C'est ce matin que le tribunal correctionnel de Annaba devrait rendre son verdict dans l'affaire dite du thon rouge. Une affaire qui remonte au mois de juin 2009 et qui a focalisé l'attention de l'opinion publique. Ainsi, les 9 prévenus, 2 hauts cadres du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, 2 armateurs algériens et 5 armateurs turcs accusés d'abus d'autorité, pêche illicite, violation des lois et réglementations, complicité au délit de contrebande et indus avantages devraient connaître enfin la décision finale des juges après les différents reports et ajournements qui ont caractérisé ce procès depuis son ouverture en novembre de l'année dernière. Lors de l'audience du tribunal du 24 mars, le procureur avait requis des peines de prison ferme de 8 et 6 ans respectivement à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) et 5 ans contre les armateurs turcs et algériens. Des peines assorties pour ces derniers d'une amende équivalant à dix fois le montant de la capture de thon et la saisie des embarcations et du matériel utilisé dans le cadre de cette opération de pêche illicite de thon rouge qui a entaché la saison 2009. Des réquisitions très lourdes pour chacun des prévenus, et il est très difficile de faire un quelconque pronostic sur l'issue du procès, tant il réside encore des ambiguïtés sur l'organisation des saisons de pêche du thon rouge en Algérie. A l'issue des débats, on apprendra que lesdites saisons, qui sont organisées d'une manière générale par la Commission internationale pour la conservation des thonidés (ICCAT), ne seraient en effet pas menées de manière franche en ce qui se rapporte à la répartition des quotas alloués aux armateurs algériens, surtout s'agissant de la part en national des quantités déterminées. Le tribunal s'est en tout cas appliqué à démontrer les lacunes liées à l'application stricte de la réglementation en vigueur, précisant que la pêche au thon est pourtant régie par des lois internationales, s'agissant d'une ressource halieutique universelle et une espèce protégée. Les avocats de la défense n'auront pas pu convaincre de l'innocence des armateurs algériens et turcs en ce qui les concerne. Autant le juge que le représentant du ministère public se sont montrés certains de la connivence de ceux-ci dans la tentative de blanchiment des 210 tonnes de thon. Les gardes-côtes ont affirmé qu'ils avaient mis la main sur le produit d'une pêche pirate que tentait de couvrir l'armateur algérien propriétaire du palangrier Djazair 2, en compagnie du Chahid Hasni. Selon ce rapport, ni l'une ni l'autre des embarcations n'est capable d'une capture de cette importance, en réalité, n'ayant ni les filets ni les moyens de levage propres à ce genre d'activité.