Plusieurs mouvements de protestation ont été signalés à travers l'Algérois, à Baraki, aux Eucalyptus, et à Alger-Est. Plusieurs familles provenant du site de bidonvilles dénommé El Djazira à Bab Ezzouar ont bloqué, pendant une bonne partie de la matinée, l'axe routier menant à la ville de Baraki où ils ont été, affirment-ils, acheminés par les services de la wilaya. « C'est injuste de nous sortir de chez nous (site El Djazira), et de nous jeter avec femmes et enfants sur les routes. Cela renseigne sur le mépris des autorités à notre égard. Des familles se trouvaient à Bab Ezzouar depuis plus de 10 ans, mais qui en bénéficie ? Des riverains du site mais surtout ''shab echekara'' (les riches) », s'indignent des familles qui occupaient la bretelle qui mène à la ville de Baraki. Aux Eucalyptus, même situation. Près de 200 familles en provenance de Oued Koriche se trouvent parquées depuis lundi à la sortie de la ville des Eucalyptus. Elles étaient programmées pour le relogement dans de nouveaux appartements à Birtouta, a-t-on appris sur place, mais seulement 5 familles ont été évacuées l'après-midi du lundi. Les autres doivent patienter jusqu' à la régularisation d'une situation administrative. Protégées par les services de sécurité, les familles concernées ont passé la nuit à la belle étoile et sont restées toute la matinée du mardi à bord des camions, près du pont situé non loin de la ferme Belaïd, à la sortie sud-est des Eucalyptus. Le site sur lequel est érigé depuis plusieurs années un des bidonvilles les plus connus de la capitale, El Djazira, est pris d'assaut depuis hier par les bulldozers et autres engins dans le but de le démolir. Un dispositif de sécurité a été mis en place. Des dizaines d'agents de police ont investi les lieux, pour prévenir tout débordement. Finalement, l'opération de démolition s'est passée dans le calme. El Djazira comptait 350 habitations précaires recensées en 2007 par les services de l'APC. Ce quartier détenait la part du lion en matière de superficie occupée par les bidonvilles. 270 familles ont été relogées avant-hier à Bentalha. Aussitôt prévenues, les familles bénéficiaires du programme de relogement ont procédé à la vente de tous les objets pouvant être cédés. Meubles, boiseries, portes blindées ainsi que les toits en tôle. La veille de l'opération de déménagement, des revendeurs de meubles sillonnaient ce quartier. Ils négociaient le prix de la marchandise. Pour les familles, c'était l'occasion de se débarrasser de ces vieux objets et d'entrer dans un logement neuf avec un autre état esprit et d'autres ornements. Sur le site, aujourd'hui totalement rasé, une question se pose tout de même. Où sont les familles qui ne sont pas incluses dans le programme ? Les voitures immatriculées dans plusieurs wilayas de l'intérieur du pays remarquées la veille du déménagement, en stationnement tout près du site, laissent supposer que les familles exclues de ce programme ont quitté les lieux, après la fin de non-recevoir opposée par les autorités qui n'ont pris en compte que les listes issues du recensement effectué en 2007. Par ailleurs, des occupants du site des chalets d'El Marsa à l'est de la capitale ont fermé la route menant de Aïn Taya à Bordj El Bahri des heures durant. La circulation routière a été considérablement perturbée, d'autant plus que la fermeture de la route a coïncidé avec le retour des estivants en fin d'après-midi. En tout état de cause, cette démonstration de rue intervient après l'enchaînement d'opérations de relogement dont ont bénéficié plusieurs habitants des sites de chalets, à l'instar de celui se trouvant aux Ondines, dans la commune de Bordj El Bahri. Les protestataires ont brûlé des pneus et scandé des slogans à l'encontre des pouvoirs publics. Nous avons, pour plus d'informations, essayé de contacter le président d'APC d'El Marsa qui était injoignable durant une bonne partie de la journée d'hier. Communiqué de la wilaya Dans le cadre des opérations d'éradication des bidonvilles et de l'habitat précaire àAlger, la wilaya mène depuis le début de l'année de grandes opérations de relogement des familles provenant de ces sites, dont celle de la circonscription administrative de Bab El Oued du lundi 18 juillet 2010. Cette opération a fait l'objet de recours de la part des familles dont les dossiers n'ont pas été retenus par la commission de validation ad hoc et concernant les sites des bidonvilles de la Beaucheraye, Sonatro, Diar El Kef et Fontaine Fraîche. L'examen approfondi des recours présentés a été effectué sur la base des principes suivants : Ne sont pas retenus : les dossiers présentés après le recensement opéré en 2007 par la wilaya d'Alger dans le cadre du programme d'éradication de l'habitat précaire ; les occupants des baraques ayant fait l'objet de transactions ou de changement d'occupants, même à titre grâcieux ; les occupants qui possèdent en leur nom ou au nom de leurs conjoints un logement, après vérification auprès du fichier national du logement, ou ayant bénéficié d'une aide de l'Etat ; les éclatements à l'intérieur d'une même famille ; les familles n'ayant pas présenté de dossier dans le cadre de l'éradication des sites concernés. Sur cette base, les 38 recours retenus sont les suivants : Site de Beaucheraya : 21 Site de Sonatro Diar El Kef : 9 Site de Fontaine Fraîche : 8. Il reste entendu que tous les requérants ont la possibilité de formuler des demandes de logement dans le cadre des différentes formules qui leur sont offertes par l'Etat et qui seront traitées dans la transparence et l'équité. F. A., K. S., Nadir Iddir