfants de chœur ne sachant point où résident leurs intérêts et ceux de leurs élèves. Côté enseignants grévistes, le ton est à l'indignation. Les responsables des deux syndicats meneurs de la grève se sont dits outrés par les menaces d'Ouyahia qui sont loin de leur faire peur. Sur les ondes de la Chaîne II, le coordinateur national du Cnapest déclare être disposé à aller en justice pour dévoiler davantage Benbouzid qui “s'est toujours refusé au dialogue”. La tendance lourde chez les enseignants grévistes, ceux du Cnapest du moins, semble être à la poursuite du mouvement de débrayage. Mais la décision finale de la poursuite ou non de la grève sera connue demain. Une chose est sûre, aujourd'hui les lycées resteront fermés. Se pose alors une question : l'infortuné Boubekeur Benbouzid aura-t-il le courage nécessaire — car il faut une sacrée dose de machiavélisme pour le faire — pour mettre à exécution les menaces de suspension et de radiation des grévistes proférées par le patron de l'Exécutif ? Difficile de préjuger de quoi que ce soit. Mais pour beaucoup, l'éventualité de mettre au chômage plus de 50 000 enseignants n'est rien d'autre qu'une aberration. Des pédagogues soutiennent qu'on ne peut, du jour au lendemain, procéder au remplacement, au pied levé pour ainsi dire, d'un nombre aussi élevé d'enseignants. Ce n'est certainement pas cette armée de licenciés, chômeurs inexpérimentés, donc accusant un déficit criant en matière de pédagogie pour pouvoir rattraper un retard de deux mois, qui tirera d'affaires Benbouzid. Passons sur ce jeu malsain de vouloir faire du chantage à des grévistes en se servant cyniquement d'une catégorie sociale, à savoir les chômeurs. À moins que dans les calculs de l'Exécutif, l'important, ce n'est pas tant le rattrapage du retard mais la reprise, vaille que vaille, des cours. Autre chose, la décision de l'Exécutif d'Ouyahia est-elle conforme à la loi ? La constitution algérienne n'accorde-t-elle pas aux travailleurs le droit de recourir à la grève ? Mais, si la situation a atteint un tel degré de pourrissement, l'exécutif n'est-il pas pour quelque chose ? Car, il faut en convenir, c'est le refus de Benbouzid, sous le prétexte de leur illégalité, de recevoir les syndicats grévistes en leur qualité de partenaires à part entière, c'est aussi le refus de Tayeb Louh de ne pas leur délivrer l'agrément pour exercer, en toute légalité, l'activité syndicale, un droit qui leur est pourtant reconnu par la Loi fondamentale du pays, qui ont fait traîner en longueur ce bras de fer. Une chose est sûre, cette fermeté du gouvernement trahit un certain affolement. Les mauvaises langues susurrent que le président de la République aurait donné l'ordre à l'Exécutif de mettre un terme au plus vite à cette situation. Message reçu cinq sur cinq. Arab Chih Les mesures que compte prendre Ouyahia Premièrement : le dépôt de plainte devant les juridictions pénales contre les responsables et meneurs de cette grève illégale et sauvage, pour entrave au droit constitutionnel à l'enseignement. Deuxièmement : la suspension puis la radiation des PES qui n'auront pas repris les cours et qui seront ainsi déclarés en abandon de poste. Troisièmement : le recrutement de diplômés universitaires en remplacement des enseignants en abandon de poste qui auront été radiés. Me Ali Méziane à Liberté “On n'a pas besoin de recourir au bâton” Liberté : Le gouvernement veut radier des enseignants pour motif de grève illégale. La loi a-t-elle prévu ce cas de figure, et qu'en dit-elle ? Me Méziane : Effectivement, la loi prévoit que tout participant à une grève illégale peut faire l'objet d'une sanction pour faute grave allant jusqu'à son licenciement. Mais dans le cas qui nous préoccupe, celui des enseignants, je ne comprends pas le revirement des pouvoirs publics. Ces pouvoirs publics ont appelé des délégués de grévistes à la table des négociations où le gouvernement a décidé une augmentation de 5 000 DA. Mais malgré cela, les enseignants ont reconduit leur grève. En recevant les représentants des délégués grévistes pour des négociations et selon les communiqués officiels, les pouvoirs