Une fois n'est pas coutume, la Journée mondiale de l'eau a été célébrée lundi dernier, dans la ville d'Akbou, alors qu'auparavant c'était Béjaïa qui la célébrait. Cette journée a été l'occasion de faire le point concernant la situation de la ressource hydrique, qui constitue l'une des richesses naturelles de la wilaya de Béjaïa. En effet, l'eau dans cette wilaya connaît des hauts et des bas. Jamais le paradoxe n'a été aussi flagrant et déroutant, lorsque l'on sait que, d'une part, l'eau retenue au barrage de Tichi Haf est d'un volume qui avoisine 82 millions m3, d'autre part, l'eau de l'AEP, qui se perd annuellement dans cette même wilaya, selon l'ADE, est de l'ordre de 14 millions m3, soit ce qui représente près de 1/4 du volume hydrique du barrage de Tichi Haf. Cette perte énorme, au demeurant, est due essentiellement à la vétusté des réseaux d'alimentation en eau potable, qui datent pour la plupart de l'époque coloniale. Selon toujours l'ADE, ce sont 220 km de conduites qui sont délabrées et qui connaissent des fuites. Néanmoins, selon le représentant du directeur de l'hydraulique de Béjaïa, Bouchebah Hamid, rencontré à la crèche communale d'Akbou où a eu lieu la célébration de cette journée, il y a des travaux de réhabilitation du réseau d'AEP, que connaît le chef-lieu de wilaya, qui vont s'étendre, selon notre interlocuteur, à d'autres localités. M. Bouchebah évoque les fuites d'eau dues à la vétusté des conduites et à la matière avec lesquelles elles sont fabriquées, qui est l'acier, qui d'ailleurs se rouille facilement. C'est pour cette raison que les nouvelles conduites sont fabriquées en fonte ou en PEHD (polyéthylène à haute densité) et ce dans le souci d'éviter la rouille et la dégradation rapide des conduites d'eau. Alimenter 750 000 habitants à l'horizon 2025 à partir de Tichi Haf L'objectif tracé par les différents acteurs en charge du secteur hydraulique est d'alimenter, à l'horizon 2025, quelque 750 000 habitants de la wilaya de Béjaïa, ce qui représentera 47 millions m3 par an. Ce projet grandiose concerne 22 communes situées sur le couloir Akbou-Béjaïa. Selon M. Bouchebah, les travaux de canalisation et la pose de la conduite principale sont achevés, «il ne reste que les accessoires, c'est-à-dire la finition», assure-t-il. Pour l'alimentation des localités concernées par ce projet, il sera procédé à la pose de conduites secondaires pour relier la conduite principale. Cependant, la progression des travaux demeure quelque peu laborieuse à cause du relief accidenté, comme c'est le cas pour Sidi Aïch qui constitue, en quelque sorte, le goulot d'étranglement du couloir Akbou-Béjaïa (80 km), en ce sens que le passage de la conduite principale se fait dans un lieu étroit et à la lisière de l'oued Soummam. Ce projet a connu beaucoup de retard aussi à cause du problème de l'expropriation, qui a énormément gêné la continuation des travaux. A présent, selon notre source, ce problème est résolu. Ce sont quelque 1052 propriétaires qui ont été indemnisés, pour un montant global de 152 millions de dinars. Tamokra, Akbou et Ouzellaguen, en attendant d'autres communes Elles sont actuellement 3 communes qui bénéficient de l'eau du barrage de Tichi Haf : Tamokra, Akbou et Ouzellaguen. Pour la première et la troisième municipalité, la consommation est totale, alors qu'Akbou n'est que partiellement alimentée, en attendant le renouvellement de la chaîne de refoulement (conduites, réservoirs, pompe, station de reprise). Mais le fait le plus curieux, c'est que la commune de Bouhamza, où se trouve le barrage de Tichi Haf, n'est pas alimentée par son propre eau. A la question de savoir pourquoi, M. Bouchebah nous dit qu'elle est située en amont du barrage, ce qui rend difficile son raccordement, néanmoins rien n'indique qu'elle n'en bénéficiera pas à l'avenir. Une étude serait en cours pour brancher cette municipalité en plus d'Amalou et de Beni Maouche. Autres communes qui ne sont pas concernées pour le moment par l'alimentation à partir de ce barrage : Tazmalt, Ath Mellikèche, Boudjellil, Ighil Ali et Aït R'zine. C'est dans cette dernière que se trouve la station de traitement des eaux de Tichi Haf (120 000 m3/j), elle est aussi «ignorée» par ce projet. Ces localités bénéficieraient des eaux de Tichi Haf, en tant que zones d'irrigation. En effet, 9600 ha sont concernés par cette irrigation, ce qui boostera immanquablement l'agriculture, eu égard à la vocation agricole de ces communes. Faut-il souligner que la population de ces 5 communes ainsi que les autorités communales désapprouvent cette omission volontaire, en ce sens que le problème de la disponibilité de l'eau se pose avec acuité, surtout durant la saison estivale, où le rationnement de l'eau devient drastique.