Les enseignants de la langue tamazight des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès se sont réunis à Draâ El Mizan pour dresser le bilan de l'introduction de cette langue dans le système éducatif national. Dans le cadre des festivités du trentième anniversaire du Printemps berbère, l'association culturelle Amgud de Draâ El Mizan a organisé hier à la maison des jeunes, une rencontre sur l'enseignement de tamazight à travers le territoire national. Des enseignants de trois wilayas, à savoir Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès ont été invités pour justement débattre de la question et de cerner les difficultés auxquels sont confrontés ces derniers. M. Larbi, le président de l'association organisatrice a commencé par reprendre les causes qui ont donné naissance aux événements du Printemps berbère d'avril 1980. Comme il n'a pas omis de signaler l'important rôle qu'a joué le MCB dans cette lutte pour la reconnaissance de l'identité amazighe, l'ouverture démocratique et l'introduction de tamazight dans le système éducatif national en 1995, après la grève du cartable. M. Larbi terminera par poser la thématique du jour : « Depuis 1995, tamazight est enseignée dans certaines écoles de certaines wilayas berbérophones. Quinze ans après, peut-on dire que son enseignement est une réussite ? L'Etat algérien a-t-il mis tous les moyens pour garantir le succès de l'opération ? L'enseignant de tamazight jouit-il des mêmes droits que ses collègues enseignants d'autres matières ? » Les différents intervenants se sont accordés à répondre par la négative. A l'image de cet enseignant de Boumerdès qui affirmera : « L'enseignement de notre langue a fait un pas en avant et deux pas en arrière. Au tout début, son apprentissage se faisait dans 16 wilayas, aujourd'hui il ne se fait que dans 11 wilayas pour être exact. L'enseignant de tamazight n'a aucun statut. On continue de nous qualifier d'ouvriers professionnels chargés de l'enseignement de tamazight. Nous ne bénéficions d'aucune formation officielle régulière et d'aucune promotion à l'instar de nos collègues éducateurs. » Un autre enseignant de Bouira enchaînera : « L'Etat algérien ne veut pas entendre parler de tamazight. Elle n'existe que par la volonté de ses enfants sinon comment expliquer son absence à l'examen de 5e AP et comment expliquer sa transcription qui se fait en trois caractères selon les régions ? Son coefficient est insignifiant par rapport à celui de la langue arabe.Tout porte à croire qu'il n'y a pas une volonté réelle de la part du pouvoir en place à donner à cette langue le rang qu'elle mérite. » Les différents intervenants n'ont pas oublié de révéler aux présents les multiples démarches initiées auprès des plus hautes autorités du pays afin de régulariser leur situation et de consolider l'enseignement de tamazight. Une plate-forme de revendications de six points, est soulevée par ces enseignants : l'annulation de la catégorie OP3, la classification des enseignants à la catégorie 11, relever le coefficient de leur matière, l'intégration de la langue amazighe à l'examen de 5e AP, la formation continue et la généralisation de l'enseignement de tamazight. Ces enseignants comptent passer à des actions plus radicales si leurs préoccupations ne sont pas prises en charge. On parle déjà de grève de la faim et l'idée fait son bout de chemin dans les esprits des professeurs de tamazight qui se sentent lésés dans leurs droits. Il est également à signaler que d'autres activités sont prévues dans la localité de Draâ El Mizan le long de toute la semaine allant du 15 au 20 avril en cours. L'APC et les associations culturelles (Amgud, Thaneflit et Thagmats Thadelssant N'Mâamar) travailleront en collaboration pour faire de ce trentième anniversaire du Printemps berbère une réussite totale et remettre le train sur rails.