Plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa sont confrontées au manque d'eau potable. Hiver comme été, le précieux liquide fait défaut, contraignant les citoyens à se le procurer par leurs propres moyens. Bien entendu, l'eau s'achète, parfois à des prix que le citadin ne peut imaginer. Cela se passe au moment où des citoyens se permettent le luxe d'arroser leur jardin, comme c'est le cas dans certaines zones montagneuses, alors que les autres souffrent le martyre pour se procurer quelques litres d'eau potable. Les budgets dérisoires alloués aux APC ces dernières années pour les plans de développement locaux, l'opposition des citoyens pour le passage des conduites sur leurs terres – attitude qui engendre des retards considérables aux chantiers d'AEP et d'assainissement – et, surtout, la rareté de la ressource sont autant de facteurs qui ont fait que plusieurs villages en Kabylie sont privés de ce précieux liquide. Une tournée à travers certaines communes de la wilaya nous a permis de constater les conditions peu enviables dans lesquelles vivent les habitants. Il arrive parfois qu'on se livre bataille pour s'approvisionner en eau potable par citerne. Les citoyens sont sérieusement exposés à un danger en consommant de l'eau des citernes dont la provenance n'est pas connue. 40 DA pour chercher 20 litres d'eau à boire Nous avons effectué une tournée dans les régions les plus touchées par l'absence d'eau potable dans les robinets. Il s'agit de quatre municipalités qui sont concernées par ce problème qui survient même durant la saison hivernale. C'est le cas des communes d'Oued Ghir, Amizour, El Kseur et Barbacha. Nous y avons trouvé un véritable «marché de l'eau» où des citoyens de tout âge, les enfants surtout, attendaient à la queue-leu-leu pour remplir leurs jerricans à partir de camions-citernes. La contrepartie : 40 DA le jerrican de 20 litres. Nous avons interrogé un vieil homme sur cette situation qui nous a déclaré : «ça se passe ainsi chez nous.» L'homme ajoute que la population de son village est souvent confrontée au manque de l'eau. «Nous sommes dans l'obligation d'acheter notre eau pour les besoins du ménage et de la consommation, car nous n'avons pas de l'eau dans les robinets comme les autres citoyens.» Il nous explique que de «nombreux distributeurs privés d'eau potable ont investi ce créneau eu égard à la forte demande exprimée par la population». A propos des prix pratiqués, notre interlocuteur répondra qu'ils sont à la portée de tout un chacun. «40 DA pour un jerrican de 20 litres, ce n'est pas cher payé, d'autant qu'il s'agit d'un produit indispensable pour la vie», admet-il, ajoutant que «vu le calvaire que nous vivons au quotidien, on doit remercier Dieu que l'eau soit toujours disponible».
Les risques de MTH ne sont pas à écarter Toutefois, la livraison de l'eau potable par camions-citernes soulève un problème de taille concernant la santé de la population, car rien n'indique si cette eau est préalablement traitée avant d'être vendue aux citoyens. D'aucuns craignent l'apparition des maladies à transmission hydrique (MTH) du fait qu'on ne connaît pas la provenance de l'eau. D'ailleurs, cela s'est passé il y a quelques jours dans la commune d'Amizour où les citoyens, qui avaient l'habitude de s'approvisionner en eau par le biais de camions-citernes, ont découvert que celle qui leur été servie était impropre à la consommation. Cela les a poussés d'ailleurs à saisir le bureau d'hygiène communal qui a ordonné l'arrêt de la distribution de l'eau pour quatre livreurs. De leur côté, les autorités locales n'ont pas tardé à prendre des mesures afin de protéger la santé publique en retirant l'autorisation de livraison de l'eau à certains distributeurs qui n'ont pas respecté les accords signés entre les deux parties. Depuis, les services d'hygiène veillent à ce que l'eau servie soit potable.
Le barrage de Tichi-haf pour mettre fin au calvaire En attendant que ces agglomérations soient bien prises en charge en matière d'alimentation en eau potable, la population ne perd pas espoir. Tout le monde attend que le raccordement de leurs villes au barrage de Tichi-Haf intervienne dans les plus brefs délais, et que cela se fasse avant la période estivale. Le barrage de Tichi-haf dont les travaux ont été achevés sera la meilleure solution pour mettre un terme au calvaire des citoyens. Ce projet devrait alimenter pas moins de 22 communes à l'avenir. Les travaux de la pose des conduites d'adduction pour les différentes localités concernées sont en cours. Les travaux avancent bien, selon les services concernés, et pas moins de trois communes, à savoir Bouhamza, Tamokra et Béjaïa, seront bientôt alimentées en eau. Les autres localités seront raccordées dans le proche avenir, tiennent à rassurer les services des ressources en eau dans la wilaya de Béjaïa. A signaler enfin que certaines communes de la wilaya, à l'instar d'Aït Smaïl, à l'est, ont bénéficié d'enveloppes financières pour l'alimentation de quelques villages en eau potable. Le projet accuse néanmoins un gros retard à cause de contraintes rencontrées sur le terrain, l'opposition des citoyens au passage des conduites sur leurs propriétés et l'insuffisance des enveloppes financières allouées à l'opération.