La situation catastrophique que connaissent les passagers d'Air Algérie depuis quelques jours risque de durer longtemps encore. Les retards et les annulations de vols vers plusieurs destinations constatés en ce début de saison estivale sont imputés «à une opération de restructuration de l'organisation de travail menée par la direction du pavillon national», affirment des sources proches d'Air Algérie. «Ni les six vols vers Johannesburg ni la grève des aiguilleurs de France ne sont à l'origine de ces retards intolérables. Il suffit de comparer avec l'opération de Khartoum où il a été question de faire un pont aérien pour transporter les supporters des Verts. Comme cela a été également avec la saison du hadj, mais la situation a été parfaitement maîtrisée. Aujourd'hui, il y a un sérieux problème de gestion qui se pose de façon cruciale. La nouvelle organisation du travail mise en place par la direction, qui a complètement chamboulé le programme, a laissé place à beaucoup de défaillances et créé d'énormes dysfonctionnements et de blocages. Il s'est avéré après quelques semaines que c'est une méthode inadéquate. Je vous donne un exemple : avant, un directeur des opérations supervisait les vols et gérait le personnel navigant ; la nouvelle organisation a mis en place trois responsables pour veiller à l'application d'un programme de vol. L'un travaille la veille du vol, l'autre suit le jour même et un troisième s'occupe de la sanction», nous affirme notre source. Cette méthode de travail, déplorée par l'ensemble du personnel navigant de la compagnie aérienne nationale, n'a fait qu'aggraver les choses. «Le personnel a tiré la sonnette d'alarme avant la mise en place de cette nouvelle organisation, précisant qu'elle va provoquer des blocages terribles. Ceci en plus du fait qu'une mesure aussi importante ne pouvait être prise la veille de la saison estivale où le trafic est trop important», ajoute notre source. Le personnel navigant déplore le manque de concertation et de dialogue entre les responsables de la compagnie et les travailleurs. «Le personnel est saturé. Une organisation du travail doit avoir l'aval de tout le monde. Ce n'est pas le cas chez nous où tout est imposé, même si ces décisions influent négativement sur le travail.» Amendes, avertissements et risque de retrait de licence Outre la pénalisation des passagers et la colère du personnel, les retards et les annulations constatés depuis le début de la saison estivale ont des répercussions lourdes sur la compagnie, lui causant un préjudice moral et financier assez conséquent. «Depuis le début de l'été, les passagers d'Air Algérie sont débarqués par les services de sécurité dans les aéroports français des régions de Provence puisque les aéroports en question refusent d'assumer les conséquences de la gestion catastrophique des vols et craignent des problèmes de sécurité. La compagnie nationale a été interpellée plusieurs fois sur la question», affirment nos sources. L'impact financier est également assez lourd. «On a infligé le payement de plusieurs amendes et avertissements à la compagnie. A Montréal, une amende de 40 000 dollars plus un avertissement de retrait de la licence d'exploitation ont été prononcés par l'aéroport suite à l'annulation d'un vol la semaine passée. A Frankfurt, la compagnie a dû payer une amende de 50 euros suite à un retard», affirment nos sources. Les retards des vols ne peuvent pas être expliqués par le manque d'appareils. «Le programme de vente de billets et d'exploitation est établi en fonction du matériel et des moyens existants. La flotte a été renforcée par de nouveaux appareils de type ATR que nous avons totalement réceptionnés. Il reste les deux Boeings qui sont prévus en septembre. Tout cela n'a rien à voir avec la situation cruciale que nous vivons actuellement.» Nos sources soulignent les pannes fréquentes des avions. «Les pannes relèvent essentiellement d'un problème de maintenance. Ce que nous ne comprenons pas, c'est le manque des pièces de rechange qui est devenu crucial ces derniers temps.»