Une Française en niqab a été verbalisée il y a une vingtaine de jours dans la région de Nantes. L'affaire aurait dû en rester là si elle ne constituait pas une première dans les motifs de répression des infractions au code de la route. Du coup, son cas a été surmédiatisé , et cela a mis la puce à l'oreille des services du ministère de l'Intérieur qui ont «pioché» dans le dossier de la bonne femme pour découvrir qu'elle était une «drôle de dame» puisqu'elle était la concubine d'un homme de trente-cinq ans, d'origine algérienne, ayant acquis la nationalité française depuis seulement une quinzaine d'années. Et ce n'est pas tout, puisque le bonhomme cumulait les concubines jusqu'à en compter quatre, avec qui il a eu une douzaine d'enfants. Ce n'est légalement pas interdit d'avoir plusieurs concubines. Le problème est qu'il est interdit de cumuler les avantages sociaux que permet ce statut, et qui sont à peu près du même niveau que ceux dont bénéficient les couples dans une relation de mariage. Mais la différence est tout de même assez nette entre le concubinage avec quatre femmes et la polygamie pour tempérer les ardeurs du ministre de l'Intérieur, Brice Horetefeu, qui a un peu trop vite cru qu'il pouvait engager la procédure de retrait de la nationalité à l'homme en question. Et d'avoir à portée de main un cas exemplaire à brandir dans le soutien à la loi sur l'interdiction du voile intégral en préparation. C'est du moins ce que disent ses adversaires de gauche qui veulent bien le rejoindre sur la question, tout en allant chercher une petite nuance pour ne pas donner l'impression de vendre leur âme au diable. La voilà donc, la petite nuance : on veut bien interdire la burqa, mais il ne faut pas «instrumentaliser à des fins politiques» un cas isolé et apparemment connu depuis des mois mais gardé au chaud jusqu'au jour où il aura des dividendes maximaux. «Au moment où on veut débattre de (l'interdiction du port du voile intégral) dans la sérénité, j'ai l'impression qu'on est dans l'instrumentalisation», a dit le président du groupe socialiste et maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault. La secrétaire nationale du Parti communiste français n'a pas fait d'effort pour s'éloigner de la langue de bois : «Je vois les choses venir, on va multiplier les incidents par rapport à ces femmes et on va voir se réjouir des gens qui vont pousser le feu de l'intégrisme et de la radicalité (...) L'utilisation politicienne de tout cela peut nous mener très loin.» L'UMP, par la voix de son porte-parole Frédéric Lefebvre, a bien entendu salué la démarche du ministre de l'Intérieur. Le voile intégral sera vraisemblablement interdit. Le cumulard de concubines pourra peut-être garder sa nationalité. En disant adieu à sa tournée des grands ducs pour ramasser les allocations familiales. La majorité présidentielle, les socialistes et les communistes verront ce qu'ils peuvent bien tirer de cette affaire. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir