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9 semaines et ½ de grève...et ils n'arrivent pas a s'entendre
Les lycées toujours fermés
Publié dans Liberté le 02 - 12 - 2003


APRÈS LES CONCESSIONS DES SYNDICATS de professeurs
La balle est dans le camp du gouvernement
Les CLA et Cnapest font des propositions pour sortir de cette crise qui dure depuis plus de deux mois, en faisant des concessions significatives. Le langage du gouvernement reste la menace et la radiation des grévistes.
Lundi 1er décembre, 11 heures. Au siège du CNES est prévue une conférence de presse conjointement animée par les deux organisations syndicales des professeurs, CLA et Cnapest. Finalement, ces dernières comptent faire séparément leur intervention avec la présence symbolique à la tribune des membres du bureau exécutif des deux syndicats. “Le combat est le même pour nous tous, et l'union de nos deux mouvements est plus que jamais nécessaire pour faire face à cette désinformation sauvage”, déclare M. Osmane, coordinateur du CLA. Ce dernier estime que les procédures de licenciement massives sont illégales et contradictoires à l'exercice du droit de grève reconnu aux citoyens dans la Constitution et dans le cadre de la loi 85-59 régissant le régime de la Fonction publique.
Ainsi, on peut lire dans la déclaration rendue publique par le CLA, hier, qu'il ne revient “ni au gouvernement ni à son ministre de réglementer la grève”. Cette compétence est dévolue “au législateur, seul compétent en la matière”. “Le gouvernement pense, en traînant 22 de nos délégués et 16 représentants des enseignants devant les tribunaux, réveiller l'instinct de peur enfoui en chacun de nous pour réinstaller la soumission et l'arbitraire. L'enjeu premier est d'effacer de la mémoire sociale un mouvement syndical de proximité dont la dynamique autonome, démocratique et revendicative a affaibli le monopole syndical et mis en danger les niches d'intérêts que se partagent aujourd'hui l'administration et les syndicats aux ordres.” Le CLA conditionne la suspension de la grève par la levée de toutes les poursuites judiciaires, l'annulation de tous les actes de radiation, qualifiés d'illégaux et la signature d'un procès-verbal de garantie avec des solutions concrètes.
Pour sa part, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique maintient lui aussi son mot d'ordre de grève. Les travaux et débats auxquels ont participé les délégués de 43 wilayas ont duré, hier, jusqu'à 4 heures du matin. Dans un communiqué, ce syndicat conditionne, lui aussi, la suspension de la protestation par la levée de toutes les sanctions et poursuites judiciaires prises à l'encontre des enseignants grévistes et l'ouverture d'un dialogue sincère qui devra aboutir à des négociations. Selon le communiqué de ce syndicat, ces négociations tourneront autour de l'augmentation des salaires à hauteur de 100%, la retraite et l'élaboration d'un statut particulier pour le professeur. Par ailleurs, le Cnapest a adressé, hier, pour la deuxième fois, une lettre au premier magistrat du pays l'interpellant pour mettre fin à ce conflit qui prend en otages les élèves. Il reproche au ministre sa “gestion immature” de ce conflit qui a abouti à une impasse. Une autre lettre a été également adressée aux élèves et à leurs parents, dans laquelle ils mettent en exergue la légitimité des revendications qui sont plus que jamais nécessaires pour que l'enseignant puisse réellement accomplir sa noble mission : transmettre le savoir aux futures générations. “Notre maturité et nos consciences, contrairement au comportement de la tutelle, nous interdisent de laisser agoniser sous nos yeux l'école algérienne.” En réaction à la décision du gouvernement de radier les enseignants qui ne reprendraient pas les cours, M. Mériane dénonce : “Dans notre pays, on préfère sacrifier 60 000 Pes et leurs élèves au lieu d'un ministre qui a failli à sa tâche.”
