Le paysage urbain prend peu à peu un nouvel aspect avec l'édification d'Alger Médina. Une ville est en voie d'être érigée sur la façade maritime, à côté de l'hôtel Hilton, à Mohammadia. Le projet Alger Médina a démarré il y a deux ans et demi avant de se concrétiser par la construction d'une tour d'affaires, Algeria Business Center, considérée par le groupe Dahli comme étant «la première pierre» de ce qui «va devenir le futur Business district d'Alger». Dans cet entretien, Abdelouahab Rahim, président du groupe privé algérien Arcofina, parle de l'évolution du projet et se dit prêt à investir dans des infrastructures semblables dans d'autres wilayas du pays. Où en est le projet Alger Médina ? Le projet avance à un rythme soutenable. Une partie sera livrée cette année (2010). La livraison du projet se fera module par module. Cette année, le centre commercial d'une superficie de 16 200 m2 sera livré. Il est le premier dans le continent africain baptisé Ardis Center, doté d'un parking d'une capacité de contenance de 4000 voitures et des espaces verts de plus de 30 000 m2 comptant plus de 1000 oliviers âgés de plus de deux siècles. Cette même année verra la réception de l'aquaparc Baba Arroudj de 10 000 m2. Il sera doté de moyens et d'équipements des plus modernes pour accueillir 5000 personnes par jour. A partir de 2011, nous allons procéder à la livraison des tours flat hôtels de 24 niveaux, ainsi qu'à l'exploitation d'un port de plaisance baptisé Marina, baie d'Alger qui accueillera des bateaux de croisière sur 50 000 m2. Alger Médina une fois réceptionnée sera une destination à la fois touristique et de travail, mais aussi une destination commerciale. C'est un véritable quartier d'affaires qui sera érigé sur la baie d'Alger. Nous avons voulu créer un endroit de détente pour les algériens, doté de toutes les prestations nécessaires qu'on trouve sur place sans être obligé de se déplacer. En Algérie, il n'existe pas d'hôtels pouvant accueillir des familles nombreuses. Les appartements qui seront réalisés répondront justement à cette demande. Nos clients peuvent donc louer des appartements entièrement équipés et recevoir leurs proches. Certains parlent d'un retard en matière de livraison à cause de procédures administratives. Où se situent exactement les lenteurs ? Vous avez évoqué les lenteurs administratives. Effectivement des projets tels que Alger Médina, constitués d'un ensemble de petits projets intégrés, sont toujours confrontés à des retards liés aux procédures administratives. Et cela existe de par le monde, mais ce qu'il faut retenir, c'est que les choses avancent pour nous. Les projets seront livrés dans les délais impartis. Les investisseurs rencontrent très souvent des difficultés, mais nous essayons de nous y adapter. Les appartements hôtels prévus dans le cadre du projet seront-ils cédés à des particuliers et des entreprises ? Les magasins qui seront également aménagés au niveau du centre commercial seront-ils également vendus ou loués ? Avez-vous opté pour une quelconque forme d'attribution, notamment pour les enseignes étrangères ? L'ensemble des appartements qui seront réalisés sera loué à des particuliers, notamment à des familles et des entreprises. On propose de livrer le service, mais c'est au client d'opter pour ce qui lui convient. Certains préfèrent être servis, alors que d'autres choisissent de s'occuper d'eux-mêmes. On sera flexible sur le plan restauration, blanchisserie… Les appartements sont d'une superficie de 70 à 150 m2. Les magasins aménagés au niveau du centre commercial seront aussi loués. Nos produits ne sont pas destinés à la vente afin que nous puissions réinvestir les gains. Nous avons opté pour une location à long terme afin que les bénéficiaires puissent effectuer des aménagements. Les enseignes étrangères déjà présentes en Algérie seront présentes au niveau du centre. Pour l'attribution, nous allons faire une prospection, mais pratiquement la majorité des magasins sont déjà loués. Au total, nous disposons de 60 locaux. Nous veillons à ce qu'ils répondent aux besoins de notre clientèle. Des points financiers, pressing, serrurier, opticien, magasins de vêtements, restaurants de différentes gastronomies… devront être disponibles sur place.
