La 61e session de l'assemblée générale des Nations unies coïncide avec le prochain départ de son secrétaire général. Beaucoup de chefs d'Etat parmi les 192 membres de l'Organisation des Nations unies seront présents à partir de demain à New York pour assister à l'ouverture de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU qui marquera, cette année, la fin du deuxième mandat de Kofi Annan à la tête de l'institution internationale et l'élection de son successeur qui sera, selon toute probabilité, du fait de la rotation géographique des postes, dévolu à un représentant de l'Asie. Six candidats, dont une femme -la présidente lettone Vaira Vike-Freiberga, (Europe de l'Est)- briguent le siège de secrétaire général de l'ONU qui sera laissé vacant par M. Annan, le 31 décembre prochain. Le chef de la diplomatie de la Corée du Sud, Ban Ki-moon, 62 ans, diplomate de carrière, semble, à l'heure actuelle, le mieux placé pour succéder à M.Annan. Outre cet impératif à remplir, l'Assemblée générale sera confrontée, comme chaque année, aux crises qui agitent le monde, dont le dossier du Proche-Orient sera pour la cinquante neuvième année consécutive devant les assises des Etats du monde. La crise nucléaire iranienne, celle humanitaire au Darfour, les guerres en Irak et en Afghanistan, toujours à l'ordre du jour seront parmi les questions récurrentes qui occuperont les travaux de la 61e Assemblée générale de l'ONU. Il sera également question, encore une fois, de la nécessité de réformer l'ONU, mais des réformes aujourd'hui en stand by dans la mesure où la configuration future du Conseil de sécurité -son élargissement, la question des sièges permanents- fait problème, gelant quasiment toutes les autres approches liées aux réformes que doit subir l'institution internationale. Lancées en grande pompe par Kofi Annan, au lendemain du séminaire du Millenium -organisé en 2000 en vue de la refondation de l'organisation internationale - les réformes tardent à se concrétiser sur le terrain d'autant plus que le monde a, plus que jamais, besoin d'une organisation capable de prendre des décisions sans se sentir menacée, être intimidée ou placée sous la férule d'un Etat membre aussi puissant soit-il. C'est demain donc que s'ouvre officiellement une session charnière pour l'institution internationale avec la déclaration attendue du président américain, George W.Bush, qui sera ainsi le premier à intervenir devant l'Assemblée générale des Nations unies. Il ne fait pas de doute que M.Bush évoquera, à nouveau, la question de la lutte antiterroriste que les Etats-Unis en ont fait un problème national alors que la lutte contre ce fléau, qui est universel, a besoin de la coopération et du concours de toutes les nations du monde. Outre le discours du président de la grande puissance mondiale, celui, non moins attendu, sera celui que prononcera le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui viendra défendre à l'ONU le droit de son pays au nucléaire comme l'y autorise le protocole du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) auquel Téhéran est partie prenante. Le président iranien, mettant à profit sa présence à New York, a proposé à son homologue américain un débat public à l'ONU, débat que l'hôte de la Maison-Blanche a rejeté. Durant la session qui s'étalera sur deux semaines, plusieurs figures de la politique internationale, connues ou moins médiatisées, prendront la parole dans ce forum mondial qui donnera à chacun de dire sa perception du monde et la manière de porter remède aux crises qui mettent la paix et la sécurité internationale en danger. Mais d'ores et déjà, la question du Darfour, le nucléaire iranien, sans doute le nucléaire nord-coréen, et bien sûr le choix du futur secrétaire général de l'ONU seront au centre des débats alors que les pays arabes tenteront de remettre le processus de paix au Proche-Orient à l'ordre du jour de l'Assemblée, d'autant plus que le contentieux israélo-arabe est le plus vieux conflit de l'après-Seconde Guerre mondiale mais toujours pas résolu. D'autre part, c'est le Soudan qui sera dans le collimateur de l'Assemblée générale en référence à la grave crise humanitaire qui sévit dans la province rebelle du Darfour, alors que la guerre y a fait, selon les chiffres de l'ONU, entre 180.000 et 300.000 morts en trois années. L'autre point qui sera abordé sera celui des réformes demeurées en deçà des attentes alors que l'actuel secrétaire général de l'ONU qui s'est beaucoup investi pour améliorer l'image de marque des Nations unies ne verra pas leur concrétisation. Toutefois, ses pairs estiment que Kofi Annan, qui est resté dix ans à la tête de l'ONU, a été l'un des meilleurs secrétaires généraux de l'institution internationale depuis le Suédois Dag Hammarskjöld (1953-1961) qui est resté une légende. Ainsi, M.Annan restera dans l'histoire, estiment nombre de commentateurs, notamment au titre des actions qu'il a menées pour reformer l'organisation et lui redonner le prestige qui doit être le sien face singulièrement aux obstructions des grandes puissances, particulièrement les Etats-Unis.