Le conflit enseignants-ministère de l'Education est aujourd'hui loin d'être résolu, car chaque partie semble camper sur ses positions. La tutelle reconnaît, d'un côté, la légitimité des revendications et refuse, de l'autre, toute négociation qui échappe à sa logique. Pourtant, ces deux syndicats ont fait des concessions par rapport à leurs revendications initiales. Le gouvernement en fait-il une question d'honneur et de souveraineté ? Dans tous les cas, la balle est dans son camp.
Mourad Belaïdi
Les plaintes n'ont encore pas été transmises
La menace de dépôt de plainte contre “les 16 enseignants meneurs de grève”, brandie par le ministère de l'Education, dimanche dernier, n'était pas, hier soir, encore mise à exécution.
Selon les nombreux enseignants que nous avons rencontrés hier, “aucun d'entre eux n'a encore reçu de convocation”.
Toutefois, nos interlocuteurs n'ont pas exclu l'éventualité que les pouvoirs publics portent l'affaire devant les tribunaux dans les prochaines heures.
Nos tentatives de joindre le ministère de l'éducation afin de confirmer ou d'infirmer l'existence de ces plaintes, décidées pour dissuader les enseignants de poursuivre la grève, sont restées vaines. “Les responsables sont en réunion”, nous a répondu la secrétaire du conseiller du ministre.
N. A.
Ils réagissent
RCD
“c'est La stratégie de l'escalade”
La grève des enseignants entre dans sa neuvième semaine. La dernière décision du gouvernement de procéder à la radiation des professeurs grévistes confirme, de manière brutale, le choix du pouvoir pour une gestion autoritariste du conflit.
Ni le spectre de l'année blanche, ni l'angoisse des parents, ni la justesse des revendications socioprofessionnelles ne semblent infléchir l'attitude provocatrice et irresponsable du pouvoir.
Des organisations syndicales tirant leur légitimité de l'adhésion du corps enseignant sont ignorées et se voient refuser illégalement leur statut de partenaire social.
Le pouvoir opte pour la stratégie de l'escalade. La sanction du licenciement massif touchant des milliers d'enseignants grévistes va précipiter le pourrissement qui touche déjà de nombreux secteurs du monde du travail.
Outre qu'elle est illégale et qu'elle bat en brèche une liberté collective universellement consacrée, la décision violente et surréaliste de remplacer les enseignants ayant accumulé expérience et professionnalisme par de jeunes recrues qu'ils ont souvent formées, révèle l'entêtement suicidaire qui enferme la nation dans des gestions archaïques et dangereuses, refusant toute évolution sociale et politique.
Le RCD condamne avec la plus extrême rigueur ces licenciements arbitraires.
La volonté de continuer à imposer un système politique délétère et hors temps est un choix qui interpelle l'ensemble des citoyens soucieux de la stabilité des institutions et de la cohésion de la nation.
FFS
“L'échec du pouvoir”
La flambée de la contestation sociale a, une fois de plus, révélé l'échec du pouvoir dans sa stratégie d'étouffement des libertés et de généralisation de la peur.
(...) Aujourd'hui encore, le système scolaire, qualifié de sinistré et d'obsolète, est victime, une nouvelle fois, à travers les mesures prises à l'encontre des enseignants et qui risquent d'hypothéquer la scolarité de milliers d'enfants sous le fallacieux prétexte de l'illégalité de la grève et de la non-reconnaissance officielle des syndicats protestataires.
C'est parce qu'ils se sentent mal représentés par un appareil fossilisé d'une organisation de masse que les enseignants ont décidé de se structurer dans des syndicats autonomes, légitimes par une représentativité authentique et des revendications socialement légitimes (...) Le Front des forces socialistes, fidèle à ses engagements démocratiques, épris des valeurs de libertés citoyennes, condamne les mesures répressives prises à l'encontre des enseignants, prend à témoin l'opinion nationale et internationale quant aux graves développements que prendra cette situation et met en garde contre les risques d'une déflagration sociale à grande échelle.
Le FFS considère ces mesures de radiation injustes et injustifiées et s'élève contre le procédé antipédagogique qui consiste au remplacement des enseignants titulaires par des vacataires non et mal préparés à assumer une mission pour laquelle ils n'ont sûrement aucun enthousiasme.
APW DE TIZI OUZOU
“Les licenciements ne feront qu'aggraver la situation”
“Le licenciement des enseignants grévistes est une décision qui va à l'encontre des libertés individuelles. Elle ne fera qu'aggraver la situation”, a déclaré, hier, M. Rabah Aïssat, président de l'APW de Tizi Ouzou.
Les élus, qui débattaient de plusieurs points inscrits à l'ordre du jour de la session ordinaire de l'assemblée, n'ont pas manqué de critiquer l'attitude répressive du gouvernement à l'égard des PES.
“80% des enseignants veulent s'affilier aux syndicats autonomes. En leur refusant l'agrément, le pouvoir commet une grave erreur”, dira un élu du FLN.
Sur un autre plan, les intervenants ont décortiqué la situation qui prévaut à la direction de l'éducation.
“Comment se fait-il qu'une administration qui dispose d'une armada de fonctionnaires n'arrive pas à régler le problème de la paie ? Le salaire de novembre n'a été versé qu'après le recours à la grève malgré les engagements des responsables locaux du secteur”, s'indigent-ils.
Les élus ne comprennent pas la léthargie du directeur de l'éducation. “Cela fait une année que nous avons soulevé le problème en plénière. Mais, force est de constater que rien n'a été fait pour éviter la grogne des enseignants”, dira un autre.
D'autres points liés à l'état des infrastructures scolaires et aux problèmes rencontrés par les élèves, notamment dans les zones enclavées, ont été également abordés.
A. T.
Le responsable de l'académie, M. KADRI, a fait le bilan des licenciements
“281 enseignants d'Alger radiés depuis hier”
De nouveaux diplômés doivent les remplacer à partir d'aujourd'hui.
L'inspection académique d'Alger a commencé, depuis hier, à mettre à exécution la menace de radiation contre les enseignants en grève depuis plusieurs semaines. C'est ce qu'a annoncé, hier, le responsable de cette institution, M. Kadri, lors d'une conférence de presse durant laquelle il a fait le point de la situation au niveau des lycées de la capitale.
Ces enseignants radiés sont issus, selon lui, des établissements où le taux de suivi de la grève atteint les 100%. “Nous sommes passés à l'acte dans ces lycées pour ne pas pénaliser les élèves, alors que nous avons donné une chance à d'autres en tenant compte de leur engagement de reprendre les cours à partir d'aujourd'hui”, explique l'orateur qui se félicite du fait que “la tendance à la reprise va crescendo”.
Et pour cause, il soutient que les grévistes ont “majoritairement apprécié” les décisions du Conseil de gouvernement qui prévoit les fameuses augmentations de la prime de qualification.
Quant aux 281 professeurs qui viennent de subir la sanction suprême, Kadri s'est contenté de lire la sentence que sa tutelle a mise à exécution sans trop savoir de quoi sera fait demain, ni quelles seront les procédures à suivre pour gérer cette affaire. En revanche, il confirme que les professeurs radiés seront remplacés dès aujourd'hui par 281 autres enseignants issus de l'Ecole normale supérieure (ENS) dont les dossiers ont été finalisés. “Nous avons de quoi remplacer tous les enseignants, puisque pas moins de 5 500 dossiers de diplômés sont déjà dans nos tiroirs”, lance-t-il, comme pour signifier que la grève n'empêchera pas les autorités de recruter tous ces chômeurs si le besoin s'en fait sentir. Sont-ils pour autant pédagogiquement qualifiés pour prendre en charge les élèves des classes d'examen alors même qu'ils ne possèdent aucune expérience professionnelle ? “Ils ont des diplômes de l'ENS”, répond simplement l'inspecteur général de l'académie d'Alger qui invoque à chaque fois la volonté du ministre, voire du Chef du gouvernement, histoire de ne pas avoir à justifier ces décisions impopulaires qui risquent d'embraser la situation. “Nous ne sommes que des exécutants”, avoue ce responsable qui a plutôt été avare en informations, à l'exception d'une avalanche de chiffres relatifs aux taux de reprise sans commune mesure avec la réalité du terrain.