publics ont reconnu la légitimité des représentants et la légalité de la grève. Mais que prévoit la loi en cas de persistance du conflit ? La loi 90-02, relative au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève, prévoit dans son article 48, quand il y a, un cas d'espèce, un échec dans les négociations et une persistance de la grève, la saisine par le wali ou le ministre de la commission nationale d'arbitrage. Cette structure siégeant au niveau de la Cour suprême, a eu à examiner, en 1996, le conflit entre les enseignants du supérieur et la tutelle. Donc, au lieu de continuer à appliquer la procédure qui avait fonctionné jusque- là, il y eut un revirement total des pouvoirs publics qui taxaient la grève d'illégale et de sauvage, et les délégués syndicaux de meneurs. Le ministre de l'éducation a justifié le recours du gouvernement à la solution radicale des licenciements par la préservation de la scolarité des enfants. Comment appréciez-vous cet argument? Effectivement, c'est une des prérogatives des pouvoirs publics d'assurer et de préserver la scolarité des enfants. Mais, est-il judicieux de recourir à des sanctions massives et à un remplacement hypothétique des professeurs expérimentés par de nouveaux diplômés au chômage ? Est-ce cela qui permettra une scolarité normale à nos enfants ? Alors que les pouvoirs publics auraient pu continuer à appliquer les dispositions de la loi 90-02. Ce qui aurait contraint légalement les enseignants après la saisine de la commission nationale d'arbitrage à suspendre la grève et à reprendre les cours. On n'a pas besoin de recourir au bâton avec tout ce que cela peut entraîner comme dérapage pour régler ce conflit. Ceci dit, nous espérons en tous cas qu'il n'y aura aucun dérapage ni aucune dérive. Pourquoi pensez-vous que le gouvernement a pris ce raccourci ? Il faut poser cette question au gouvernement ! Il dit que la grève est illégale. Ce n'est pas très convaincant. D'autant plus que l'APS (agence presse service) a diffusé un communiqué le jour de la tenue du conseil du gouvernement indiquant que le CLA allait être reçu par le ministère de l'éducation et que le conflit serait réglé. Ce qui veut dire que le gouvernement a opéré un revirement dans ses positions ! Nadia Mellal Conseil des lycées d'Alger La Grève reconduite Un ultimatum de 48 heures est lancé à la tutelle pour parapher avec le CLA un PV de garanties de 7 points déjà soumis au ministre. Cet accord entraînera, dès lundi, une reprise effective. Réunis, hier, en assemblée générale au siège du CNES, les enseignants ont été fort nombreux à venir débattre de la suite à donner à leur grève qui dure depuis plusieurs semaines. “C'est un tournant crucial dans notre mouvement de contestation”, a commencé par expliquer M. Osmane, chef de file du Conseil des lycées d'Alger (CLA) comme pour donner le ton aux débats qui ont duré de longues heures. Parmi les grévistes, les avis étaient partagés entre ceux qui étaient en faveur de la reprise et ceux qui appelaient à la continuité dans la logique de la grève. Malgré quelques réticences, la majorité a fini par opter pour la reconduction de la grève renouvelable chaque semaine. Il ne s'agit pourtant pas d'une décision irrévocable. En guise de riposte, le CLA a en effet lancé une sorte d'ultimatum de 48 heures au ministère de l'Education pour parapher avec cette instance syndicale, non reconnue par les pouvoirs publics, le projet de PV de garanties de 7 points déjà soumis à la tutelle lundi dernier. Sa signature conjointe entraînera, selon le CLA, une reprise effective. Cette proposition a été adoptée par la majorité de l'AG (92,68%) et en cas de non réponse, le CLA reconduira, de fait, la grève. “Ce n'est pas de l'entêtement, mais de la détermination à ne jamais céder au chantage. Il est quand même scandaleux d'être méprisés de la sorte et traités comme des moins que rien”, ont dénoncé des professeurs courroucés par la dernière sortie de leur ministre et d'un gouvernement qui n'a de cesse, selon leur avis, de mettre à genoux les gens du savoir. L'occasion aussi pour les enseignants de revenir à la charge, argument à