La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, n'a pas mâché ses mots hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, pour répondre à Bouguerra Soltani, chef de file du MSP, «parti au pouvoir» de surcroît, qui l'accusait ouvertement d'anti-Islam, lorsqu'elle a soutenu l'idée de l'abolition de la peine de mort. Les hostilités ont été ouvertes par cheikh Bouamrane, du Haut conseil islamique (HCI), étayées par Bouguerra Soltani. Louisa Hanoune a pourtant déclaré à l'entame de sa conférence qu'elle n'allait pas répondre à certains, sur la question de la peine de mort, avouant n'avoir aucun problème avec Bouamrane, encore moins avec le Haut conseil islamique dont elle a loué le travail «sérieux» qu'il fait. Mais s'agissant de Bouguerra Soltani, elle dit ne pas pouvoir se taire, avouant pourtant que le débat sur la question n'est pas prioritaire au PT qui est, selon elle, ouvert au débat sur toutes les questions. «L'abolition de la peine de mort n'est pas prioritaire pour nous, du moment que la question est régie par un moratoire», argue-t-elle. Accusée «d'apostasie», Louisa Hanoune s'en défend : «La peine capitale est antérieure aux religions monothéistes», indique-t-elle, rappelant qu'en Turquie, où un parti islamiste est au pouvoir, la peine de mort a bien été abolie. Elle s'interroge par ailleurs sur «le fait qu'on veuille réduire le débat sur la question de la peine de mort à la charia», alors que dans d'autres Etats non islamiques, celle-ci existe toujours. Pour la conférencière, Soltani «s'aventure sur un terrain extrêmement dangereux». Elle rappelle dans ce sillage que le président de la République s'est exprimé sur la question en 2003. «Que Soltani ait alors le courage de s'attaquer au président de la République», avance-t-elle, tout en s'insurgeant sur certaines pratiques «religieuses», que le Conseil islamique a d'ailleurs dénoncées, explique l'oratrice, comme la lapidation et autres, flagellation, qu'elle qualifie d'actes barbares. " Nous sommes contre tout ce qui porte atteinte à l'intégrité physique des personnes», soutient-elle avant d'expliquer que le PT n'est indifférent à aucune question, «et la peine de mort en fait partie». La première dame du PT, visiblement irritée par ces différentes attaques, invite Soltani, qu'elle traite «d'étranger à la société», de descendre dans la rue pour constater l'aura dont jouit son parti. «Qu'il descende dans la rue et il verra quel est le parti qui avance et celui qui recule». «C'est lui en somme qui doit faire sa rédemption», ironise-t-elle, avant de prôner «un Etat séculier, garant de la démocratie». La porte-parole du PT s'est par ailleurs longuement exprimée sur la symbolique du 19 Mars, «début d'un souffle nouveau», gêné par le parti unique sous la coupe duquel «beaucoup de parasites sont apparus». Elle prônera également l'ouverture du champ audiovisuel, car «nous n'avons pas peur des débats», et se proposera d'être médiateur dans les conflits sociaux, notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation.