Les habitants de la cité des 30 logements de Tessala El Merdja et du bidonville de Oued El Kheroub, dans la région de Birtouta, sont en colère face à la distribution, «injuste» à leur goût, des nouveaux logements sociaux. Le relogement des familles du bidonville de Doudou Mokhtar de Hydra à Tessala El Merdja n'a fait qu'alimenter la colère des anciens habitants du lieu. Les quelques «timides» rassemblements de ces habitants, ces trois derniers jours au niveau de l'OPGI et de l'APC, n'ont pas fait apparemment bouger les choses. En effet, les anciens sinistrés des inondations de Bab El Oued transférés à la cité des 30 logements de Tessala El Merdja dans la commune de Birtouta ne semblent pas contents des habitations «précaires» qu'ils occupent depuis le drame d'un certain 10 novembre 2001. Les demandes de recours de ces familles nombreuses ne semblent pas attirer le regard des responsables, alors que la plupart habitent depuis 10 ans des taudis d'une ou deux pièces. Une visite guidée par l'une des habitantes de la cité, Rachida Mokader, a laissé percevoir la colère des citoyens frustrés de voir des immeubles de «haut standing» pousser à quelques mètres de chez eux. «Nous sommes contents que des citoyens profitent de logements sociaux, ce sont probablement des gens nécessiteux, mais il ne faut pas oublier les sinistrés de Bab El Oued qui ont été éjectés à Tessala El Merdja», s'est exprimée, non sans amertume, cette jeune mère de trois enfants qui vient du quartier Rachid Kouachi de Bab El Oued. «Mon aîné a plus de 24 ans et il se trouve obligé de passer la nuit chez de la famille, faute de place», s'est-elle plainte, précisant que nombreux sont ses voisins qui optent pour cette solution. C'est le cas de sa voisine Rania Ben El Hadj qui a dû laisser sa fille chez sa tante. Ces deux mères de famille nous font visiter leur «pseudo F2», où la cuisine ne peut contenir plus de deux personnes à la fois, sans parler des petites pièces qui servent de séjour. Une famille de neuf enfants dans une pièce Cependant, ces deux femmes sont mieux loties que d'autres. En effet, une famille de 11 personnes habite dans une pièce qui sert à la fois de cuisine et de séjour. Inutile de dire que la salle de bain n'existe pas dans ces habitations. Ali Damine, le père, nous présente ses neuf enfants âgés de 23 à 36 ans, se plaignant de vivre ainsi et dénonçant l'injustice qui règne dans le milieu administratif. «Qu'on nous oriente vers un bureau qui s'occupe de notre transfert vers d'autres habitations plus décentes», dit-il, d'autant plus qu'il était question d'un relogement provisoire en 2001, selon ce témoin. Saleh Belkacem, son voisin qui vit dans les mêmes conditions, appelle son logement «un F zéro». «C'est ridicule de l'appeler F1, car il n'y a aucun mur de séparation», a-t-il fait remarquer, précisant que l'habitation était une pièce de séjour de l'appartement d'à côté. De quoi générer des problèmes familiaux des plus aigus. En résume, certaines familles se sont trouvées contraintes d'accaparer des appartements vides après les inondations de Bab El Oued. C'est le cas de Zohra Benghazel, une mère de quatre jeunes filles, qui a quitté un F4 à Aïn Naâdja qu'elle partageait avec ses trois beaux- frères, dont chacun avait une marmaille. «Je vis dans l'insécurité, car je suis sûre que tôt ou tard, on me fera sortir de cette baraque», nous confie cette jeune femme, enchaînant que bien qu'elle ait pu avoir gain de cause contre l'UGTA, cette dernière ne lâchera pas prise et finira par la faire expulser. De nombreuses familles se sentent lésées et marginalisées. Nous nous en sommes tenus là afin de poursuivre notre visite vers le bidonville de Tessala El Merdja. «Où sont les 120 logements promis ?» Ce sont là les propos d'une jeune fille qui habite le bidonville de Oued El Kheroub et qui nous a fait visiter les lieux. «Nous ne savons pas où sont passés les 120 logements que nous a promis la commune et qui auraient pu être inclus dans la nouvelle cité», nous dira-t- elle. Avocate, elle habite avec ses parents, ses frères et sœurs, ainsi qu'avec ses deux oncles qui ont également des enfants. En bref, trois familles d'une quinzaine de personnes dans un gourbi de trois pièces. Un gourbi en piteux état, comme celui d'ailleurs des autres 100 baraques du bidonville. Habitant pour la plupart depuis une quinzaine d'années dans ce site, ces familles ont espéré se voir un jour dans la belle cité qu'elles voyaient pousser il y a à peine une année et demi de cela. «Toutes nos demandes de relogement sont restées vaines. Et aujourd'hui, nous assistons au «débarquement» d'étrangers dans cette belle cité. Grand bien leur fasse, mais on voudrait qu'on pense à nous aussi», s'empressent de nous dire Hamzi Touifi, Ahmed Mimergzine et beaucoup d'autres pères de familles.