La wilaya a fait évacuer 270 familles du bidonville El Djazira, le 18 juillet, dans le cadre de la lutte contre l'habitat précaire en milieu urbain. L'opération a exclu plusieurs familles du relogement. Celles-ci ont été délogées du site et abandonnées dans la nature, avant qu'elles tentent dimanche un retour sur les lieux, comme cela s'est fait à Diar El Kaf et la Baucheraye, dans la commune de Oued Koreiche. La tentative de réoccuper le site d'El Djazira a échoué du fait de l'intervention des forces anti-émeute. Cela s'est passé dans l'après-midi de dimanche. Les familles exclues du relogement, le 18 juillet, des habitants du bidonville El Djazira, de la cité El Djorf, dans la commune de Bab Ezzouar, ont tenté un retour sur les lieux. Sans toit depuis l'évacuation des baraques et des deux immeubles restés en chantier, ces familles voulaient regagner leur ancien site pour y rester et mettre les autorités devant le fait accompli. La tentative n'a pas abouti du fait de l'intervention rapide des forces anti-émeute, a-t-on appris, hier, sur place. L'intrusion a été rendue possible à cause de l'absence de vigilance de la part des services de sécurité. Après l'évacuation de tous les occupants, un dispositif constitué d'une cinquantaine de policiers et de gardes communaux a été en effet mis en place. Les policiers ont toutefois fini par se retirer, laissant le terrain libre à quelques gardes communaux de l'APC de Bab Ezzouar. Au moment du retour des familles exclues, les gardes ont été vite dépassés. D'où l'intervention des forces anti-émeute. 270 familles relogées et plusieurs exclues Dans le cadre de la mise en œuvre du programme portant éradication progressive de l'habitat précaire, lancé à la mi-mars dernier, les autorités ont recasé, il y a trois semaines de cela, quelques 270 familles issues d'El Djazira, selon le communiqué rendu public à cet effet par la wilaya le 13 juillet. Ces familles vivaient dans ce bidonville depuis le début des années 1990, pour les plus anciennes d'entre elles. Le baraquement a gagné en ampleur avec la construction de nouvelles masures occupées par de nouvelles familles venues d'un peu partout. Avant sa disparition, l'endroit donnait l'impression d'abriter le double de ce qui a été recensé. Il était comme une plaie dans un corps malade. El Djazira était surtout connu pour être un lieu de prostitution à outrance, de vol et de crime sous toutes ses formes. Chaque fois qu'un délit est commis dans les environs, c'est aux entrées d'El Djorf que la police dresse ses barrages de contrôle d'identité à la recherche des suspects. Aussi, son éradication a été vécue comme un grand soulagement par les habitants du site lui-même et les voisins qui ont beaucoup souffert de la présence des baraques. Les travaux de démolition relancés Les revenants voulaient occuper les deux bâtiments restés en chantier et qui étaient évacués de leurs occupants. «Ils ont affiché des banderoles dénonçant la hogra et ils ont menacé de se suicider collectivement. L'intervention des services de sécurité était musclée. Ils n'ont pas laissé le temps aux concernés de mettre en exécution leur menace», témoigne un habitant d'El Djorf. Selon lui, la scène a pris l'allure d'une émeute. A la fin, le site a été évacué de toute présence humaine, hormis les services de l'ordre chargé de la protection du périmètre. Pourquoi ce retour ? «Il y a eu des injustice dans la distribution des logements. Je connais personnellement des familles qui y vivaient depuis la constitution du bidonville et elles n'ont pas bénéficié d'un logement alors que des intrus, qui ont débarqué depuis quelques années seulement, ont arraché un toit. Ce n'est pas normal», explique-t-il. De plus, le refus des autorités de prendre en charge, dans le programme d'éradication de l'habitat précaire, les demandes de logements issues de l'éclatement des familles a eu des conséquences néfastes : plusieurs familles se sont retrouvées dans le même appartement. Auparavant, indique-t-on, les personnes mariées construisaient leurs propres baraques, elles ne vivaient pas avec les autres membres de la famille, par manque d'espace et à cause des problèmes familiaux. «Au moment de l'évacuation, ces familles éclatées ont été affectées à la même adresse, ce qui a provoqué des rejets», ajoute-t-on. Hier matin, le quartier était redevenu calme. Le site où se trouvaient les baraques était surveillé par des gardes communaux secondaient par quelques policiers. Le terrain a été transformé en chantier. Epargnés jusqu'ici, les deux bâtiments squattés sont en cours de démolition. L'opération a commencé dans la matinée d'hier. C'est la conséquence de l'émeute de la veille. Les autres parties d'El Djazira ont été démolies le jour-même du transfert de la population.