Pékin a exclu d'avance, hier, toute possibilité de désescalade dans la crise sino-japonaise déclenchée par un incident maritime, avertissant que l'atmosphère entre la Chine et le Japon n'était «pas propice» à une rencontre de leurs Premiers ministres cette semaine à New York. Peu avant, Tokyo lançait une mise en garde contre une montée du nationalisme, alors que les puissances asiatiques rivales traversent leur plus grave crise diplomatique depuis 2006, date de violentes manifestations antijaponaises en Chine. «A l'évidence, l'atmosphère n'est pas propice à une telle rencontre», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu, interrogée lors d'un point de presse sur l'éventualité d'une rencontre du Premier ministre chinois Wen Jiabao et de son homologue japonais Naoto Kan, présents à New York cette semaine. Les chefs de gouvernement des 2e et 3e économies mondiales, que le président américain Barack Obama doit rencontrer jeudi, séparément, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, devront donc soigneusement s'éviter à New York, où la réunion de l'ONU fournit habituellement l'occasion d'entretiens. C'est l'arraisonnement, le 7 septembre, d'un chalutier chinois après une collision avec deux patrouilleurs nippons près d'îlots de mer de Chine orientale revendiqués par les deux pays (ainsi que Taiwan), qui a mis le feu aux poudres. Ces îles inhabitées, «Senkaku» en japonais et «Diaoyu» en chinois, se trouvent dans des eaux poissonneuses, dans une zone riche en hydrocarbures, gaz notamment, et stratégique sur la route de la Chine vers la haute mer. «La question a gravement porté atteinte aux relations bilatérales. La clé, pour éviter une nouvelle détérioration de la situation, est que le Japon laisse le capitaine rentrer immédiatement et sans condition», a martelé Jiang Yu. Ne décolérant pas depuis son arrestation, Pékin a convoqué l'ambassadeur du Japon un nombre exceptionnel de fois, six fois, exigeant la libération du capitaine, dont la détention vient d'être prolongée jusqu'au 29 septembre. Dimanche, la Chine a également menacé d'exercer de «fermes mesures de rétorsion» à l'encontre du Japon et suspendu les contacts de haut niveau avec Tokyo, ce qui, implicitement, excluait déjà une rencontre Wen-Kan à New York. Face à l'ire et aux menaces de la Chine, le Japon a conservé un ton plus mesuré, tout en restant ferme. «Le plus important est que les responsables gouvernementaux fassent attention de ne pas encourager l'extrême nationalisme au Japon, en Chine et dans d'autres pays», a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement japonais Yoshito Sengoku. Cette mise en garde est intervenue trois jours après des manifestations antijaponaises à Pékin, Shanghai (est) et Shenyang (nord), qui sans avoir réuni des foules considérables, avaient néanmoins reçu l'aval du PC chinois. «Nous voulons utiliser tous les canaux possibles pour éviter que ce problème ne s'envenime», a assuré le porte-parole japonais.