l'appui, sur la légitimité de leur revendication et la gravité de leur situation socioprofessionnelle qui ne peut plus tolérer le silence. “Nous ne sommes pas des enfants. Nous sommes adultes et responsables et nous connaissons nos limites. Mais là, il ne s'agit pas d'un caprice mais de vie ou de mort et de dignité”. Comment peut-il en être autrement pour ces milliers d'enseignants qui soutiennent qu'après plusieurs années d'actif au sein de la famille de l'éducation et après avoir atteint le grade le plus élevé, l'enseignant ne peut prétendre à un salaire de plus de 18 000 DA net. D'autres enseignants, visiblement affaiblis par tant de pression entre suspension, ponction sur salaire et, pour couronner le tout, menace d'être radiés à vie de l'enseignement et de la Fonction publique de manière générale, préfèrent la reprise. Les réfractaires justifient la décision par la gêne ressentie par rapport aux élèves et par ricochet vis-à-vis de toute l'opinion publique. “Ce n'est pas aux enseignants d'endosser la responsabilité de cette situation. C'est au pouvoir de désamorcer la crise. Et ce n'est certes pas en utilisant les moyens les plus radicaux qu'il va y arriver”, tranche M. Osmane tout en maintenant que la décision finale revient à l'AG. “Nous étions tout le temps ouverts et disponibles au dialogue et ce n'est que pur mensonge de la part du ministère ou autre de nous accuser du contraire”. Et d'insister : “Les dernières mesures prises par le gouvernement et annoncées par le ministre sont entachées d'irrégularités aux yeux même de la Constitution, de la réglementation de l'administration ou de la Fonction publique qui elle-même est soumise à la Constitution.” M. Osmane n'a d'ailleurs pas lésiné sur les mots pour qualifier “l'arbitraire administratif” et de dénoncer : “Il est quand même aberrant que l'administration légifère à la place du Conseil d'Etat. C'est une dérive grave d'autant plus que le ministère a déjà traduit en justice des enseignants pour être déboutés.” Les parents d'élèves, quant à eux, ont estimé que recourir à des procédés extrêmes ne servait aucune des parties et encore moins les élèves. Nombre d'entre eux, qui ont pris part hier à l'AG du CLA, ont appelé les enseignants à reprendre les cours dans l'intérêt des élèves tout en se prononçant contre la radiation des profs et leur remplacement. Nabila Saïdoun Le CNES réagit aux dernières menaces du gouvernement “Notre solidarité sera active” Dans une déclaration rendue publique hier, le Conseil national des enseignants du supérieur déplore l'incapacité du pouvoir à gérer un conflit de cette ampleur. Ce syndicat du supérieur estime que cette méthode a mis à nu le désarroi total de ceux qui croyaient mater ou manipuler toute une corporation déterminée à faire valoir légalement et dans le cadre des lois de la République ses droits et défendre sa dignité. Par ailleurs, on peut lire sur ce document : “Le gouvernement ne se substitue-t-il pas illégalement aux instances judiciaires et aux organes réglementairement chargés des conflits individuel et collectif du travail ?” Tout en estimant que la situation est préoccupante pour la nation, le CNES est convaincu que la solution du conflit est à la portée des pouvoirs publics sans pour autant recourir à l'usage aventurier de la force. La section syndicale du CNES de l'Usthb réitère sa solidarité aux enseignants, au CLA et au Cnapest. Les responsables au sein de ces syndicats appellent leurs adhérents, au niveau national, à exprimer dans les faits leur solidarité aux professeurs du secondaire. Le coordinateur de cette section, M. Cherbal, considère les mesures que veut appliquer le gouvernement contre les enseignants grévistes d'abus de pouvoir et une injustice que les professeurs du supérieur ne sauront accepter. Ce responsable va plus loin en déclarant : “Une assemblée générale sera convoquée au courant de cette semaine pour décider de la forme de lutte à mener en solidarité avec nos collègues.” Par ailleurs, M. Cherbal relève avec inquiétude l'atteinte au droit syndical : “J'espère que le gouvernement va réaliser la grave dérive de la sortie de lundi passé