Profitant du sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes à Madrid, le Président Nicolas Sarkozy a remercié son ami Lula pour avoir aidé le plus à la libération de l'universitaire Clotilde Reiss, accusée tout récemment par un ex-sous-directeur de la DGSE de travailler pour le compte du renseignement français. Lectrice ou espionne, Clotilde Reiss est rentrée en France grâce aux Présidents Al Assad, Wade et Lula. A écouter le Président français, c'est certainement son homologue brésilien qui a fait le plus pour la délivrance de Reiss. Pour la simple raison qu'il a été signataire de l'accord de Téhéran sur l'échange des stocks d'uranium ? Il mériterait bien cette faveur de la part des mollahs qui ont vu en lui, ainsi que dans le Premier ministre turc, un sauveur de la dernière heure. Mais la victoire diplomatique des «sudistes» risque de tourner très court. A commencer par la France, les Occidentaux disent ne pas être emballés par l'accord de Téhéran. Que Paris ait pu tirer son épingle du jeu pendant le bras de fer Iran-Occident ne devrait pas changer la face des relations transatlantiques. Ce qui est capital, aux yeux des américano-européens, c'est que les mollahs ne s'en tirent pas si facilement comme s'ils n'avaient jamais porté atteinte au respect des résolutions onusiennes. A chaque sommet, Nicolas Sarkozy pourrait remercier de nouveau Lula pour son inoubliable service diplomatique, rendu à la Ve République sans voile intégral. Mais quand il s'agit de «gracier» le régime de Téhéran, la lune de miel franco-brésilienne est rompue avec ou sans les Rafale français que Brasilia n'a pas encore décidé d'en doter ou non son armée de l'air. Tu es bien gentil mon ami Lula, dirait le locataire de l'Elysée, mais à la guerre comme au Conseil de sécurité. Les Iraniens doivent prendre pour leur grade tant qu'ils oseront défier les puissances occidentales, certes, en net déclin. D'autant que d'après les déclarations de Mme Clinton, les Etats-Unis sont parvenus à un accord avec la Russie et la Chine sur le régime de sanctions à infliger à la vieille Perse. Ces deux autres puissances, qui semblent croire un peu plus que leurs rivaux occidentaux qu'il n'est plus possible de gouverner le monde sans associer tous les partenaires émergents, tourneront-elles le dos à la République islamique qui pourrait se retrouver complètement isolée si elle ne transfère pas son uranium d'ici un mois ? Le responsable du programme nucléaire iranien estime que les grandes puissances se discréditent en s'obstinant à vouloir coûte que coûte imposer des sanctions au régime de Téhéran. Mais les Occidentaux ne sont pas de cet avis, ils préfèrent adhérer à celui du gouvernement Netanyahu qui a repris finalement l'usage de la parole. Juste pour assimiler l'accord de Téhéran à de la tromperie. Dans ce jeu de cache-cache, les Nations unies ont-elles encore leur mot à dire, hormis le fait de regarder de loin les chemises rouges de Bangkok qui ont fini par craquer après l'assaut de l'armée ? Pour Ban Ki-moon, l'accord de Téhéran peut être une avancée positive. Peut-être…