Les travaux des tunnels ferroviaires devant relier la ville de Thenia (Boumerdès) à celle de Oued Aïssi (Tizi Ouzou) ont été suspendus récemment par l'entreprise turque Özgun à cause du problème de non-payement des situations des travaux réalisés jusque-là de la part du maître de l'ouvrage, l'Anesrif. Dans un document transmis récemment au directeur du groupement Téhozen, chargé de saisir le maître d'ouvrage sur la question, les responsables d'Özgün expliquent que le non-paiement des situations des travaux depuis la date du commencement des travaux (octobre 2009) à ce jour risque d'influer sur la cadence des travaux des tunnels susmentionnés, et ce, en raison des difficultés rencontrées pour le financement du marché. Les rédacteurs de la requête notent que «notre entreprise, n'ayant pas pu percevoir les montants qui lui sont dus, n'a pu assurer la continuité des travaux qu'avec des sources financières externes, cela bien que les attachements des mois précédents aient été signés par le maître de l'ouvrage». Cette situation, ajoutent-ils, leur a engendré d'énormes problèmes et les a contraints à prendre des risques considérables en matière de financement. Car «la réglementation en vigueur ne permet pas le transfert des moyens financiers de notre entreprise entre les différents projets de l'Anesrif, et élimine un alternatif qui pourrait résoudre temporairement le problème actuel». Aujourd'hui, les responsables d'Özgün n'écartent pas l'éventualité de suspendre la totalité des travaux des deux tunnels, arguant qu'«il ne sera pas possible d'assurer la poursuite des travaux par nos moyens actuellement disponibles». L'arrêt des travaux se produira, selon la même source, successivement à travers les différents chantiers. Les travaux du tunnel de Tadmaït sont à l'arrêt depuis une semaine. De même pour ceux du tunnel A de Naciria qui ont été gelés depuis la matinée d'hier. «Les travaux ne pourront être repris qu'après le déblocage du paiement des situations des travaux», précise-t-on, en demandant au directeur du groupement Téhozen de saisir l'Anesrif pour qu'elle accélère les procédures nécessaires y afférentes afin de redémarrer les travaux et de maintenir le rythme d'avancement de cet important projet. Les travailleurs inquiets Qu'en est-il de la réaction des ouvriers recrutés pour la réalisation du projet en question et quel sera leur sort après la suspension des travaux ? Certains travailleurs résument leur inquiétude : «Nous, nous sommes pris entre le marteau et l'enclume. Nous sommes mis au chômage technique depuis le 10 juillet. Nous n'avons aucun droit… Nos responsables nous ont signifié que nous réintégrerons nos postes dès le règlement du problème du payement des situations de travaux par le maître de l'ouvrage, car on a pas de quoi nous payer», lancent quelques ouvriers du tunnel de Tadmaït qui soulignent avoir signé un accord avec leur employeur qui conditionne la reprise des travaux par le déblocage de la situation et le payement des situations des travaux déjà réalisés. Outre cela, les travailleurs indiquent que «les responsables de l'entreprise turque n'ont pas encore tenu les engagements qu'ils avaient pris quant à la satisfaction de nos revendications qui étaient à l'origine de la grève du 22 juin». «Pour le moment, on ne nous a accordé que deux points, à savoir une prime de tunnel et une prime de 2000 DA pour les soudeurs, alors que la plateforme de revendications que nous leur avons transmise comporte 10 points», déplorent certains ouvriers, réclamant l'application des points inhérents à l'attribution d'une prime de risque, l'augmentation des salaires, l'amélioration de la qualité de la restauration, le prolongement de la durée du contrat, l'attribution d'une prime de fin de chantier, la réduction du volume horaire de travail de 12h à 8h pour tous les travailleurs... Hier, les protestataires ont, comme prévu, organisé une assemblée générale au stade communal de Naciria, lors de laquelle ils ont discuté des décisions à prendre pour arracher leurs droits et mettre un terme «aux agissements provocateurs et les menaces de licenciement qui s'abattent sur certains de leurs camarades».