Le secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger est revenu hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III, sur l'affaire de Sarah Benouis, décédée à La Mecque. Le ministre est resté évasif quant à la question de savoir si «cette ressortissante a été assassinée, morte accidentellement ou s'est suicidée». Il se contente de dire que «les résultats de l'enquête diligentée par les autorités saoudiennes feront la lumière sur les conditions à l'origine du décès de cette femme», ajoutant que «la protection consulaire des ressortissants algériens est une priorité». Selon l'invité de la rédaction, «les autorités ont engagé un avocat pour les parents de la victime». Sur la question de la libération d'Algériens incarcérés en Syrie, en Grèce et en Turquie, il a indiqué que pour celui incarcéré en Syrie «il était condamné à perpétuité puis, à l'issue d'une longue démarche, condamné à 15 ans et puis libéré suite aux démarches entreprises auprès de nos homologues syriens». Il a précisé que les autres cas étaient emprisonnés pour présence irrégulière sur le sol étranger, notamment en Grèce. A propos du nombre de ces personnes et dont la presse a fait état de 500 (chiffre jugé surréaliste par le ministre), ce dernier a apporté des précisions en annonçant le chiffre de «150, et ce, sous réserve car l'identification de ces personnes se poursuit», selon lui. Usant d'un franc parler, le ministre indiqua : «Il y a une filière qui s'est constituée pour abuser de la bonne foi des jeunes Algériens qui sont acheminés vers la Turquie où leurs papiers ont été retirés et se retrouvent en situation irrégulière et plus particulièrement sur l'île d'Izmir d'où ils sont transportés vers une île grecque». Il ajoutera que les autorités grecques sont submergées et assaillies par le phénomène des harraga venus de divers pays. Si le chiffre avancé est, pour l'heure, de 150 harraga, le ministre a souligné que «d'ici la fin de l'année, le nombre atteindra le millier». Il a reconnu que la filière turque active à partir du sol algérien et que «ces jeunes payent un prix exorbitant moyennant les services de celle-ci», martelant que «cette entreprise est une escroquerie». Il ajoutera sur ce volet que «des investigations sont en cours pour démanteler la filière». Au sujet des détenus en Libye, il indique sans plus de précisions que «le dossier reste ouvert». Le ministre a également donné son avis sur les incidents qui se sont déroulés lors de la omra. «Les autorités algériennes ont pris des mesures idoines en matière de prise en charge (...) Le décès d'une femme résulte d'une déficience en matière d'assistance. Les autorités prendront en charge les carences relevées», a-t-il affirmé, soulignant que «les leçons ont été tirées et nous ferons en sorte que de telles situations ne puissent pas se répéter». Les familles algériennes spoliées de leurs terres au Maroc Abordant la question des familles algériennes spoliées de leurs terres au Maroc, il insistera sur le fait que «les familles algériennes touchées par l'expropriation n'ont pas été indemnisées, contrairement aux ressortissants européens». «C'est une vérité et le contentieux dure depuis des décennies», devait-il dire tout en précisant que «la divergence entre les gouvernements algérien et marocain réside dans l'approche de la question et que les Marocains préfèrent verser dans la propagande par le biais des associations et loin de l'esprit de responsabilité.» «Il y a de très mauvaises dispositions pour le dialogue», confie-t-il. Xénophobie, islamophobie, immigration clandestine et visas Au sujet de la dangereuse montée de xenophobie en Europe, le ministre reconnaît le caractère de dangerosité que revêt ce phénomène, affirmant dans ce sens que «cette question préoccupe à un haut niveau le gouvernement algérien». «De plus en plus d'Algériens sont sujet à des actes de discrimination. Ce phénomène sera une des priorités au même titre que le problème des harraga, des milieux de culte, de l'éducation, de l'élite sportive etc.», a tenu à souligner l'invité de la rédaction. Le ministre lance un message à la contribution de la communauté algérienne en vue de maîtriser les problèmes qu'ils rencontrent. Interrogé sur les nouvelles mesures devant combattre l'immigration clandestine, le ministre indiqua que «la protection consulaire demeure en aval, à savoir notamment le rapatriement des Algériens dans le cadre d'accords bilatéraux», ajoutant que «l'identification demeure un des problèmes rencontrés». Il a précisé qu'«au moins 50% des personnes détenues seront rapatriées tandis que le reste est en voie d'être identifié». Le ministre a donné des assurances à ce sujet : «Les opérations seront effectuées selon la demande du pays d'accueil et de la personne elle-même. Bien que les statistiques ne soient pas fiables, le nombre d'Algériens en situation irrégulière avoisine le millier.» Sur la question de la difficulté d'obtention de visa, le ministre a avoué que «la piste bilatérale est la seule voie possible et il y a des propositions de négociations pour l'obtention de visas normaux qui sont sur le point d'être pris en considération, notamment par l'Espagne». Les sociétés de visa, un flou juridique Le ministre reconnaît par ailleurs qu'il existe un «flou juridique entourant les sociétés de visa». Il a affirmé que «le statut des sociétés prestataires de service qui traitent des dossiers de visas et qui activent en Algérie doit être clarifié». Il a mis en relief l'aspect commercial que revêtent ces sociétés qui, selon lui, «agissent comme des entreprises commerciales».