Le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football vient d'autoriser les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 professionnelles à recruter 5 joueurs lors du mercato d'hiver qui aura lieu du 2 au 31 janvier 2011. Il a adhéré au vœu des présidents des clubs qui disputent ces deux championnats avant même qu'ils n'en fassent connaissance. En effet, le bureau fédéral s'est prononcé lors de sa réunion, qui a eu lieu le matin du mercredi 24 novembre, alors que les présidents de clubs ont émis leur souhait dans l'après-midi du même jour. Apparemment, à la FAF on savait ce que ces présidents allaient demander, d'où cette idée de porter le nombre de joueurs à recruter à 5. La Fédération n'a toutefois pas accédé au vœu des clubs au sujet des joueurs étrangers. C'est ainsi qu'elle a confirmé que ces clubs pourront avoir deux joueurs étrangers dans leur effectif, à la condition qu'un seul d'entre eux soit aligné dans un match. Les clubs, eux, demandent à ce qu'ils puissent avoir trois étrangers avec la possibilité de les aligner les trois ensemble. Payez vos dettes d'abord Ces présidents de clubs sont entrés dans le professionnalisme mais avec l'esprit étroit du bricolage qui sévissait dans l'amateurisme. L'écrasante majorité d'entre eux n'a de cesse que ces clubs se débattent dans une crise financière aiguë, mais ils ne se gênent pas de demander des privilèges dans les recrutements qui sont des opérations qui ne s'effectuent pas gratuitement. Comment, donc, ces présidents vont-ils faire pour trouver l'argent nécessaire pour acheter des joueurs, puisque leurs clubs font état de caisses vides ? Il y a dans cette histoire beaucoup de non-dits, à moins que ces messieurs comptent sur les fameux 10 milliards de centimes que l'Etat va prêter à chacun de ces clubs pour leur permettre de réussir leur entrée dans le professionnalisme. Si c'est sur cette option qu'ils misent, ils font fausse route, car les 10 milliards en question ne pourront pas être utilisés pour recruter des joueurs. Du reste, ils vont être appelés à signer une convention basée sur un cahier des charges spécifique avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour accéder à ce prêt à remboursement à taux bonifié. En outre, la plupart de ces clubs ont une dette vis-à-vis d'anciens joueurs qu'ils n'a pas entièrement payés. Les dossiers de tous ces joueurs se trouvent au niveau de la commission de résolution des litiges de la FAF qui interdit de recrutement tout club qui n'est pas en règle avec ses anciens joueurs en matière de paiement de salaires. Ce qui est tout à fait logique, car on ne voit pas comment un club qui n'honore pas ses dettes peut se permettre de recruter à nouveau. Qu'il paie d'abord ceux à qui il doit de l'argent pour ensuite songer à ramener de nouveaux éléments. La loi 04-10 sur le sport et le décret 05-405 relatif aux fédérations sportives autorisent la FAF à créer à son niveau une structure qui sera chargée de contrôler la gestion des clubs. Le fait que la Fédération de football fasse valoir cet interdit de recrutement est déjà une avancée dans ce que sera le contrôle de gestion de ces associations sportives. Que va devenir le joueur local ? Et puis il y a cette histoire de joueurs étrangers dont les clubs veulent porter le nombre à trois, avec possibilité de les faire jouer les trois ensemble au cours d'un match. Quand la FAF avait pris, il y a deux ans, la décision d'interdire les recrutements d'étrangers, nous étions de ceux qui s'étaient opposés à une telle mesure, car selon nous le joueur étranger contribuait à élever le niveau de nos championnats. Nous étions d'accord pour un ou, à la rigueur, deux éléments. Mais là, les clubs en réclament trois d'un coup qui peuvent être alignés ensemble. C'est vraiment du n'importe quoi. Pourquoi pas, pendant qu'ils y sont quatre, cinq ou six étrangers ? Que devient, si leur démarche est satisfaite, le joueur local ? Il ne faut tout de même pas exagérer messieurs. Notre football accuse énormément de retard et traîne un nombre incalculable de carences pour qu'il puisse se permettre de vivre comme un football qui baigne dans l'opulence. Ramener trois étrangers, cela veut dire tourner le dos à la formation, alors qu'il s'agit là d'un des buts essentiels vers lequel veut aller le professionnalisme. En somme, on comprend à travers tout ce scénario que notre football reste dans ses travers et ses errements par la faute de certains présidents de clubs qui n'ont rien compris à la mission qui leur échoit.