La wilaya de Béjaïa vit un véritable stress hydrique accentué depuis le début de la saison estivale, et surtout pendant ce mois de ramadhan où la pénurie de l'eau potable est vécue comme une calamité par les ménages. Malgré la mise en service graduelle de l'eau de Tichi Haf, le problème demeure entier et des questionnements reviennent tels des leitmotivs. Si pour les localités se trouvant dans le couloir Akbou-Béjaïa, qui sont alimentées à partir du barrage de Tichi Haf, le problème se pose plus au moins avec acuité, les localités qui ne sont pas concernées par l'alimentation en eau de ce barrage, les choses se trouvent plutôt compliquées. La pénurie de l'eau potable est telle qu'elle a poussé des villageois à fermer carrément les APC auxquelles ils sont affiliés, pour protester contre ce problème récurrent, lequel survient surtout durant l'été. D'aucuns pointent un doigt vers la gabegie et la mauvaise gestion de cette ressource au niveau local. D'autres facteurs viennent se greffer et compliquer les choses davantage. La demande de cette ressource va crescendo à cause de la croissance démographique et de l'expansion urbaine effrénée que connaît la wilaya, une corrélation de deux facteurs difficiles à mettre au même niveau. La réalisation de nouveaux réseaux d'AEP et l'extension urbaine. Une wilaya à l'eau abondante mais qui a soif Pour ce faire, les différentes APC doivent dégager des enveloppes conséquentes afin de répondre à la demande qui ne ralentit même pas. Il y a aussi la vétusté des réseaux d'AEP datant pour la plupart de l'époque coloniale, qu'il faudra tôt ou tard «déraciner» pour mettre en lieu et place du neuf. Ces réseaux caducs sont en grande partie la raison de pénuries, en ce sens qu'ils causent des fuites quotidiennes, qu'il faut colmater sans cesse. Le manque de réalisation de nouveaux forages pour une raison ou une autre constitue également l'un des problèmes majeurs, qui font sortir de leurs gonds les habitants des localités où l'eau est rare. Il faut donc réaliser des forages, capter des sources, construire de nouveaux réservoirs, gérer de manière efficace l'eau et ce afin de pouvoir satisfaire la population. Les observateurs de la scène locale trouvent incongru et paradoxal qu'une wilaya de la trempe de Béjaïa, où l'eau est abondante, soit confrontée au stress hydrique, qui pousse des milliers d'habitants à revenir aux vieux réflexes, ceux de s'alimenter au jerrican. Le plus frappant dans tout cela, c'est qu'il y a des localités connues pour être le réservoir en eau des Romains, installés à l'antique Saldae (Béjaïa), à l'instar de la commune de Toudja, qui vivent une crise d'eau.