Le centre de radiothérapie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger n'accorde plus de rendez-vous aux personnes atteintes de cancer, et ce, jusqu'à la «normalisation» du service. C'est ainsi que les cancéreux sont reçus depuis plusieurs semaines au niveau de cet établissement «saturé» par le nombre important de demandes couvrant plusieurs wilayas. Une nouvelle note est placardée en effet à l'entrée du service depuis deux semaines déjà, précisant qu'aucun nouveau rendez-vous n'est possible en raison de la saturation du service (RDV de traitement = 1 an), c'est-à-dire qu'aucun nouveau malade ne sera pris en charge, s'il n'est pas enregistré au traitement avant la fin du mois d'août. Les souffrants sont orientés vers les trois autres services régionaux existants, à savoir Constantine, Blida et Oran, dont leurs équipements connaissent également des pannes courantes. Résultat : les concernés reviennent bredouilles, en espérant trouver une solution au CPMC, étant le plus grand et ancien service de santé publique sur le territoire national. Le personnel du service de radiothérapie du CPMC affirme qu'il y a une forte demande et que le département traite quotidiennement 180 patients. «Nous travaillons de 8h à 1h30 du matin pour pouvoir assumer les RDV enregistrés. Nous sommes arrivés à programmer des RDV étalés sur un an. C'est vous dire qu'il est impossible d'envisager un RDV au-delà de cette durée», affirme un médecin, qui ajoute que «les trois machines de radiothérapie du service fonctionnent à une capacité irrationnelle, soit à 200%». En d'autres termes, le service, qui devait accueillir 400 malades par an, prend en charge 800 malades annuellement. Des rapports détaillés sont transmis à la tutelle pour doter le secteur du matériel nécessaire, pouvant prendre en charge le nombre important de malades recensés annuellement. Mais à ce jour, aucune suite n'a été donnée à ces requêtes. Il est à rappeler que plus de 40 000 cas, dont 9000 cancers du sein, sont dépistés chaque année en Algérie, selon de récentes statistiques. La plupart des malades décèdent pour absence ou mauvaise prise en charge. Selon les spécialistes, il y a un grand manque de services de radiothérapie en Algérie. Outre les cinq centres existants actuellement en Algérie, un projet lancé depuis 2001 pour la réalisation de 17 nouveaux établissements tarde à voir le jour. Un autre problème récurrent expose également les cancéreux au danger de mort en Algérie. Il s'agit de la pénurie des médicaments et des traitements anticancéreux. Plusieurs SOS sont lancés à l'intention du ministère de la Santé afin qu'il vienne à la rescousse des alités, mais aucune amélioration n'est ressentie et la situation perdure et des milliers de malades sont livrés à eux-mêmes.