Lani Rabah, longuement absent sur la scène artistique, a retrouvé samedi son public à l'occasion d'un gala qu'il a animé à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Avec sa franchise, il nous parle de son absence, de son nouvel album et de la chanson kabyle actuelle. Lani Rabah retrouve son public après un temps d'absence sur la scène artistique. Quel est déjà le sentiment ? Le public m'a vraiment manqué, comme je lui ai manqué d'ailleurs. Donc je pense que c'est un sentiment réciproque. Pour ce qui est de ma part en tant qu'artiste qui a ses fans, qui aiment l'écouter, il est de mon devoir de répondre favorablement et présent à leur appel. Le sentiment que je ressens aujourd'hui est celui de la joie d'avoir partagé ces moments avec vous tous. En un mot, c'est les retrouvailles et le retour. On n'a pas vu Lani Rabah depuis longtemps chanter devant son public, tant au niveau régional que national. Quelles sont les raisons de cette absence ? Effectivement, je me suis un peu éclipsé de la scène et des rendez-vous artistiques, mais il ne s'agissait pas d'une absence voulue, étant donné les conditions régionales ou nationales marquées par la violence terroriste, le banditisme… ce qui n'était pas favorable à l'animation artistique même à l'occasion des fêtes de mariage. Cependant, j'ouvre une parenthèse ici pour remercier le directeur de la culture Ould Ali El Hadi qui y est pour beaucoup dans le retour de tous les chanteurs, mais aussi dans la réhabilitation de l'animation artistique, ces dernières années. Personnellement, il a mis à ma disposition tous les moyens nécessaires. Maintenant me voilà de retour. Depuis votre dernier album Etut (oublies-là), sorti en 2008, ce qui est beaucoup pour vos fans, on n'a jamais reparlé de Lani Rabah. Peut-on parler d'un recul ? Je pense qu'une période de deux années n'est pas un si un grand retard, et puis je me suis marié pendant ce temps, et maintenant je suis père d'une petite fille. Alors, comme vous l'avez bien expliqué, il fallait prendre du recul et se consacrer à sa vie privée, et ses obligations familiales, loin de l'environnement artistique. Car, c'est aussi ça la vie d'un chanteur. Toutefois, j'espère que le retour sera suivi de bonnes choses. Avec du nouveau peut-être pour votre public qui a toujours soif de vos chansons ou des reprises ? Oui absolument, je vous l'annonce en exclusivité, je suis en phase de finaliser un nouvel album, et si je parviens à trouver un studio d'enregistrement dans les prochains jours, il sera prêt pour le mois d'avril 2011. L'album comprend sept à huit nouveaux titres, mais aucune reprise. Non seulement je n'ai pas l'habitude de le faire, mais aussi je n'apprécie pas ce genre de travail. En parlant de reprise, quel constat faites-vous de la chanson kabyle actuelle, surtout celle dite «non-stop»? C'est un sujet dont tout le monde en parle ces dernières années. Personnellement, je dirai que la chanson, en même temps d'ailleurs que la musique, c'est deux choses qui n'ont pas de frontières. Donc, que ce soit du non-stop, du sentimental ou du folklore, tous les styles doivent trouver leur place sur la scène artistique. Raison de plus encore, le fait que ça marche bien pour quelques chanteurs, cela veut dire que le public en a besoin. Mais ne pensez-vous pas que cela nuit à la chanson kabyle ? Nuire non, pas au sens propre du terme. Cela peut s'expliquer par le public qui a changé avec cette nouvelle génération, mais aussi qu'il n'a pas vu les anciens artistes desquels il attendait beaucoup. Franchement, moi-même, je doutes de n'avoir pas été à jour avec mon public. On vous laisse le soin de conclure... Je profiterai de cette occasion pour souhaiter une bonne année à tous, à mes fans spécialement. Pour les jeunes, je dirai : il faut s'accrocher car l'espoir existe toujours et un grand merci à votre journal. Entretien réalisé