Poursuivis pour création illégale d'un lieu de culte et hébergement illégal d'un étranger (il s'agit d'un pasteur français venu en Algérie pour donner une conférence devant les membres de la communauté chrétienne de cette région qui a été hébergé sans autorisation ndlr), le procès des quatre chrétiens Mahmoud Yahou, Idir Houdj, Nacer Mokrani et Abdenour Rayid, déjà renvoyé une première fois au 13 octobre dernier, puis au 5 novembre et ensuite à la journée d'hier pour absence de témoins, s'est tenu hier au tribunal de Larbaâ Nath Irtahen, 25 km au sud-est de Tizi Ouzou. Malgré la plaidoirie des avocats de la défense pour obtenir la relaxe de leurs mandants, le procureur a requis contre les mis en cause une peine d'une année de prison ferme. Un des prévenus, Mahmoud Yahou, contre qui il a été requis une amende de 20 000 dinars pour avoir hébergé un étranger sans autorisation, dira devant le tribunal qu'il ignorait qu'il était soumis à l'obligation d'avoir une autorisation, tout en reconnaissant que le lieu en question n'a bénéficié d'aucune autorisation d'exercice et qu'il avait seulement introduit une demande auprès de l'église protestante établie à Alger. Quant aux deux témoins, auteurs des plaintes, ils ont déclaré qu'ils ne sont pas contre la pratique de la religion chrétienne mais seulement contre l'implantation de ce lieu de culte au sein du village Ath Atteli. Il est à signaler que toute la matinée, malgré le vent froid et la pluie, des dizaines de personnes, dont des militants du MAK, militants des droits de l'homme et des libertés, des jeunes chrétiens venus de partout pour soutenir les leurs par des cantiques en kabyle qu'ils ont chantés face au tribunal, tout en déployant de nombreuses banderoles sur lesquelles étaient inscrits différents slogans comme : «Nous sommes chrétiens et Algériens», «Pour la liberté de culte», etc. Pour rappel, cette affaire remonte au mois d'août, période à laquelle le maire de la localité avait adressé une mise en demeure par écrit au propriétaire d'une maison dans laquelle se déroulaient périodiquement des messes chrétiennes, suite à des plaintes émanant de citoyens de la région. Suite à ce rappel à l'ordre dicté par l'apparition de risque de conflits aux conséquences incontrôlables, le parquet s'est autosaisi de l'affaire.