A New York, où le président Ahmadinejad a prédit la fin du capitalisme et la possibilité d'une guerre «sans limites» avec le gendarme du monde, un autre fâcheux sujet pollue l'atmosphère de l'Assemblée générale de l'Onu. L'empire du Milieu est au centre d'une grave crise avec son voisin nippon. La Chine populaire a menacé le Japon de représailles si le capitaine d'un chalutier chinois n'est pas libéré dans l'immédiat. Une manière de rappeler clairement au gouvernement de Tokyo que les îles Diaoyu font partie du «territoire chinois sacré», ce qu'a priori le pays du soleil levant n'entend pas de la même oreille. Malgré les tentatives d'apaisement amorcées par certains hauts responsables nippons, la Chine se refuse à faire machine arrière. Quant aux discussions à un haut niveau que le Japon veut ouvrir dès que possible, le gouvernement de Wen Jiabao préfère les ajourner même si aucune date n'a été fixée. La Chine populaire éviterait-elle de se mettre plus de pressions, celles qu'exercent en ce moment les Etats-Unis sur elle sont assez déstabilisantes comme ça ? Il faut dire qu'il ne passe plus une semaine sans que le gouvernement de Washington émette des signaux d'alerte à l'adresse du gouvernement de Pékin. Bien que les ingérences, concernant les questions du respect des droits de l'homme et l'indépendance du Tibet, ont sensiblement baissé, l'administration américaine «attaque» sur d'autres fronts. En plus des demandes insistantes de l'Amérique afin que la monnaie chinoise soit appréciée à sa juste valeur - le billet vert n'arrête plus de perdre de son éclat -, les Etats-Unis ont tapé là où ça fait mal. Le 15 septembre dernier, Washington est même allé jusqu'à déposer plainte devant l'organisation mondiale du commerce, se plaignant de l'attitude la Chine qui a imposé des droits de douane sur certains produits sidérurgiques. Les autorités de Pékin se seraient arrangées à régler ce différend commercial devant les instances juridiques de l'OMC. Sauf que les actuelles pressions américaines sont aussi diplomatiques. Et en la matière, personne n'est mieux placé qu'Hillary Clinton pour déclencher les sirènes. Profitant d'un entretien avec son homologue chinois, Yang Jiechi, la patronne du Département d'Etat, qui souhaite que des leaders responsables prennent le contrôle en Iran, a invité Pékin à appliquer les sanctions internationales contre la République islamique d'Iran et contre la Corée du Nord afin de les obliger à revenir à la table de la négociation. Mais demander à l'empire de sanctionner ces deux alliés reviendrait à exiger de la Fédération de Russie de s'abstenir de vendre de nouvelles armes à la Syrie. Chose qu'elle envisage de faire que cela plaise ou non à l'alliance américano-israélienne. Que peut la Chine d'autre face à cette demande express des Etats-Unis qui comptent bien isoler les mollahs et réduire son influence alors que les négociations de paix directes palestino-israéliennes sont en phase critique ? Reporte-t-elle une seconde fois la visite du représentant US, Robert Einhom, qui devrait atterrir la semaine prochaine à Pékin pour discuter de l'application de ces sanctions ? Les choses devraient s'éclaircir un peu plus après la rencontre prévue à New York entre le président Obama et le Premier ministre Wen Jiabao. Mais force de croire que le beau temps n'est pas prévu au lendemain de ce tête-à-tête. Passant devant le Japon sur le classement mondial des puissances économiques et prônant un ordre multilatéralisme dans la gestion des questions internationales, celui justement promis par Hillary Clinton, la Chine populaire ne se laisserait pas dicter des ordres ou une quelconque conduite. En plus de préparer pas à pas l'internationalisation de son Yuan, elle ne se laisse guère intimider par des pressions qui n'ont rien d'inédites. Et tant pis si des blogueurs raillent son «nationalisme de façade» et bafouent l'honneur national dont elle se déclare être l'unique garante contre les vents d'ouest.