Comme par exemple les “50% des enseignants” qui auraient, d'après lui, rejoint leur classe à Alger. Un taux calculé sur la base d'une reprise à 100% dans 20 lycées de la capitale. Or, cette corporation compte environ… 5 900 employés alors que le nombre des établissements du secondaire est de 110. Il en résulte qu'une simple opération arithmétique prouve que le taux de reprise annoncé par l'inspection est exagérément gonflé pour un objectif évident : réduire la portée de la grève. M. Kadri avait bien du mal à convaincre les journalistes de ses chiffres tant celui-ci donnait l'impression de dire “ce qu'il fallait dire”. Le conférencier annonce également que les chefs d'établissement auraient reçu des engagements de plusieurs PES grévistes d'arrêter le mouvement sous peu, sans en préciser la nature ni les lycées concernés. C'est pour cela, dit-il, que les radiations n'ont touché que 281 PES dans un premier temps pour ne pas fermer la porte à ceux qui hésitent encore à rejoindre les salles de classe.
À la question de savoir s'il était encore possible de rattraper le temps perdu, M. Kadri a affirmé que l'année scolaire sera de toute façon “réorganisée” et qu'une équipe de psychopédagogues planche sur la meilleure manière de gérer la situation sans pénaliser l'élève.
Il reste que le conflit est loin d'être réglé. Bien au contraire, ces sanctions qui commencent à tomber sont de nature à polluer un peu plus les rapports entre les grévistes et les pouvoirs publics.
HASSAN MOALI
Le Chef du gouvernement l'a confirmé hier
Ouyahia : “Le Cnapest ne sera pas reconnu”
Pour le Premier ministre, la démarche du syndicat est guidée par “des calculs politiciens”.
Ahmed Ouyahia a été clair. Hier, en marge des travaux de la rencontre internationale sur la lutte contre le Sida, tenue au Palais des nations, le Chef du gouvernement a répondu aux journalistes qui lui posaient la question, que le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest) n'obtiendrait pas son agrément, tant qu'il ne remplira pas toutes les conditions requises contenues dans les articles de la loi 90-14 régissant l'exercice de l'activité syndicale et de la loi 90-02 relative aux grèves.
Le Chef du gouvernement aurait donné juste l'impression qu'il restait fidèle à la logique de rejeter le dossier d'agrément du syndicat non conforme aux dispositions légales en la matière, s'il n'avait pas affirmé dans le même temps que la démarche du Cnapest était inspirée par “des calculs politiciens, notamment à l'approche de l'échéance présidentielle”.
Ouyahia a ainsi suggéré que des cercles occultes sont derrière le pourrissement de la situation prévalant dans les lycées depuis la rentrée des classes, le 20 septembre dernier. Il a surtout sous-entendu que ces cercles — qu'il a omis d'identifier —cherchent à noircir le bilan des derniers mois du mandat du président de la République et certainement compromettre ses chances de briguer un second mandat. Sinon, pourquoi a-t-il fait un lien entre la grève persistante des enseignants du secondaire, l'intransigeance du CLA et du Cnapest et l'élection présidentielle du printemps 2004 ? La déclaration du Chef du gouvernement aurait été certainement un peu plus lisible s'il avait précisé les vraies raisons qui motivent le refus du ministère du Travail de reconnaître au Cnapest le droit d'exercer une activité syndicale, ne serait-ce que parce qu'il a réussi à représenter largement plus de 20% (un minimum exigé par la loi) du corps professoral de l'enseignement secondaire.
