C'est devenu une habitude. Chaque mois de Ramadhan, les commerçants en profitent pour augmenter les prix des produits alimentaires et engranger des bénéfices sur le dos des consommateurs. Les dépenses sont importantes en raison de la surconsommation. Salah Mouhoubi, docteur en économie et en sciences politiques, estime que le budget d'une famille moyenne devra doubler ou tripler. D'après lui, une famille algérienne composée de quatre personnes nécessite au minimum un budget de 50 000 dinars, parce que les denrées alimentaires ont tendance à connaître une envolée durant le mois sacré. Le poulet à titre d'exemple affiche 300 dinars le kilo ; ajouter à cela les prix des fruits et légumes qui vont certainement augmenter. Les autres produits qu'on consomme essentiellement pendant le Ramadhan, tels les cacahuètes, les pruneaux, les amandes… ne vont pas être accessibles aux petites bourses. Ainsi, «le budget moyen d'une famille ne peut pas répondre à la forte demande, il est donc prévisible de le multiplier par trois ou quatre», estime M. Mouhoubi. La spéculation durant le mois de Ramadhan est devenue un phénomène courant : «Les pouvoirs publics devraient contrôler rigoureusement les prix afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Ils devraient aussi sanctionner les dépassements en la matière, autrement on peut s'attendre à des surprises», indique notre interlocuteur, avant d'ajouter qu'il «n'est pas normal que durant chaque ramadhan, la spéculation se développe d'une façon excessive». Les commerces exposent les denrées et autres confiseries qui vont avec la table ramadhanesque quelques jours avant le mois sacré. Mais, il faut le dire, la grande saignée sera durant le mois même, car près de 70% des dépenses iront aux produits carnés, toutes viandes confondues. En moyenne, un foyer algérien composé de quatre personnes dépense 1500 dinars par jour durant ce mois rien que pour les besoins de la table, soit une moyenne mensuelle de 45 000 dinars. La modération dans la consommation est de ce fait suggérée. Le pays est en panne durant le Ramadhan Evoquant l'état de l'économie algérienne durant le mois de Ramadhan, M. Mouhoubi affirme que «l'économie algérienne est sensiblement touchée durant cette période, et c'est tout le pays qui est en panne (...). L'économie tourne au ralenti. Ce qui est certain, c'est qu'elle subira des préjudices, comme c'est le cas chaque année».