La justice suédoise a ordonné jeudi l'arrestation du fondateur du site WikiLeaks, Julian Assange, citoyen australien de 39 ans, à la suite d'une demande déposée par le Parquet qui va lancer un mandat d'arrêt international dans le cadre d'une enquête pour «viol et agression sexuelle». «Nous le rechercherons à l'international, via Interpol», a déclaré la procureur en charge du dossier, Marianne Ny, qui veut l'interroger. Un premier mandat d'arrêt avait été émis en août à la suite des témoignages de deux femmes ayant accusé, sans porter plainte formellement, M. Assange, l'une de viol et l'autre d'agression sexuelle. Ce premier mandat avait été annulé quelques heures plus tard et le dossier clos, mais le 1 er septembre Mme Ny avait rouvert l'enquête. L'avocat britannique de M. Assange a, lui, accusé le Parquet suédois de conduire «non une instruction mais une persécution». Julian Assange, qui se trouvait hier en Grande-Bretagne selon son avocat et un collaborateur islandais, est d'accord pour répondre aux interrogations de la justice suédoise, mais pas n'importe quand car «il a son propre agenda et beaucoup de travail», a assuré Me Hurtig. «Malgré son droit au silence, mon client a offert à plusieurs reprises d'être interrogé. (...) Toutes ses offres ont été catégoriquement refusées par un procureur qui abuse de son pouvoir», déclare Me Mark Stephens dans un communiqué posté sur Twitter avant la décision du tribunal de Stockholm. De passage à Genève le 4 novembre, Julian Assange a effectivement annoncé la publication dans les prochains mois par WikiLeaks de documents confidentiels «sur plusieurs pays, dont les États-Unis». Après avoir publié en juillet 77 000 documents secrets sur le conflit afghan, WikiLeaks a mis en ligne en octobre près de 400 000 rapports d'incidents qui montrent que l'armée américaine n'a rien fait pour empêcher des tortures commises par les forces irakiennes. Julian Assange avait qualifié cet été les accusations portées contre lui en Suède de «campagne calomnieuse», peut-être orchestrée par le Pentagone pour salir la réputation de son site.