Au-delà de cet aspect, le Chef du gouvernement a estimé que “ les revendications des enseignants grévistes ont été bel et bien satisfaites. L'Etat a agi avec sagesse avec les enseignants en grève, en ouvrant le champ de la négociation et en décidant une hausse de salaires. Le gouvernement a répondu dans la limite de ses moyens aux revendications des salaires”, a affirmé Ahmed Ouyahia, ajoutant que “la prime de qualification, décidée récemment par le gouvernement, est fixe et entre dans le calcul du salaire de base et de la retraite”.
Selon lui, l'Etat accorde un grand intérêt au secteur de l'éducation dont le budget est passé de 140 milliards de dinars en 2003 à 200 milliards de dinars en 2004.
Tout en se disant optimiste, quant au dénouement proche de ce qu'il convient d'appeler la crise des lycées, le chef de l'Exécutif a confirmé que les mesures coercitives, annoncées à l'issue du Conseil de gouvernement du 24 novembre dernier, seront appliquées dans toute leur rigueur à l'encontre des enseignants qui persistent à refuser de rejoindre leur poste de travail.
S. H.
Très faible reprise dans la capitale hier
Pas de remplaçants dans les lycées
Les pouvoirs publics comptent sur le gel de la grève.
Okba, Frantz-Fanon, Emir-Abdelkader, El-Idrissi… les lycées de la capitale sont toujours aussi déserts. En dépit de dures sanctions décidées par les pouvoirs publics, les enseignants n'ont toujours pas renoncé à la grève. “Huit professeurs uniquement ont repris les cours”, certifie ce factotum du lycée Okba.
Dans l'établissement, abandonné par ses occupants, il est le gardien du temple. En ce lundi après-midi, d'habitude férié, l'impression de relâchement est plus manifeste. Les élèves et leurs profs ne sont pas en “récréation”. En vacances forcées depuis belle lurette, ils ne comptent plus les jours qui les éloignent de leur principale activité et occultent leur raison d'être : l'enseignement pour les uns, l'apprentissage pour les autres. “En tout cas, il n'est pas question pour nous d'accepter des remplaçants”, assène Wahid, un élève de terminale lettres. Venu au lycée pour l'obtention d'un certificat de scolarité, l'adolescent s'arrête devant la loge du concierge.
À son tour, il s'enquiert auprès de l'agent d'une éventuelle reprise. “Pas sans nos professeurs !” tempête-t-il, résolu. Wahid se fait l'écho de la même décision prise par ses camarades. “Nous n'allons quand même pas compromettre notre avenir”, explique-t-il. Au lycée Emir-Abdelkader, bastion de la contestation des profs, le bâtiment illustre est nostalgique du chahut de ses jeunes locataires. À l'entrée, point de lycéens. Une enseignante d'allemand sur le point de quitter l'établissement vient aux nouvelles. Elle veut apprendre des journalistes si les pouvoirs publics iront réellement au bout de leur résolution de radier les grévistes. Invoquant des circonstances particulières, le professeur justifie sa décision de ne pas prendre part au mouvement de protestation.
Pour autant, elle dénonce la logique répressive des autorités et se dit très inquiète du sort de ses collègues. “Je ne sais pas, peut-être que le gouvernement fera marche arrière ? Pour preuve, les grévistes ne sont pas encore remplacés comme annoncé”, dit-elle avec un brin d'assurance.
À El-Idrissi, les services de l'administration sont pris entre le marteau et l'enclume. Ils sont contraints par la tutelle de signifier les avis de radiation aux grévistes, mais ne peuvent pas les empêcher d'entrer au lycée. “Cette situation est très embarrassante”, reconnaît un agent.
Ce dernier confie ses regrets de voir l'établissement aussi dépeuplé. Il est également triste à l'idée de voir arriver des professeurs inconnus au bataillon. “Des étrangers, alors que la plupart ici ont plus de dix ans de carrière !” constate-t-il amer. Dans un lycée de Rouïba, hier matin, des enseignants qui venaient de recevoir leur avis de radiation ont quitté l'établissement sous les acclamations de leurs élèves. “Si les remplaçants viennent, nous les chasserons à coups de projectiles”, menace Wahid, le lycéen de Okba.
SAMIA LOKMANE
Echos d'un débrayage national
Annaba
Le directeur de l'éducation : “aucune arrestation n'a été effectuée !”
Malgré l'échéance de l'ultimatum de 48 heures, lancé par leur ministère de tutelle et le risque de se voir radiés de leur poste de travail, 412 enseignants du secondaire exerçant au niveau des établissements de la wilaya de annaba, observaient, hier, encore le mouvement de grève.
Ces irréductibles, qui se déclarent prêts à aller jusqu'au bout, ont mis dans une gêne certaine les responsables locaux du secteur qui ont préféré, en ce qui les concerne, laisser le plus de marge possible au dialogue avant de sévir. C'est du moins ce que nous avons appris de la bouche même du directeur de l'éducation de la wilaya de Annaba. M. Allam, qui semble chagriné par cette attitude, affirme qu'en ce qui le concerne, il aura épuisé toutes les voies de la concertation et que le taux de reprise qu'il estime à 70,38% des effectifs (979 sur les 1 391 professeurs dépendant de sa circonscription) reste insuffisant. car, déclare-t-il, il n'est de l'intérêt de personne et en particulier pas des élèves de lycées, de sévir à l'encontre d'un quelconque membre de la corporation.
Le directeur de l'éducation dénonce avec vigueur les auteurs de l'information faisant état de l'arrestation d'une vingtaine d'enseignants grévistes. “Une campagne de désinformation a été mise en branle par certains pour provoquer un sentiment de révolte chez les enseignants et les inciter à faire front contre leur tutelle”, déclare-t-il. “Nous démentons catégoriquement cela. Aucune plainte n'a été déposée contre qui que ce soit de nos collègues, pas plus qu'il n'y a eu de réquisition en ce sens par la wilaya !”.
Il n'en demeure pas moins que jusqu'à hier 15 heures, douze établissements du secondaire sur les vingt-neuf que compte la wilaya n'ont toujours pas rouvert leurs portes et que rien ne permet de dire pour l'heure si la situation est normalisée, bien que les listes des enseignants appelés à suppléer les gréviste soient fin prêtes.
A. ALLIA
Béjaïa
Les grévistes mis en demeure
Les enseignants du secondaire de la wilaya de Béjaïa, syndiqués au Cnapest et toujours en grève, ont été officiellement destinataires de mises en demeure de la part de la direction de l'éducation de Béjaïa.
Des mises en demeure destinées individuellement pour chaque PEST gréviste, que ces derniers ont refusé de réceptionner.
Les décisions, apprend-on, ont été acheminées par voie postale à chaque enseignant gréviste.
Par ailleurs, il y a lieu de signaler qu'une ponction sur salaire de trois jours a été opérée aux PEST grévistes.
La section CNES de Béjaïa a, de son côté, appelé à une journée de grève, le mercredi 03 décembre 2003, en guise de solidarité avec les enseignants grévistes, CLA et Cnapest.
L. OUBIRA
MARCHE DES LYCEENS CE JEUDI À SIDI-AICH
“Non au remplacement de nos enseignants”
Réunis en assemblée générale, hier, à 11h, au niveau du stade communal, les comités des quatre lycées que compte la ville de Sidi-Aïch dans la wilaya de Béjaïa ont décidé à l'unanimité d'une marche, pour jeudi prochain, à partir de 10h.
