Rabah Saâdane n'est plus entraîneur de l'équipe nationale. Il a remis hier matin sa démission au président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, qui l'a acceptée. Cette tournure des évènements était pressentie dès lors que les Verts n'étaient pas parvenus à prendre le dessus sur les Tanzaniens dans leur premier match de la phase de qualifications à la CAN 2012. L'entraîneur national était, en quelque sorte, placé au pied du mur et semblait être tenu d'enregistrer un résultat positif au risque d'être poussé à la démission. Le match nul a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase jusqu'à le forcer à prendre la décision de partir. Ce départ intervient au lendemain d'un match qui s'était déroulé à Blida, une ville choisie, si l'on en croit le président de la FAF, par l'entraîneur national qui pensait que dans cette ville les supporters étaient moins exigeants que ceux de la capitale. Il a fini par constater que ce soit à Alger, Blida, Bel Abbès, Béchar, Constantine, Annaba ou Tizi Ouzou, les supporters algériens sont les mêmes, certains, en minorité, se montrant très sportifs, d'autres ne tolérant pas la moindre faiblesse de leur équipe et n'hésitant pas à fustiger le coach national jusqu'à l'abreuver d'insultes et de critiques. Et Saâdane a été largement «servi» dans ce domaine vendredi soir. C'est certainement ce comportement du public à son égard qui l'a amené à rédiger sa lettre de démission. Il devait quitter son poste au lendemain de la Coupe du monde, une compétition durant laquelle les observateurs algériens, dans leur majorité, avaient estimé que l'équipe nationale n'avait pas atteint l'objectif qui lui avait été fixé, à savoir le passage au second tour. A ce moment-là, la presse le donnait comme partant certain et avait même avancé des noms d'entraîneurs pour le remplacer. Saâdane avait alors fait planer le doute sur son avenir. «J'attends de voir le président de la FAF, à son retour d'Afrique du Sud, pour décider de ce que je vais faire», disait-il alors. Il avait fini par être reçu par Raouraoua, une entrevue qui s'était terminée sur une sorte de pacte entre les deux hommes selon lequel l'entraîneur national avait une mission à mener et qu'il convenait de le maintenir à son poste. «J'ai accepté de continuer pour ne pas laisser l'équipe nationale sans entraîneur alors que l'échéance de la qualification à la CAN 2012 approche», expliquait-il après sa discussion avec le responsable du football algérien. Il s'en va à un moment où cette phase de qualification vient de débuter et que le prochain match contre la République centre-africaine va se jouer dans un mois. C'est dire que le président de la fédération est appelé à précipiter les choses pour nommer, au plus vite, un entraîneur national sachant que les convocations des joueurs, notamment ceux de l'étranger doivent parvenir dans leurs clubs respectifs au minimum 15 jours avant le match en question. Lors d'une conférence de presse avant la Coupe du monde, M. Raouraoua avait démenti avoir pris contact avec des coaches étrangers à une période où les rumeurs de départ de Saâdane après le Mondial circulaient. «Je peux vous certifier que je n'ai appelé personne et que sur mon bureau je n'ai aucune proposition ni CV de quiconque», affirmait-il. Il lui faudra bien maintenant se décider à appeler quelqu'un car il y a urgence. Récemment, la presse a fait état d'une entrevue qu'il a eue avec l'entraîneur du Mouloudia d'Alger, Alain Michel. Aucune des deux parties n'avaient démenti cette information et on avait même prétendu que Raouraoua lui avait proposé de prendre en charge le volet formation de la fédération. Aujourd'hui, il ne serait pas impossible que le Français soit celui qui sera appelé pour suppléer au départ de Saâdane. En tout cas, les jours, voire les heures qui viennent nous édifieront sur le sujet. Toujours est-il que Rabah Saâdane sera resté à la tête de l'équipe nationale un peu moins de trois ans, une sorte de petit record quand on sait qu'en Algérie le poste d'entraîneur national de football n'est guère un gage de stabilité. Saâdane vient ainsi de boucler son 5e «mandat» à la tête des Verts, lui qui avait été entraîneur national en 1981-82 (adjoint de Rogov), en 1984-86, en 1999, en 2004 et d'octobre 2007 à septembre 2010). Il quitte son poste après avoir emmené l'équipe nationale à la Coupe du monde et à la CAN 2010. Il est, pour le moment, l'entraîneur national algérien le plus titré si on compte qu'il était aux côtés de Rogov à l'occasion de la qualification des Verts au Mondial de 1982, qu'il était entraîneur national en chef de l'équipe nationale qui s'était qualifiée aux Coupes du monde de 1986 et de 2010, qu'il avait mené cette équipe nationale aux demi-finales de la CAN 2010, aux quarts de finale de la CAN 2004, qu'il avait remporté la Coupe d'Afrique des clubs champions avec le Raja Casablanca en 1989 et la Ligue des champions arabe avec l'Entente de Sétif en 2007. Il sera difficile à un autre entraîneur algérien d'en faire autant.