C'est une bâtisse qui a vu pousser ses premiers piliers il y a de cela 20 ans, et c'est à petits pas que le projet a avancé. Le manque de fonds et de vision a fait que ce bâtiment immense est devenu pendant des années un lieu de débauche. Les citoyens des quartiers avoisinants ont fait de ce corps sans âme un lieu de rencontre pour s'adonner à la consommation d'alcool et de drogue. Le bâtiment Ghazi Belhefaf ou Titanic, comme l'appellent les citoyens de la capitale a même connu des rixes et des meurtres qui ont fait couler beaucoup de sang. En référence au Titanic, bateau anglais qui avait coulé dans les eaux océaniques en 1912, après avoir tenté une traversée vers le continent de l'oncle Sam, le Titanic algérien a coulé avant même son inauguration. Mieux, avant même l'achèvement des travaux. La raison est d'ordre financier, selon certains responsables de la localité de Sidi M'Hamed, sachant que le projet appartient à la wilaya d'Alger. Actuellement, le bâtiment a été récupéré par le ministère des Finances et celui de la Justice pour y construire des bureaux. Nous avons tenté de contacter la première institution pour plus d'informations, en vain. Même silence auprès de la seconde et de la commune de Sidi M'Hamed. Mais une chose est certaine, c'est que l'opération de démolition est chapeautée par lesdits ministères. Dans l'une de ses déclarations, Mokhtar Bourouina, président de l'APC de Sidi M'Hamed, a avoué qu'«une bonne partie de ce bâtiment a été démolie et que le ministère des Finances voulait en faire un centre financier». S'agissant de la partie dédiée au ministère de la Justice, celui-ci comptait y construire un bâtiment de service. La démolition du bâtiment aura nécessité le déboursement des centaines de millions de dinars. Pour rappel, le site était initialement destiné pour accueillir des familles, puisque des logements devaient y être érigés. La question que nous avons posée à un responsable du service technique de l'Assemblée populaire de la commune de Sidi M'Hamed est de savoir pourquoi démolir et causer une telle perte au Trésor public, alors que des modifications étaient suffisantes pour réaménager le bâtiment en bureaux ? Sa réponse a été traduite par la négative : «Je ne suis pas au courant, je peux simplement vous dire que le bâtiment Titanic n'appartient plus à notre commune. Il faut vous orienter vers les services concernés», a rétorqué ce responsable. La prise en charge de ce bâtiment est déjà une fin en soi, pour lui épargner son état de lieu de débauche de toutes sortes. Pourvu que les travaux, à même de lui donner une autre vocation, s'achèvent enfin.