qui a consisté à s'attaquer au droit syndical. Tout conflit social ne peut se régler que par des négociations.” Pour sa part, le Comité pour les libertés syndicales qui réunit le Cnes, le Snpsp, le Spla, le Snpdsm, le Sncp, le Snapap, le Cnapest et le CLA, se réunira le plus vite possible pour donner sa position dans le cadre de sa solidarité avec les syndicalistes de l'éducation et la lutte pour les libertés syndicales qu'il estime menacées. M. B. Grève du Cnapest À Tizi Ouzou Les profs intransigeants La grève des enseignants du secondaire entamera, aujourd'hui, sa 8e semaine. À Tizi Ouzou, l'heure est toujours à la mobilisation malgré les dernières menaces brandies par le ministère de l'Education nationale. “Nos positions sont fermes. On ne reprendra pas le travail sans notre reconnaissance en tant que partenaire social”, nous ont affirmé, hier, les représentants locaux du Cnapest. Tout en réitérant la détermination des grévistes à ne dialoguer que sous l'égide du Cnapest, le conseil de wilaya du Cnapest dénonce la “campagne de diabolisation et de dénigrement dirigée par la tutelle et ses supplétifs à l'encontre des PES par le biais des médias lourds aux fins inavouées de dresser l'opinion publique et les parents d'élèves contre eux”. Enfin, les enseignants du secondaire de la wilaya de Tizi Ouzou jugent qu'“il est grand temps pour les pouvoirs publics de corriger leur approche du conflit, considérer la crise à sa juste valeur, revenir à la raison et s'asseoir à la table de véritables négociations avec le véritable vis-à-vis”. Notons, par ailleurs, que de nombreux messages de soutien aux grévistes ont émané des enseignants du primaire et du moyen. A. T. Ils Réagissent Union pour la démocratie et les libertés “Le gouvernement doit apprendre à négocier” “La preuve est maintenant faite sur le terrain et dans les faits que le Cnapest et le CLA non affiliés à l'UGTA et autonomes par rapports à la Fédération nationale des travailleurs de l'Education sont majoritairement représentatifs. L'UDL estime que ces organisations doivent être reconnues et auraient dû l'être sans aucun préalable conformément aux dispositions de la loi 90-14 du 2 juin 1990 (…) L'absence de réaction positive immédiate rend responsables, M. le ministre de l'Education nationale et M. le ministre du travail, du préjudice subi par les élèves. L'UDL estime qu'il est temps que nos gouvernants apprennent à écouter, dialoguer et négocier pour obtenir un consensus avant de décider. Cette démarche démocratique est une obligation incontournable pour le maintien de la paix sociale. L'UDL demande à M. le chef du gouvernement à ce que la loi 90-14 soit amendée dans la forme pour que le récépissé de constitution soit remis systématiquement à toute association ou organisation syndicale constituée, et ne permettre qu'à la justice de décider de la non-conformité de ses dispositions statutaires pour ordonner leur annulation ou leur amendement, et ou prononcer la dissolution. Tel que rédigée, la loi 90-14 permet de contourner les dispositions de la convention n°98 de l'OIT. L'UDL demande à M. le président de la République de ratifier la convention n°135 de 1971 concernant la protection des représentants des travailleurs. L'UDL s'élève contre les menaces proférées à l'encontre des enseignants grévistes et de leurs représentants, et invite M. le ministre du Travail ainsi que M. le ministre de l'Education nationale à insérer leur action dans le cadre d'une véritable démocratie syndicale.” Mokrane Aït Larbi “Je soutiens les enseignants en grève” “Les professeurs de l'enseignement secondaire entament la 8e semaine de grève pour revendiquer le droit à une vie décente. Après les différentes tentatives pour discréditer le mouvement de grève auprès de l'opinion publique, notamment, les parents d'élèves, le pouvoir menace de déposer des plaintes contre les enseignants en grève et de les radier du corps enseignant. Les augmentations du 13 novembre ne pourront en aucun cas justifier les mesures totalitaires prises par le gouvernement. Je dénonce ces mesures et assure les enseignants grévistes de ma solidarité agissante”.