C'est à l'initiative de l'association culturelle Amgud de Draâ El Mizan qu'une rencontre avec les enseignants de tamazight exerçant dans les wilayas du centre du pays (Bouira, Tizi Ouzou et Boumerdès) vient d'être organisée à la maison de jeunes Mansouri Arezki. Cette rencontre se veut une occasion et un rendez-vous pour tisser des liens entre les enseignants et échanger des points de vue concernant les problèmes qu'ils rencontrent et les perspectives pour aller de l'avant dans l'épanouissement de cette langue. Notons que les enseignants ont débattu durant plus de deux heures des sujets variés concernant l'enseignement de la langue amazighe dans les établissements scolaires en Algérie. Selon certains enseignants, tamazight n'a pas eu à ce jour la place qu'elle mérite dans le système éducatif algérien. «Comment se fait-il que les enseignants de langue amazighe ne bénéficient pas de stages de perfectionnement et que l'enseignement de cette langue n'est pas généralisé à ce jour dans les établissements scolaires ? A Bouira, des élèves ont été destinataires de convocations dans lesquelles ils sont appelés à boycotter les cours de tamazight. J'ai averti le directeur de cette école quant à la gravité de cette affaire. Ces agissements irresponsables ont été imputés à l'association des parents d'élèves !», dira avec consternation un enseignant exerçant à Bouira, avant d'ajouter : «On demande à ce que les enseignants de tamazight soient classés en catégorie 11 et non à la 10. Certains enseignants ont plus de quinze années d'expérience, mais continuent de jouir d'un statut minable d'OP (ouvrier professionnel).» Une enseignante exerçant au CEM Harchaoui dira pour sa part : «Avant de décrocher un poste de travail à Draâ El Mizan, j'ai été affectée au CEM Ferrouane à Tizi Ouzou. Le directeur de ce CEM m'a pris dans son sale jeu en me signifiant de revenir à chaque fois pour commencer le travail le lendemain. Il a nié ce qu'il m'a dit devant le responsable de la DE. L'enseignant de langue amazighe bute sur un ensemble de problèmes que nous devrions solutionner auprès des administrations publiques en unissant nos efforts.» Selon les enseignants, les entraves qui freinent l'épanouissement de la langue amazighe sont multiples, les décrets existent, mais leur application au niveau des écoles sont un secret de Polichinelle. Dans une plate-forme de revendications rédigée le 24 mars 2010 par les enseignants réunis, avant-hier, et dont nous détenons une copie, ils demandent à ce que la langue amazighe soit considérée comme les autres matières enseignées dans les différents paliers de l'enseignement. Ils réclament aussi la promotion des enseignants à un statut convenable et éliminer la formule OP (ouvrier professionnel pour les enseignants), de revoir le coefficient qui doit être 3 pour les classes d'examen (bac et BEM), l'intégration de tamazight dans l'examen de l'enseignement primaire et enfin revoir le contenu du livre scolaire. Rappelons qu'un collectif d'enseignants de langue amazighe a déposé vers la fin du mois de mars dernier une plate-forme de revendications auprès du conseiller du ministre de l'Education nationale. Les revendications ont été approuvées mais sans plus, avons-nous appris. Il faut dire que plus de 1200 enseignants de tamazight au niveau national continuent de lutter pour un cadre socioprofessionnel digne et aspirent à obtenir un statut d'enseignant à part entière.