qu'ont donc pu bien faire de mal certains magistrats du siège qui ont entre les mains des dossiers malheureux, surtout dans le domaine de l'abus de confiance, de l'escroquerie, de vol ? Quelle est donc cette malédiction qui veut que des gens malhonnêtes jouent aux fils de famille, qui n'ont d'autres voies à suivre que la justice ? L'abus de confiance est par l'article 376 du code pénal à des peines d'emprisonnement ferme de trois mois à trois ans et d'une amende de cinq cents à vingt mille dinars. Il est vrai que ce qui est difficile pour le juge du siège, c'est d'avoir la preuve que l'abus de confiance y est. Il ne suffit pas seulement de le dire, de le crier. Il faut surtout le prouver. Tout dossier de ce genre repose sur des documents ou, mieux, des témoins qui jurent de ne dire que la vérité. Le reste est du pouvoir du juge. La victime de vol est accompagnée de sa moitié qui est aussi témoin du méfait. Devant Samira Kirat, la présidente du pénal, la victime, agacée par les agissements de l'inculpé, raconte la drôle mésaventure qu'est allée de la mauvaise foi à l'escroquerie, en passant par l'abus de confiance. Et comme la justice, ici représentée par Kirat, on a préféré rester sur l'abus de confiance, délit puni par l'article 376 du code pénal. De quoi s'agit-il ? Une voisine est venue demander à l'enfant de l'antique Cirta de lui prêter une ceinture en or d'une valeur de trente-sept millions de centimes en 2010, la voisine, sétifienne d'origine, joue la générosité, puis ouvre le coffre, déplie et replie l'objet en or avant de le tendre à la dame. Et que croyez-vous que fit la bonne voisine ? Elle s'en alla en laissant derrière elle trente-sept millions pour ne plus donner signe de vie. - «Depuis combien de temps vous ne l'avez plus revue ?», demande la présidente sans vouloir poser trop de questions, car elle a sous les yeux le procès-verbal d'audition. - «Dix-huit mois», répond la victime, le visage décomposé. - «lui avez-vous rendu visite chez elle et quand ?», demande la magistrate, alors que Naïma Amirat, la représentante du ministère public s'affairait à jeter un œil sur le dossier. - «elle a déménagé. Elle est partie sans me saluer, c'est ce qui m'a poussé à déposer plainte», crache la victime dont l'époux est resté muet, car il savait que tant que le tribunal ne lui avait pas adressé la parole c'était la seule position à garder. Il ne restera plus à Kirat qu'à feuilleter une énième fois le dossier avant de se tourner vers l'inculpée d'abus de confiance et lui demander de prononcer le dernier mot. - «je suis innocente», dit-elle. La femme avait un œil absent, l'autre fixant la juge comme pour la prier d'en finir avec ce cauchemar. Et ce sera d'ailleurs sur cette crainte que la juge annoncera la mise en examen de cette affaire.