Le logement social n'a réglé le problème du… logement dans aucun pays au monde. Et comme il n'y a à peu près que le logement social en Algérie, il n'y a pas vraiment d'autre appréciation à faire sur la question, sinon constater que la crise est promise à un bel avenir. Parce qu'en dehors du «guichet unique» que constituait la formule pendant de longues décennies, le pays n'a jamais vraiment connu d'autre possibilité d'accès à un toit. L'appellation avait même quelque chose de faux, d'ambigu et d'injuste. Faux parce que le logement social tel que conçu à ses premières années devait être un «acquis» définitif, quelles que soient les perspectives de promotion, voire de prospérité matérielle de son acquéreur. Autant parler dans ce cas de propriété par le fait accompli. Ambigu parce que pour qu'une formule d'accès au logement social soit ainsi désignée, il aurait fallu, cela tient du plus élémentaire bon sens, que d'autres formules existent, ce qui n'était pas le cas. Cela a donné les résultats que tout le monde connaît. Injuste enfin pour tout le monde. D'abord parce qu'il est difficilement admissible que des Algériens aux revenus inégaux, parfois dans des proportions démoniaques, accèdent au logement quasiment dans les mêmes conditions. Injuste pour les plus faibles obligés de partager, et encore, les logements disponibles avec d'autres Algériens autrement plus nantis. Injuste pour les catégories moyennes privées dans la foulée de la possibilité de légitimement prétendre à des habitations de meilleur standing. Injuste paradoxalement aussi pour… l'Etat et la trésorerie publique «contraints» de financer des logements que la majorité de ceux à qui ils sont destinés peut très bien les financer eux-mêmes, pour peu qu'on leur accorde des moyens modernes de paiement. Et le plus grave est ailleurs, puisque le logement social a été et le demeure, dans des proportions moindres il est vrai, l'un des plus gros coffres-forts de la corruption, de la spéculation et de la rapine. Ce sont les impacts de cette «politique» qui sont en train de prolonger les tensions pour qu'elles s'expriment parfois avec une rare violence. La seule formule intermédiaire qui a été tentée a duré le temps d'un nuage d'été et les autres butent systématiquement sur un problème de disponibilités. Le logement social continue donc de constituer l'essentiel des possibilités d'accès à une habitation. Et en plus de l'insuffisance des réalisations, la suspicion est toujours là quant à l'équité dans la répartition des logements construits. Ce n'est donc pas par hasard que l'émeute n'est jamais très loin à l'orée de chaque distribution. Encore plus quand ça touche les plus fragiles, comme c'est le cas avec la «résorption de l'habitat précaire». Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir