Etrange affaire que celle de la disparition d'un Israélien dans le Sud algérien. Comment cet individu est-il entré en Algérie et avec quel passeport ? Et que serait-il venu faire dans un pays qui n'entretient aucun type de relations avec Israël, qui plus est dans une zone soumise à autorisation particulière et où les services de sécurité sont omniprésents ? A toutes ces questions, il n'y a aucune réponse, sauf celle que l'individu en question jouirait de la double nationalité et qu'il aurait probablement utilisé un passeport européen pour se rendre à Hassi Messaoud, la ville d'où il aurait étrangement disparu. Un espion dans le désert ? La question laisse pantois, d'autant que la rumeur enfle sur son prétendu enlèvement par un groupe de terroristes affilié à Al Qaïda. Vendredi, en effet, le journal Asharq Al Awsat, basé à Londres, affirmait que l'homme a été enlevé par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Comprise autrement, l'information veut dire que la vigilance des services de sécurité algériens a été déjouée, pas celle des terroristes, apparemment au courant de tout déplacement d'étrangers dans notre pays. Le mystère s'épaissit avec l'annonce hier par plusieurs quotidiens israéliens que l'homme, disparu depuis plusieurs jours, a pris contact avec sa famille. Les journaux se sont basés sur une source proche de leur ministère des Affaires étrangères. Plusieurs autres journaux européens ont relayé cette nouvelle on ne peut plus énigmatique, certains ayant assuré que l'Israélien voyageait avec un passeport espagnol qui lui permettait de circuler «facilement» entre les pays d'Afrique du Nord et du Sahel. Et de signaler que l'israélien ne travaillait pour aucune compagnie étrangère. De fait, rapporte-t-on, aucune multinationale présente dans le sud du pays n'a fait état de disparition parmi ses employés. Pour sa part, le gouvernement espagnol n'a signalé aucune disparition de citoyen espagnol en Algérie. Aurait-il été arrêté par les services de sécurité algériens, comme le suggèrent quelques médias, à cause, disent-ils, des doutes qu'inspirait son passeport ? Serait-il détenteur d'un vrai-faux passeport, semblable à ceux qu'utilise le Mossad pour liquider physiquement les résistants palestiniens ? Là aussi, il est difficile de se prononcer, même si certains analystes lient cette mystérieuse affaire à la visite éclair de quelques heures effectué, jeudi, par le directeur adjoint du FBI à Alger. Le haut responsable de la police fédérale américaine serait venu à Alger, relèvent-ils encore, non pour discuter de coopération en matière de lutte antiterroriste, mais plutôt sous-traiter, pour le compte d'Israël, la libération de son ressortissant officiellement «disparu» en Algérie. L'affaire ne fait que commencer.