Le groupe Algérie Télécom (AT) prépare une nouvelle convention dont l'objectif est de donner une nouvelle dynamique à sa relation, souvent conflictuelle, avec les gérants des kiosques multiservices (KMS). Les premiers kiosques ont ouvert leurs portes en 1990. Leurs gérants ont rencontré la direction d'AT afin de discuter de leurs problèmes, pour la première fois samedi, soit vingt ans après ! C'est une première. Une trentaine de gérants de kiosques multiservices (Kms) implantés dans les communes de Ben Aknoun et de Bouzaréah ont rencontré les directeurs centraux et régionaux du groupe public Algérie Télécom (AT), avec lequel ils ont signé des conventions portant sur l'exploitation des lignes téléphoniques fixes. La rencontre a eu lieu samedi après-midi dans les locaux de l'agence commerciale (Actel) de Ben Aknoun sous l'initiative des directeurs des agences commerciales de Ben Aknoun et de Rostomia (Ex-Clairval). La rencontre a vu la participation du président directeur général d'AT, Moussa Benhamadi, et plusieurs directeurs centraux du groupe et des responsables de la direction territoriale d'Alger. Le regroupement a été aussi l'occasion d'évoquer la nouvelle baisse des tarifs décidée par l'opérateur historique, entrée en vigueur depuis le 1er février. Cassant les prix, AT propose des communications à 9 DA l'unité vers tous les réseaux des opérateurs de téléphonie mobile en Algérie, à partir de tous les Kms qui lui sont partenaires, soit une baisse de 40%. Sur l'objet de ce regroupement, Farid Oumahmoud, directeur de l'Actel Ben Aknoun, déclare dans son intervention préliminaire : «Il s'agit de donner une nouvelle dynamique à la relation entre Algérie Télécom et les Kms, une relation qui a connu quelques difficultés durant les dernières années.» Dans sa communication, M. Benhamadi reconnaît que cette relation était «difficile» auparavant parce qu'il n'y avait pas de communication entre les deux parties. Aussi, dans un message adressé à l'encadrement du groupe, il plaide «le changement de mentalités». Autrement dit, il n'est plus question de voir en les gérants des kiosques comme de simples exécutants de ce qui se décide par AT, mais des partenaires à part entière. «Nous devons les considérer à juste titre comme des partenaires pour que nos services réussissent», souhaite-t-il. M. Benhamadi rappelle à l'assistance que le groupe modifiait les tarifs de communication sans même aviser les gérants des kiosques ! «Ce n'est pas normal», estime-t-il. Le patron du groupe suggère aussi à son encadrement l'élargissement des activités des kiosques qui se limitent souvent à proposer un seul service (le téléphone). A ce propos, il fait part aux gérants des grandes difficultés que rencontre la direction commerciale du groupe à remettre, à temps, les factures aux abonnés. D'après lui, les kiosques pourraient avantageusement supplanter AT dans cette opération, dans le cadre d'un travail de proximité payant. Sur cette relation conflictuelle, un directeur central est allé plus loin dans sa déclaration. «On s'est mal comporté avec vous. On a agi quelquefois en policiers. Même la DCP n'aurait pas mieux fait. Je vous demande pardon au nom de l'entreprise. Maintenant on tourne la page», déclare-t-il. «Les problèmes des Kms sont plus graves qu'on le pense» Les gérants des kiosques invités à cette rencontre ne sont pas faits prier pour ouvrir un débat avec l'encadrement du groupe, après le départ de M. Benhamadi, sur les difficultés qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur activité. Le premier intervenant a aussitôt mis le doigt sur la plaie : «Les problèmes sont plus graves que ce que vous venez de citer. Nous assistons à l'effondrement de notre chiffre d'affaires qui menace notre activité.» L'utilisation massive du téléphone portable a porté préjudice aux Kms, comme partout dans le monde. Le même intervenant a soulevé la question des autorisations quant à l'élargissement de l'activité dont avait parlé M. Benhamadi. «Quelles sont les autres activités autorisées et est-ce que le centre des registres du commerce va donner son accord ?», s'est-il interrogé. Toujours dans le cadre de l'élargissement des activités, il a évoqué la possibilité de la vente des timbres qui se fait déjà dans certains taxiphones. Seulement, les gérants des kiosques n'ont droit à aucune marge bénéficiaire sur cette vente. Aussi, on s'est interrogé sur son utilité. D'autres intervenants ont surtout soulevé les problèmes des dérangements de lignes, leur piratage et le taux d'impôt (12%) jugé élevé. Dans leurs réponses, les directeurs d'AT ont d'abord fait état de l'élaboration en cours d'une nouvelle convention moins contraignante que la précédente. Le nouveau texte ne devrait pas imposer aux Kms de travailler exclusivement avec AT. S'agissant de l'élargissement d'activité, ils ont fait état d'une opération pilote, actuellement à l'essai dans les kiosques d'Alger-Centre, portant introduction du téléphone par voie IP. Suivant cette solution, les clients pourront téléphoner à l'international «à des tarifs très bas» dans les kiosques. Les Kms pourront aussi proposer le renouvellement des abonnements d'accès à l'ADSL qui se fait actuellement au niveau des Actel. Un projet est en préparation dans ce sens afin de renouveler les abonnements à l'aide de cartes à gratter à acquérir exclusivement dans les kiosques. Concernant le piratage de lignes, les gérants seront appelés à choisir eux-mêmes des mots de passe pour le verrouillage des lignes qu'ils exploitent.