Selon le quotidien malien l'Aurore, des centaines de soldats des forces armées mauritaniennes équipés d'armes lourdes, à bord d'une quarantaine de véhicules de combat, ont pris position à la frontière malienne depuis l'incident consécutif à la libération de l'otage français Pierre Camatte. Ce mouvement de troupes, s'inquiète le quotidien francophone malien, serait l'exacte répétition du scénario de l'insurrection touareg des années 1990. Avec la bénédiction du pouvoir mauritanien de l'époque, cette dernière s'était servie de la région de Bassikounou comme base arrière pour mener des attaques particulièrement meurtrières contre les troupes maliennes. Citant une source militaire malienne, l'Aurore fait état de la présence de tout un bataillon mauritanien qui aurait été mobilisé à la frontière entre les deux pays, dans la commune mauritanienne de Bassikounou, zone de passage obligée des transporteurs de deux pays et par où opèrent aussi les trafiquants de drogue et d'armes. Les autorités maliennes déplorent que leurs ressortissants en direction de la Mauritanie, les commerçants notamment, soient soumis à toutes sortes de tracasseries et de vexations, «voire d'interpellations abusives car assimilés à de présumés terroristes», ajoute le journal qui sous-entend que Nouakchott fomenterait, par Touaregs interposés, de nouveaux troubles à l'intérieur du territoire malien. Du côté mauritanien, on ne fait pas secret de la présence d'unités de l'armée dans cette zone à risques, là où eurent lieu, notamment, les enlèvements de touristes et humanitaires européens. Après la libération des terroristes d'Al Qaïda détenus au Mali en échange de celle de l'agent français Pierre Camatte, la Mauritanie a décidé de renforcer les contrôles le long des ses frontières à l'est et au sud. Nouakchott a procédé également à la mobilisation de troupes militaires le long de ses frontières, et ce, pour faire face à la menace des groupes terroristes surarmés de l'Aqmi qui revendiquent la libération de tous leurs éléments emprisonnés en Mauritanie. Mais le déploiement de troupes à ses frontières est mal perçu par les voisins immédiats de Mauritanie. Le Sénégal et le Mali s'inquiètent surtout de la détérioration des échanges commerciaux avec Nouakchott suite à la fermeture de plusieurs points de passage vers le territoire mauritanien.