Figure emblématique de la guerre de libération nationale, Lakhdar Bentobbal est décédé samedi soir à l'âge de 87 ans. Secret, l'homme qui a pourtant joué un rôle de premier plan dans la lutte pour l'indépendance, s'est rarement exprimé sur son passé. Membre du PPA clandestin, de l'Organisation spéciale, du comité des 22, ministre du GPRA, délégué aux négociations des Rousses et Evian, Si Abdallah «le chinois» a entièrement consacré sa vie de à la cause nationale. Né à Mila en 1923, il adhère à l'âge de 17 ans au Parti du Peuple Algérien (PPA), alors interdit d'activité par les autorités coloniales au lendemain du déclenchement de la seconde guerre mondiale. C'est dans la clandestinité et au contact de vieux militants acquis aux idéaux prônés par le PPA, dans la continuité de l'action prônée par l'Etoile Nord-africaine, que le jeune Bentobbal va faire ses premiers pas en politique et se forger une personnalité qui fera de lui l'un des plus importants chefs du FLN. Après les massacres de mai 1945, et face à l'inertie du MTLD, miné par des dissensions internes, Lakhdar Bentobbal s'engage aux côtés d'autres activistes de ce parti dans l'Organisation spéciale, une structure clandestine qui s'était donné pour objectif de préparer la guerre contre l'occupant. C'est à Bentobbal que revint la mission de superviser l'organisation des cellules militaires dans le Nord- Constantinois, région au relief chahuté, qui présentait d'innombrables atouts stratégiques. Le démantèlement de l'OS par les autorités coloniales et les persécutions policières contre les militants du MTLD obligeront Lakhdar Bentobbal à entrer dans la clandestinité. Comme de nombreux autres militants de l'est, il se réfugie dans les Aurès où il fit la connaissance de futurs chefs du FLN dont Amar Benaouda, Rabah Bitat et Mustapha Benboulaïd. Bentobbal fera partie du groupe des 22 militants nationalistes qui décideront du déclenchement de la guerre contre l'occupant. Après confirmation des opérations de la Toussaint, il est désigné responsable des maquis de la zone El Milia-Jijel. Il comptera parmi les principaux chefs qui vont par la suite organiser les opérations du 20 août 1955. A la mort de Zighout Youcef, en septembre 1956, il est désigné par la hiérarchie du FLN/ALN responsable de la wilaya II, et accède de ce fait au grade de colonel. Devenu membre du Conseil national de la révolution (CNRA) issu du congrès de la Soummam en août 1956 puis du Comité de coordination et d'exécution (CCE), Bentobal rejoint Tunis en avril 1957, en compagnie de Krim Belkacem et Benyoucef Benkhedda. En août 1957, il fait partie du deuxième Comité de coordination et d'exécution (CCE). En avril 1958, il est chargé du département de l'intérieur et membre du 3e CCE au Caire. Il est ensuite nommé ministre de l'Intérieur dans le premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) le 19 septembre 1958 au Caire (Egypte) avant d'être reconduit le 18 janvier 1960 à Tripoli (Libye). Lakhdar Bentobal était membre de la délégation du GPRA aux négociations de «Rousses», près de la frontière suisse du 11 au 19 février 1962 et à Evian en mars 1962. Après l'indépendance, il devient Président-directeur général de la Société nationale de Sidérurgie (SNS) et Président du Conseil d'administration de l'Union arabe du fer et de l'acier (UAFA), organisme interarabe basé à Alger à partir du 15 janvier 1972.