Les week-ends dans la wilaya de Béjaïa sont loin d'être moroses et inertes, bien au contraire, ce sont les jours de la semaine qui connaissent le plus d'animation et de fracas, et pour cause des dizaines, pour ne pas dire des centaines, de fêtes de mariage sont célébrées avec faste et enthousiasme. ainsi, les gens qui convolent en justes noces, mettent tous les atouts de leurs côtés, afin de réussir leurs mariages, quitte à emprunter des sommes faramineuses, l'essentiel c'est que le mariage soit célébré bien comme il se doit, de sorte à ce qu'il soit inoubliable et surtout -émulation oblige- le célébrer mieux que celui du voisin. C'est le propre aux Algériens, et c'est indiscutable ! Durant les week-ends, les rues des différentes agglomérations, et même des villages les plus reculés de la région, s'emplissent de klaxons des voitures, des youyous et des sons de percussions dans des cortèges se mouvant à la limite de l'hystérique. Il n'est pas rare que des cortèges se croisent en pleine rue, ce qui suscite la curiosité des badauds, et crée une ambiance assez particulière dans la cité. Pour le code de la route, l'on s'en passe bien «volontiers», car c'est la fête. La ligne continue, le stop, la limitation de la vitesse, les virages dangereux et tutti quanti sont, généralement, foulés à l'emporte-pièce par des cortèges surexcités par la fête. Mais est-ce une raison ? Le code de la route ne prévoit pourtant pas ce genre d'exception. Résultat des courses : des accidents, souvent mortels, se produisent malheureusement dans ces cortèges, la fête est gâchée, et c'est le deuil. Côté gastronomie, dans cette wilaya très conservatrice malgré les apparences, des modifications (des améliorations ?) dans le menu spécial mariage sont intervenues depuis les dernières années. Le code de la route foulé aux… pneus ! Ainsi, ce n'est toujours pas le sacro-saint couscous avec un morceau de viande, qui sont servis à chaque fois, d'autres plats sont venus le bousculer, et donner ainsi un riche menu aux convives qui auront, de ce fait, l'embarras du choix. Toutefois, s'il y a bien une tradition qui s'agrippe encore aux temps modernes sans être déchue, c'est le port de la robe kabyle durant les mariages dans la wilaya de Béjaïa, qui fait partie évidemment de la kabylie. La robe kabyle a beau être concurrencée par les différentes tenues occidentales et orientales, mais elle est toujours tirée des garde-robes, pour être revêtue, histoire de faire dire à ces femmes qu'elles sont toujours kabyles et fières de l'être. Après le dîner de la fête, place à la musique. Comme il est d'ailleurs d'usage dans tout le pays, la tendance musicale est au disc-jockey, appelé communément DJ. Des jeunes, pour la plupart des amateurs, installent tout l'arsenal DJ (Baffles, tables de mixage, amplificateurs, etc) et la fête commence avec des chansons à la juke-box. Du raï, du kabyle, de l'occidental, de l'oriental et même de l'hindou ! Bref, il y en a pour tous les goûts et les coups en plein… tympan. Malheureusement, les DJ causent beaucoup plus d'ennuis que de joie. Pour en disposer, il faut une autorisation de l'APC. Le «vacarme» musical doit cesser à 23h comme prévu par le règlement qui régit cette manifestation. Mais des gens ne l'entendent pas de cette oreille, et la nuisance sonore va au-delà de 23h, parfois jusqu'à l'aube ! Les gens qui ne sont pas concernés par ces fêtes trouvent toutes les peines du monde à passer une nuit tranquille. En tout cas, les ménages mettent les bouchées doubles afin de célébrer les fêtes de mariage avant l'arrivée du ramadhan.