La facture des importations des produits alimentaires de l'Algérie a enregistré une baisse importante de plus de 36% au mois de mai 2010, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Les importations alimentaires ont atteint 364 millions de dollars en mai, contre 569 millions de dollars le même mois en 2009. Cette baisse est le fruit, selon le docteur Amine Bensemmane, de la politique de développement et le renouveau agricole. Les mesures de la loi de finances complémentaire ont eu également, ajoute-t-il, un impact sur les importations des produits alimentaires. Président de la fondation Filaha Innove, groupe de réflexion, le docteur Bensemmane est initiateur, entre autres, de salons et évènements professionnels dédiés au secteur agricole. Il nous souligne dans cet entretien express que l'Algérie est en mesure de réduire davantage sa facture alimentaire, notamment grâce à la politique de développement tracée par le président de la République. La facture alimentaire a baissé de 36% en mai 2010 par rapport à la même période en 2009. Comment expliquez-vous ce recul ? S'agit-il, selon vous, d'une performance du secteur agricole du pays ? Nous avons réduit beaucoup d'importation d'intrants. C'est quelque chose de positif. Il faut souligner que cette baisse est le résultat du plan d'action du renouveau de l'économie agricole et rurale du pays. La feuille de route tracée par le président de la République et mise en œuvre par le gouvernement, a eu une répercussion directe sur les importations alimentaires. Une politique qui a prôné l'intensification des projets agricoles et l'organisation des différentes filières. Ces actions ont permis de développer la production locale et par conséquent de diminuer le montant de la facture alimentaire. On peut citer à titre d'exemple l'amélioration de la production locale des céréales avec une production de 62 millions de quintaux en 2009. Cette année, l'Algérie a repris après une longue absence l'exportation de l'orge avec une première expédition de 10 000 tonnes. Cela confirme qu'une politique agricole bien menée peut énormément peser sur la facture alimentaire du pays. Et c'est justement le but recherché par les pouvoirs publics. On peut dire aussi que la baisse des coûts des importations alimentaires est le résultat de l'application des mesures de la loi de finances complémentaire 2009 qui a réduit globalement toutes les importations. C'est une loi de régulation qui a revu totalement les conditions d'importation et de paiement des opérations de commerce extérieur. Elle a touché certains opérateurs qui avaient constitué des niches, mais qui n'ont pas pu suivre financièrement ces dispositions. Automatiquement, ils n'importaient plus certains aliments. Ce qui a eu un impact sur la facture. Il faut dire que cela est plutôt bénéfique pour le pays. L'Algérie peut-elle réduire encore la facture des importations alimentaires ? Que faudrait-il faire ? Elle peut réduire la facture, mais pas à 100%. L'Algérie peut baisser sa facture de 40 à 50%. Et cela est inscrit d'ailleurs dans les objectifs de la politique agricole et du renouveau rural. Il ne faut pas oublier que nous sommes encore dépendants de certains produits, non disponibles localement, à l'exemple du sucre, du thé, du café, produits cotés dans les bourses mondiales. En quelque sorte, nous sommes tenus de les importer, étant donné que nous ne sommes pas encore un pays qui produit du sucre et du café. Il y a également certains produits importés pour les besoins de l'industrie agroalimentaire qui ne sont pas encore disponibles en Algérie. Toutefois, l'Algérie est capable de développer son secteur agricole et son industrie agroalimentaire afin de satisfaire les besoins des consommateurs. Sur ce plan, je peux dire que nous sommes sur la bonne voie jusqu'en 2014 avec la politique de développement tracée. Comment expliquez-vous la hausse de la facture alimentaire durant les années passées ? Pendant plus de trente ans, le secteur de l'agriculture a été délaissé. Actuellement, il y a une réorganisation totale pour développer chacune des filières, dont on peut citer la filière oléicole, la filière pomme de terre et la filière de la tomate industrielle pour produire plus. La seconde étape sera celle de la qualité et peut-être elle sera suivie par celle de l'exportation. Cela demandera certainement quelques années de travail et de préparation, mais le fait de sécuriser les besoins alimentaires du pays est un pas très important. Les moyens sont disponibles et à notre portée. Nous avons des terres, un potentiel humain formé aux métiers de l'agriculture, ainsi que l'eau. Grâce à la nouvelle loi du foncier agricole, on peut espérer un développement rapide du secteur. Le texte de loi sur le foncier arrange et sécurise les investisseurs qui veulent réellement développer l'agriculture selon des paramètres modernes. Propos recueillis par