Le ministre de l'Education nationale a affirmé jeudi que les cours de rattrapage se déroulent normalement, «dans le respect des normes», avançant même un taux de 70% de cours rattrapés (7 jours sur 10 déjà rattrapés, selon lui). Les syndicats autonomes qui ont, rappelons-le, débrayé à deux reprises au cours de l'année scolaire en cours, qualifient le discours du ministre de «tromperie», affirmant que le rattrapage a bel et bien été boycotté par la quasi-totalité des enseignants. «La réalité et tout autre», juge d'emblée Messaoud Boudiba, chargé de la communication au Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), affirmant que sur les trois semaines de débrayage de 2009, seulement une semaine et demi ont été rattrapées. «Ce dont parle Benbouzid, ce sont plutôt des cours de soutien», ajoute notre interlocuteur qui soutient mordicus que le rattrapage n'a pas eu lieu. «Le discours de Benbouzid est destiné à tromper l'opinion publique», estime-t-il, affirmant que «tant qu'il y a retenue sur salaire, il n'y aura pas de rattrapage». Mohamed Salem Sadali du Satef va plus loin : «Je défie le ministre de donner des chiffres», dit-il, soupçonnant les «fausses déclarations de Benbouzid de vouloir couvrir le désastre de l'école algérienne». M. Sadali affirme lui aussi que «les cours perdus en novembre ne sont pas encore rattrapés», avant de s'interroger : «Comment se fait-il que M. Benbouzid rassure que les cours seront rattrapés alors que de l'autre côté, il affirme que les examens ne porteront que sur les cours enseignés.» Une contradiction, selon lui, qui prouve qu'il y a un énorme retard dans la réalisation des programmes scolaires. «Sur le terrain, ça va très mal», dit-il, accusant le ministre de «colmatage». Même topo chez Achour Idir, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) pour qui il est impossible de rattraper les cours perdus. «Quel que soit le rythme de ces cours dont parle le ministre, on ne saurait dépasser un taux de 60%», affirme-t-il, assurant que «les cours de rattrapage ne sont pas en train de s'effectuer». Le CLA table dans ce sens sur une stratégie de récupération qui s'étalera sur 3 à 4 ans. «Il est inutile d'essayer de rattraper les cours dans la précipitation pour se retrouver l'année d'après dans les mêmes problèmes», argue M. Idir pour qui «il est temps de répondre aux revendications des syndicats y compris celles pédagogiques avec notamment l'allègement des programmes». Interrogés par ailleurs sur la revalorisation des salaires des corps communs de l'éducation, annoncée imminente par Benbouzid, nos interlocuteurs considèrent «tout à fait normal» que ce corps, à l'instar d'autres corps de la Fonction publique, bénéficie d'un salaire digne. M. Sadali dira cependant qu'il faut d'abord attendre le régime indemnitaire pour pouvoir juger. «Le problème c'est le contenu du régime indemnitaire», avance-t-il soutenant que les augmentations pour les enseignants n'ont pas dépassé 2000 DA. Alors que Achour Idir préconise l'intégration des corps communs dans le statut de l'éducation, M. Boudiba affirme qu'«il faut revaloriser ce corps», avant d'exhorter aussi la tutelle à reconsidérer le corps des médecins scolaires, lésés à ses yeux.