Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié mardi de "très graves" les incidents survenus suite à l'assaut donné lundi par les forces marocaines d'occupation contre le "camp de la liberté" des civils sahraouis près d'El-Ayoun. Dans une intervention à l'Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française a estimé qu'"il y a un problème d'urgence parce qu'à El-Ayoun les chocs ont été violents, les incidents très graves", ajoutant que l'"on ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville, le nombre des blessés et le nombre des morts". Selon un bilan provisoire du ministère sahraoui de l'Information, l'assaut a fait 11 morts et 723 blessés, parmi les civils sahraouis. M. Kouchner a également jugé "inadmissible" le refoulement du Maroc du député communiste Jean-Paul Lecoq. "Je regrette la façon dont vous avez été refoulé du territoire marocain et nous l'avons fait savoir à l'ambassadeur du Maroc en France", a-t-il dit au député qui l'interpellait. M. Lecoq a été refoulé dimanche à son arrivée à l'aéroport de Casablanca. Il a raconté avoir été remis le lendemain matin dans un avion à destination de la France, alors qu'il voulait se rendre dans la ville d'El-Ayoun. L'association des amis de la RASD (AARASD) avait dénoncé "avec vigueur" l'agression par les forces d'occupation marocaines, des populations sahraouies du "camp de la liberté", à Gdeim Izik (près d'El-Ayoun occupée) en état de siège. Dans un communiqué parvenu à l'APS, elle avait confirmé que Lecoq, également président d'honneur du Comité de jumelage de Gonfreville l'Orcher et membre de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, a été refoulé de Casablanca, expulsé par les autorités marocaines et sa police et empêché de se rendre au Sahara occidental. Il en fut de même pour le député européen (espagnol) Willy Meyer, empêché lundi de descendre de son avion à El-Ayoun, a-t-elle ajouté. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a, de son côté, demandé au gouvernement français de faire respecter le droit international suite à cette agression. Les forces d'occupation marocaines ont donné l'assaut tôt lundi contre le campement de la liberté". Ce campement qui abrite quelque 25.000 personnes a été dressé le 19 octobre par les habitants pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de vie. Son attaque intervient alors que devait s'ouvrir à New York, sous l'égide de l'ONU, une nouvelle réunion informelle entre les deux parties en conflit (Polisario et Maroc).