Huit corps de sahraouis ont été découverts mardi dans différentes parties de la ville occupée d'El Ayoun, au lendemain du massacre commis par les forces d'occupation marocaines contre des Sahraouis désarmés dans le camp de Gdeim Izik, a indiqué mercredi le ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l'tranger. Les corps de trois personnes ont été retrouvés sur les rives de Oued Sakia El Hamra, "dont deux ont été abattues par balles alors que la troisième a été écrasée par un véhicule qui pourchassait les habitants du camp", a précisé la même source. Un quatrième corps, celui d'un enfant de 7ans, a été découvert dans le quartier "Douirat", à El Ayoun, à la suite d'une intervention de l'armée et des colons marocains contre les manifestants dans ce quartier, a ajouté la même source. Les corps de quatre autres personnes "dont les circonstances de leur mort demeurent inconnues" ont été retrouvés entre la région de Aouda et Oued Sakia El Hamra, selon la même source. Un premier bilan annoncé mardi par le gouvernement faisant état de de 11 morts, 723 blessés et 159 disparus s'est alourdi portant le nombre de morts à 19. La ville occupée d'El Ayoun "vit toujours dans un état siège militaire et sécuritaire et un couvre-feu dans un climat de terreur et de menaces contre les citoyens sahraouis", affirme le ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l'étranger. Par ailleurs, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et Secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, a qualifié mercredi à Alger, l'attaque menée lundi dernier par les forces marocaines contre le camp sahraoui près d'El Ayoun d'"acte suicidaire" de la part des autorités marocaines. L'opération criminelle menée par le Maroc contre les sahraouis "est un acte suicidaire des plus graves que pourrait commettre un dirigeant politique", a indiqué le président sahraoui dans son intervention suite à l'hommage que lui a rendu le quotidien "Echourouk" à l'occasion du 10e anniversaire de sa création. Ce que le Maroc a commis contre des Sahraouis sans défense "traduit un échec politique, notamment concernant la thèse de la marocanité du Sahara occidental, un échec qui s'est étendu aux volets militaire et économique", a-t-il dit. "Cet acte criminel sans précédent dans l'histoire de l'Humanité est intervenu au moment ou le Gouvernement marocain a empêché l'accès aux observateurs étrangers et journalistes qui ont été refoulés des aéroports d'El Ayoun et de Casablanca", a-t-il souligné. M. Abdelaziz a précisé dans ce contexte que "le Maroc veut faire échouer les négociations sur l'autodétermination, quelle que soit leur nature", ajoutant que le gouvernement marocain "avait planifié cette attaque pour qu'elle ait lieu à la veille de la 3e réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc à Manhasset (New York) en vue d'amener les sahraouis à se retirer des négociations et prouver ainsi au monde qu'ils ne veulent pas de paix". Le président sahraoui a indiqué que "la situation dans les territoires sahraouis occupés est toujours la même: persécutions, intimidations et extermination de l'homme sahraoui". Par ailleurs, le président sahraoui a rappelé le discours prononcé le 6 novembre par le souverain marocain qui a proféré des menace à l'égard des Sahraouis dans les territoires occupés, notamment les manifestants et clairement de l'armée sahraouie, de l'administration nationale et de l'Etat sahraoui dans les territoires libérés ainsi que dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. Ce discours, censé apporter des solutions à la situation et aux revendications légitimes des sahraouis à El Ayoun, était annonciateur de l'attaque vile d'il y a deux jours, a souligné le président sahraoui. M. Abdelaziz a également rappelé les souffrances endurées par les Sahraouis en cette journée où ils ont été attaqués par les forces marocaines qui ont tiré des bombes lacrymogènes depuis des hélicoptères, usé de canons à eau et répandu de l'essence sur ce camp pour l'incendier". "Ce qui s'est produit n'a été vécu que sous les régimes iniques et colonialistes", a relevé M. Abdelaziz, précisant que le camp a vite été réduit en cendres du fait de l'agression qui y a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés avant qu'elle ne gagne les habitants de la ville même". "Cette attaque contre des citoyens isolés est sans pareille. C'est un crime abject", a-t-il martelé, s'interrogeant "comment le régime marocain peut-il accepter un acte aussi lâche et d'une telle barbarie?". L'occasion pour le président sahraoui était de lancer, au nom du peuple sahraoui, "un appel de détresse" pour que soient sauvées les vies de citoyens désarmés. Il a interpellé les Nations unies pour une intervention urgente, rappelant à nouveau que le Sahara occidental "n'est pas marocain" et que "nul ne reconnait la souveraineté marocaine (sur ce territoire)". Il a annoncé que les informations actuellement en possession du gouvernement sahraoui confirmaient que "des dizaines de personnes ont été tuées et que plusieurs corps ont été découverts dans des citernes sous terre, sur les rives de Sakia El Hamra et dans le désert". Balles réelles, voitures et camions, matraques, barres de fer et armes blanches ont été utilisées par les forces marocaines pour exécuter leur carnage, a-t-il dit.. Le président sahraoui qui a rappelé que "les recherches des corps de personnes tuées sont toujours en cours" a relevé l'existence de "fosses communes et de centaines de personnes arrêtées ou blessées", appelant toutes les consciences vives à se rendre à El-Ayoun pour constater "de visu" la réalité. Il a par ailleurs demandé aux Nations Unies de dépêcher une mission en urgence au Sahara Occidental, exhortant l'organisation onusienne à "former une police aux côtés de la Minurso pour protéger les civils". Le président Abdelaziz a en outre interpellé toutes les institutions et organisations internationales à prendre position "le plus vite possible", notamment par l'envoi de missions d'enquête pour faire la lumière sur les actes commis par l'armée marocaine. "La partie sahraouie reste préoccupée", a affirmé M. Abdelaziz, soulignant que plus aucune option n'était à exclure et qu'il appartenait au Conseil de sécurité de sauver le peu d'espoir de paix qui subsiste encore. Le président sahraoui a salué le rôle de l'Algérie et son soutien à la cause sahraouie. "La république sahraouie est reconnaissante à l'Algérie pour sa position de principe et historique, en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui, un soutien qui, a-t-il dit, est en parfaite harmonie avec les principes du 1er novembre, la légalité internationale, le droit international et les résolutions des Nations Unies et de l'Union Africaine".