Au cours de cette réunion, les représentants des élèves du technicum, du lycée Taos-Amrouche, du lycée mixte, ainsi que le lycée Nouveau (Maâla) ont longuement débattu de la situation qui prévaut actuellement dans le secteur, avant de décider de recourir à la rue pour exiger disent-ils “la réintégration de leurs enseignants” et exprimer leur refus d'être “confiés à des vacataires” et pour dénoncer enfin le “pourrissement de la situation”. “Nous sommes solidaires avec nos enseignants qui revendiquent leurs droits légitimes. Nous n'accepterons jamais qu'ils soient radiés. Les pouvoirs publics doivent trouver une solution à cette crise”, nous a déclaré un membre de l'organisation de cette manifestation.
La marche s'ébranlera de la place Salhi-Redouane jusqu'au carrefour central de la ville.
A. HAMOUCHE
Chlef
229 professeurs menacés de radiation
Selon des sources de la direction de l'éducation de la wilaya de Chlef, 229 enseignants du secondaire sont menacés de suspension et de radiation.
Les mêmes sources ont également indiqué que ces mêmes enseignants exerçaient dans 6 lycées sur les 36 que compte la wilaya, et qui restent toujours fermés, notamment à Chlef et à Oued Sly.
“Quant aux autres professeurs à travers l'ensemble du territoire de la wilaya, ils ont tous rejoint leurs établissements respectifs”, précisera notre source. Par contre, certains enseignants grévistes rencontrés maintiennent toujours le mot d'ordre du Cnapest.
Ils semblent déterminés à aller jusqu'au bout, “quitte à se faire radier à vie. Jamais on achètera notre dignité et notre honneur avec des primes et des indemnités qui émanent des œuvres sociales... Il y a beaucoup à dire là-dessus !”.
AHMED CHENAOUI
Oran
Les lycéens contre les remplaçants
Des policiers en civil ont arrêté, hier, plusieurs enseignants dont deux femmes, et en même temps, les décisions de radiation ont été reçues par des centaines d'enseignants en grève.
Un collectif d'avocats bénévoles s'est constitué pour défendre les enseignants.
Le SG du bureau de wilaya du Cnapest à Oran qui participait au conseil national à Alger a appris par sa famille que le téléphone et l'électricité de son domicile avaient été coupés !
Les élèves, dont certains venus de plusieurs établissements, se sont regroupés sur l'esplanade face au lycée Lotfi durant la matinée d'hier.
“Nous ne voulons pas de remplaçants, ils n'ont aucune expérience ! Nous n'accepterons que nos profs, nous ne rentrerons en cours qu'avec eux, pourquoi les renvoyer après 20 ans d'expérience.
On dit que l'on est dans une république démocratique, ce sont des mensonges, la police a voulu nous empêcher de sortir et ils ont arrêté des femmes. Ils (el-houkouma, ndlr) veulent nous utiliser contre nos enseignants mais nous ne sommes plus des gamins, nous savons tout !”. Tels ont été les propos des lycéens que nous avons rencontrés.
À quelques mètres d'eux, des enseignants grévistes étaient sommés par des policiers presque aussi nombreux que les manifestants, de quitter les lieux et de se disperser.
L'esplanade située face au lycée Lotfi a été, durant toute la journée, le lieu de regroupement ; on y trouvait des enseignants en grève commentant le dernier communiqué de leur direction et les arrestations de leurs collègues.
Il y avait des parents d'élèves affolés par les rumeurs de manifestation que voulaient organiser les lycéens de différents établissements comme ceux de Sidi El-Houari, Seddikia, Les Palmiers, Lotfi.
Par ailleurs, nous avons appris que certains PES ayant repris leurs cours dimanche se sont fait huer par des élèves, au lycée Lotfi.
Des lycéens affirment que ceux qui ont repris le travail samedi sont à nouveau en grève, hier, puisqu'ils ne sont pas venus.
F. Boumediène


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