Déclenché depuis quelques mois déjà, le processus de libération de détenus algériens de Guantanamo se poursuit. En effet, la Cour suprême des Etats-Unis d'Amérique vient de valider la décision de la libération de deux détenus algériens, qui se trouvent dans la base militaire de Guantanamo. Il s'agit d'Aziz Abdul Naji et Fahri Saïd Ben Mohammad, 49 ans. La Cour suprême américaine a également tranché sur leur destination puisque ces deux désormais ex-détenus seront transférés vers l'Algérie. Cette décision intervient quelques semaines après une précédente décision émanant de l'administration américaine prévoyant la libération rapide de six détenus vers leur pays origine. Mais ces derniers ont émis des réserves, en indiquant qu'ils refusent de quitter Guantanamo pour venir en Algérie, précise une information rapportée la semaine dernière par Washington Post. Un refus formalisé à travers un appel que ces détenus ont déposé auprès de la justice américaine. La nouvelle décision de la Cour suprême faisant l'objet de l'extradition de ces deux détenus signifie que l'appel n'a pas été pris en considération. «Les juges n'ont pas souhaité entendre l'appel déposé par Aziz Abdul Naji, capturé au Pakistan et à Guantanamo depuis 2002. La veille, ils avaient pris la même décision au sujet d'un autre ressortissant algérien, Fahri Saïd Bin Mohammad», a souligné le Washington Post. Les motifs avancés par les deux détenus sont la crainte d'un mauvais traitement de la part des autorités algériennes. «Les deux hommes disent craindre d'être victimes de mauvais traitements de la part du gouvernement algérien ou des islamistes locaux, et disent vouloir rester à Guantanamo», a encore souligné le même organe. Les autres détenus vivent dans la tranquillité Ce n'est pas le premier cas d'Algériens qui refusent d'être extradés vers l'Algérie. Actuellement, ils sont six Algériens à avoir bénéficié de la libération mais qui préfèrent demeurer au centre de détention plutôt que d'être renvoyés en Algérie. Sachant qu'aucune autre alternative ne se présente pour eux en dehors de la prison ou le retour au pays. L'administration américaine avait obtenu une grande victoire lorsqu'une cour d'appel fédérale avait infirmé un premier jugement d'un tribunal qui avait interdit au gouvernement de rapatrier un de ces détenus. Les arguments présentés par les deux détenus ont été jugés très préoccupants par le tribunal dont l'avis n'a pas été suivi par la cour d'appel. Les responsables de l'administration américaine ont, pour leur part, expliqué que dix anciens détenus de Guantanamo avaient été déjà rapatriés en Algérie et aucun d'eux n'a été persécuté. Un responsable américain, cité par le journal, a ajouté que l'administration américaine a refusé de rapatrier des détenus vers des pays comme la Chine, la Libye, la Syrie, la Tunisie et l'Ouzbékistan. Des pays où les responsables américains croient qu'il y a un risque de torture ou de maltraitance. Un juge fédéral avait auparavant bloqué le renvoi d'un des Algériens, dans l'attente de garanties sur la manière dont il serait traité à son retour. Mais il avait été débouté en appel. Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, s'est dit étonné de cette information. «Il y a un traitement terrible à l'égard des détenus dans la prison de Guantanamo. Les détenus préfèrent, peut-être, aller ailleurs mais je ne pense pas qu'ils ont opté pour rester dans cette grande prison au lieu de revenir dans leur pays. Ça ne doit pas être des informations exactes», a-t-il précisé dans une déclaration faite hier. Il dira que les autres prisonniers libérés dans les mois précédents sont chez eux et vivent la paix totale. «Ils sont chez eux, ils vivent tranquillement et ne risquent rien du tout», a-t-il encore ajouté soulignant que ça doit être des informations «visant à nuire à l'image de l'Algérie».