La gestion catastrophique des vols continue au niveau du pavillon national. Ne se limitant pas uniquement aux vols programmés durant la saison estivale, les retards, les annulations de vols et l'abandon des passagers dans les aéroports ont caractérisé les opérations de transport des pèlerins dans les périples effectués depuis plusieurs mois. La phase retour est encore plus cruciale. Les retards ont atteint des seuils insoutenables. «Nous sommes arrivés à faire des retards de 40 heures pour ramener les pèlerins de Djeddah et de Médine. Aucun vol de la compagnie n'a décollé à son horaire normal. Il nous est arrivé de rajouter deux jours supplémentaires voire cinq jours pour trouver enfin un avion qui puisse ramener ces passagers. D'ailleurs, on ne sait plus si on peut appeler cela un retard ? Les pèlerins qui ne sont malheureusement pas des jeunes gens sont livrés à eux-mêmes. Ils se trouvent dans des situations catastrophiques au niveau des aéroports à attendre un vol vers Alger», affirment des membres du personnel d'Air Algérie qui imputent cette situation critique que traverse le pavillon national depuis quelque temps à «la mauvaise gestion et au manque de compétence qui prend le dessus à la compagnie». «On ne peut plus gérer les vols de saisons particulières comme la saison estivale ou encore le hadj. Dès que ça sort des vols quotidiens, la pagaille s'installe. Pourtant, il y a trois ans de cela, nous avons géré des saisons estivales et des vols de hadj dans d'excellentes conditions avec une organisation plus que parfaite», diront-ils encore. L'émir de Médine intervient pour les pèlerins algériens Ayant constaté les difficultés rencontrées par les pèlerins algériens dans l'aéroport de sa ville, l'émir de Médine a appelé la direction d'Air Algérie, l'informant d'un ultimatum de 24 heures pour évacuer tous les passagers. Cet incident a eu lieu il y a deux jours après que les passagers eurent été malmenés dans cet aéroport en raison du vol qui a fait plus de sept heures de retard. Pas plus loin qu'hier, la compagnie a prévu, en début de journée, un retard de sept heures sur le vol à destination de Dubaï. Ce dernier a été programmé à 16h30, la compagnie l'a déprogrammé pour 23h30 sans prendre la précaution d'informer les passagers qui sont contraints de passer cette nuit à l'aéroport en attendant la disponibilité d'un avion. «C'est l'image de la compagnie et de l'Algérie qui a été affecté par ce genre d'attitudes et de comportements», contestent ces travailleurs. L'argument avancé par les responsables de la compagnie aérienne sur l'insuffisance des avions qui a nécessité l'acquisition de nouveaux porteurs ne tient pas debout, selon les travailleurs de la compagnie. «C'est un problème de gestion de ressources humaines qui est actuellement posé. D'abord, le nombre des membres de l'équipage est toujours en surplus au niveau de notre compagnie. Les gros porteurs d'Air Algérie font entre 35 à 40 vols par mois alors que la norme internationale prévoit 80 vols mensuellement. Nous sommes loin des normes établies par l'aviation internationale. Au lieu de combler cette lacune, on préfère aller à l'affrètement qui est, pour nous, une solution de facilité qui donne lieu à des dépassements multiples», diront ces travailleurs. Les inspections se succèdent «C'est la meilleure façon de tuer la compagnie et de bloquer son personnel». S'ajoutent à ces problèmes de programmation d'autres défaillances enregistrées au niveau des prestations destinées aux passagers des longs- courriers. «Tout cela a fait que la compagnie a enregistré un recul énorme. Les vols vers les destinations les plus privilégiées de la compagnie partent presque vides. Les compagnies étrangères ont récupéré les clients et se sont taillé une bonne part du marché», ont-ils regretté. Les inspections des différentes organisations du domaine de l'aviation se succèdent. La dernière en date est la commission de l'IATA de Paris ayant relevé lors de sa mission effectuée la semaine dernière «de gros problèmes de management dont les conséquences sont redoutables sur la sécurité des vols». D'autres inspections vont également intervenir dans les prochains jours à l'exemple de IODA sur la sécurité aérienne. La compagnie a enregistré beaucoup d'avertissements et de payements de pénalités à cause des défaillances relatives aux retards. «Les retards engendrent la perte du créneau réservé à l'aéroport et cela crée d'énormes problèmes de sécurité dans les pays qui appliquent une réglementation rigoureuse en la matière».