Au lendemain de son indépendance, l'Algérie s'est vue rapidement confrontée à d'innombrables problèmes dont certains se devaient d'être résolus dans l'urgence, à l'exemple de la rentrée scolaire 1962-1963 qu'il fallait assurer à l'automne 1962, soit deux mois après la proclamation de l'indépendance. 50 ans après cette laborieuse rentrée des classes, où il a fallu recruter à tour de bras des enseignants volontaires parmi le peu de lettrés algériens, la situation de l'enseignement a changé de façon radicale. Aujourd'hui, ce sont plus de 8 millions d'écoliers, lycéens et étudiants algériens qui fréquentent les milliers d'établissements scolaires, universités et centres de formation professionnelle disséminés à travers le territoire national. Cet exemple illustre, à lui seul, le formidable bond en avant réalisé par l'Algérie. Et pas seulement dans le domaine de l'éducation, puisque dans tous les secteurs, la métamorphose est telle qu'il est difficile de reconnaître l'Algérie d'aujourd'hui de celle des années où elle était sous tutelle coloniale. De fait, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, c'est une seconde Algérie qui a été construite. Des milliers de kilomètres de routes et d'autoroutes, des dizaines de ports et aéroports, des millions de logements, des villes nouvelles, des milliers de kilomètres de câbles électriques, autant de canalisations transportant le gaz naturel, et nombre de zones industrielles essaiment le paysage de l'Algérie actuelle. L'esprit de Novembre Dès les premières années de l'indépendance, l'Etat s'est lancé dans la réalisation d'un gigantesque programme de développement pour faire du pays une véritable puissance économique régionale. En application des orientations contenues dans les textes fondateurs de l'Etat algérien, dont la déclaration de novembre 1954, la plateforme de la Soummam et les chartes de Tripoli et Alger, les premiers plans de développement seront lancés à l'effet de faire pénétrer le progrès dans toutes les régions sans exclusion. La politique d'équilibre régional verra, en même temps que le lancement du premier plan triennal (1967-1969), l'adoption de plans spéciaux pour la promotion de plusieurs wilayas. Tizi Ouzou, El Asnam (Chlef aujourd'hui) et les Oasis seront, entre autres, les bénéficiaires de projets multisectoriels dont on ressent, à ce jour, les répercussions positives sur la vie de la population. Cette avancée a été réalisée grâce à l'appropriation par l'Etat des principaux leviers de commande de l'économie nationale, essentiellement à travers la nationalisation des banques, des mines et, plus tard, du secteur des hydrocarbures. Grâce à la manne pétrolière, les plans quadriennaux s'enchaînent, entrainant dans leur sillage la naissance d'une véritable base industrielle. Le souci permanent des gouvernants était de rattraper l'énorme retard économique, social et culturel qu'a connu le pays et propulser l'Algérie au rang des nations modernes. Malgré les erreurs, le miracle Mais l'immensité du pays n'a pas été sans causer quelques sérieux problèmes. Il fallait que toutes les régions et celles de l'intérieur notamment (certaines ont la taille de grands pays européens) aient accès aux bienfaits du progrès et du développement. Ainsi a été lancée la grande aventure de la Transsaharienne qui a mobilisé des générations de jeunes appelés qui ont relégué la piste du grand sud au souvenir, car, depuis les années soixante dix, on peut rallier la lointaine Tamanrasset à partir de n'importe quelle ville du nord. Ainsi a été programmée la réalisation de centaines de villages agricoles et de millions de logements. Un nombre important de petites industries a vu le jour dans des régions qui vivaient les conditions du Moyen-âge. Des universités, aujourd'hui reconnues mondialement, ont pris corps dans de nombreuses wilayas de l'intérieur. Des villes industrielles ont pris naissance dans les hautes plaines. Et la liste est longue des réalisations de l'Algérie indépendante ; les plus récentes étant la construction de l'autoroute est-ouest, le transfert d'eau de In Salah à Tamanrasset, l'extension du réseau de voies ferrées et la modernisation des systèmes de transport dans les grandes villes du nord et du sud. En moins de 50 ans et en dépit des erreurs, des tâtonnements et surtout de la triste période de terreur et de sabotage que le pays a connu les 20 dernières années, force est de reconnaître que l'Algérie a réussi à accomplir des miracles en un demi-siècle seulement. 50 ans, c'est peut-être beaucoup à l'échelle de l'individu, c'est une minuscule parenthèse dans la vie d'une nation.