Le cinéaste Claude Chabrol est décédé dimanche matin à l'âge de 80 ans. Il avait réalisé Le Beau Serge, Le Boucher, Madame Bovary, La Cérémonie et Merci pour le chocolat. Il est né le 24 juin 1930 à Paris dans une famille de pharmaciens. Il avait passé son adolescence dans la Creuse, pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de s'inscrire aux facultés de lettres et de pharmacie de Paris. Durant toute sa carrière, il avait dépeint avec cruauté et gourmandise les mœurs de la bourgeoisie de province, avec ses scandales étouffés sous une respectabilité de façade, n'hésitant pas à forcer le trait jusqu'à la limite de la noirceur absolue. Après avoir participé en tant que critique de cinéma au lancement de la nouvelle vague en écrivant dans les Cahiers du cinéma (1952-1957), Chabrol, pas encore trentenaire, perce grâce au Beau Serge (1957), avec deux nouveaux venus, Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont. Durant les années soixante, il enchaîne les films avec sa nouvelle épouse, la comédienne Stéphane Audran qui sera sa première interprète fétiche (La femme infidèle, Le Boucher, 1969, Juste avant la nuit, 1970). Ensuite, avec Violette Nozière (1978), célèbre empoisonneuse parricide dans les années trente, il contribue à révéler le talent de l'actrice Isabelle Huppert. Claude Chabrol lui confiera le rôle principal dans cinq autres films dont Une affaire de femmes (1988), La Cérémonie (1995) et Merci pour le chocolat (2000, Prix Louis-Delluc), élargissant sa galerie de «monstres», mais aussi Madame Bovary. Plus légers, Inspecteur Lavardin et Poulet au vinaigre, ses polars provinciaux tournés avec le comédien Jean Poiret, connaîtront un vif succès. L'ensemble de sa carrière (plus de 80 films pour le cinéma et la télévision) a été couronné par le prix René Clair de l'Académie française (2005) et le grand prix 2010 des auteurs et compositeurs dramatiques. Figure populaire habituée des plateaux télé pour son humour et son franc-parler, c'est d'abord en exerçant le métier de critique qu'il entre dans le monde du cinéma. Il a notamment accompagné le lancement de la nouvelle vague aux Cahiers du cinéma aux côtés de François Truffaut ou encore Jacques Rivette.