Les prix qui seront proposés à la clientèle répondent-ils au pouvoir d'achat des Algériens ? Nous travaillons avec des algériens. Nous prenons donc connaissance de leur pouvoir d'achat. Nous leur proposons des tarifs abordables. Alger Médina sera une bouffée d'oxygène pour les Algérois en quête d'espaces de shopping, de détente et de loisirs. C'est aussi un endroit où des Algériens venus de l'intérieur peuvent séjourner, de même que les étrangers. Notre objectif reste celui de satisfaire tout d'abord les algériens. Qui se chargera de la gestion d'Alger Médina ? Allez-vous faire appel à des étrangers ? Le personnel qui sera recruté sera-t-il à 100% algérien ? Nous même allons gérer les différentes infrastructures. Nous avons nos différents départements au sein du groupe, chacun s'occupera d'un volet précis. Inévitablement, le personnel qui sera recruté sera constitué d'algériens. Justement, nous avons commencé avec le recrutement de 1000 personnes qui seront formées selon nos besoins. Construire, c'est un défi, mais gérer, c'est un autre grand défi qu'il faudrait relever avec succès et abnégation. En termes de création d'emplois, quels sont vos engagements ? Le projet va engendrer 5000 emplois, soit 20 000 familles qui seront directement concernées. D'ailleurs, dans le cadre de la première livraison du projet (centre commercial), nous venons de signer un contrat de recrutement avec l'Anem pour le recrutement de 1000 jeunes diplômés. Ces jeunes seront non seulement employés mais formés par le groupe dans divers domaines. Au fur et à mesure que nous allons livrer les modules, nous procéderons au recrutement. Des techniciens, des ingénieurs, des plombiers, des agents de maintenance, des vendeurs… seront recrutés. Est-ce que vous avez commencé à donner les dividendes aux souscripteurs qui ont participé à l'emprunt obligataire ? Est-ce que le montant levé à travers l'emprunt obligataire que vous avez lancé en janvier 2009 a répondu à vos objectifs ? Envisagez-vous de faire appel à des banques ? Oui, totalement. Les premiers dividendes ont été servis au moment prévu. Le montant levé par l'emprunt obligataire répond bien entendu à nos objectifs. Et de toutes les manières, nous procédons par étape. L'emprunt obligataire nous a permis d'avoir 30% de ce que nous avons espéré, à savoir 2 milliards de dinars. Le reste du montant de l'investissement sera financé par le groupe. Il est clair pour nous que nous réinvestissons la moindre somme gagnée. Le recours au crédit bancaire n'est pas à écarter, mais cela dépendra du marché. Est-ce que le groupe Arcofina envisage de réaliser d'autres projets, notamment dans le secteur du tourisme ou de l'immobilier ? Pour l'instant, notre plan de charge est fixé sur le projet Alger Médina. Mais, une fois que nous aurons concrétisé le projet, nous pourrons aller de l'avant pour réaliser des projets semblables dans d'autres wilayas du pays. Si nous avons les capacités humaines, nous lanceront d'autres projets semblables. Que pensez-vous du secteur du tourisme ? L'industrie du tourisme à travers le monde est l'une des toutes premières industries. Notre pays recèle des potentialités importantes qui doivent être développées. Le secteur n'est pas caractérisé par des insuffisances, mais par manque de développement. Le développement et l'innovation doivent se faire continuellement afin d'arriver à la perfection. Le tourisme ne se limite pas à un hôtel, c'est toute une chaîne. Quel est votre avis sur le climat de l'investissement en Algérie ? Que pensez-vous des modifications apportées au dispositif d'investissement et d'importation ? Pour moi, je pense que le climat des affaires en Algérie est favorable. Pour nous, les algériens, le climat est adéquat. Les fondamentaux, les clients, le marché et les possibilités existent et sont à notre portée. Objectivement, il faut se rendre à l'évidence, un pays ne pas construire éternellement son économie sur la base des importations. Un pays se base sur les importations pour une période donnée, mais à un certain moment, il faut arriver à créer une économie créatrice de richesse et d'emplois. Entretien réalisé