Rahim, la quinzaine, est très connu à Birkhadem. Au fil du temps, il est devenu un «professionnel» en la matière. Avec son frère aîné Mourad, ils sont devenus de véritables vagabonds. Le drame de ces enfants a commencé depuis que leur mère vit sur le trottoir après une dépression nerveuse. Au début, sa maladie était supportable mais elle a fini par s'aggraver au fil du temps. Selon ses voisins, c'est son mari, qui, sans état d'âme, est derrière son malheur, quand il l'a jetée à la rue avec ses deux enfants. Depuis, pour survivre, elle a opté pour la mendicité. «Donnez-moi de l'argent pour faire vivre mes enfants !». Une phrase qu'elle répète à longueur de journée et quasiment tous les habitants de cette localité la croient puisqu'ils connaissent son histoire. C'est ainsi qu'elle obtient l'aide de tout le monde. Ses enfants ont pris précocement la relève. En raison de l'indifférence des pouvoirs publics et des défaillances des dispositifs de prise en charge des familles nécessiteuses par les structures spécialisées, Mourad et Rahim sont devenus des mendiants. Rencontrée devant la mosquée Rahma à Alger, Amina, 14 ans, raconte : «J'ai commencé à mendier dès mon plus jeune âge. Je suis venue avec ma mère d'Oran, il y a une dizaine d'années». Et d'ajouter : «C'est un métier très difficile et dangereux. Chaque jour que Dieu fait, nous assistons à des bagarres interminables entre les mendiants habitués des lieux et ceux venus d'ailleurs». «C'est la loi de la jungle, ici, on ne tolère pas la présence de nouvelles têtes qui espèrent s'intégrer au sein du groupe. Les femmes qui fréquentent ce lieu, se connaissent parfaitement et à chacune son style pour apitoyer les gens», confirme une autre mendiante. Une adolescente, également habituée de l'endroit, révèle : «Nous ne faisons confiance à personne, surtout que nous sommes confrontées, assez souvent, à des voyous et à des gens malhonnêtes.». Gagner dignement sa vie, c'est possible n Certains ont trouvé un autre moyen de subsistance, autre que la mendicité : la vente à la sauvette. A longueur de journée, les vendeurs de la place des Martyrs, à Alger, répètent les mêmes formules. Ils ne restent pas cloués sur place mais vont jusqu'à harceler chaque passant en bradant leur marchandise. Leur nombre ne cesse d'augmenter surtout devant la montée du chômage, la hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation et la détérioration du pouvoir d'achat. Du coup, de nombreux jeunes confrontés à cette situation, n'ont plus le choix. Ils n'hésitent pas à exercer cette activité afin d'éviter de tendre la main ou de voler et, surtout pour ne pas tomber dans les rets des réseaux criminels.