Trois ans après son installation, le président de l'APC de Zéralda, Mohib Khatir (indépendant), se dit satisfait de son bilan mais se plaint des agissements d'une «maffia» qui agit au sein de l'assemblée et ailleurs, en s'appropriant les biens de la commune. L'APC de Zéralda a inauguré, dimanche 19 décembre, un marché au profit des habitants de l'ancien village agricole (VSA), plus connu sous le nom d'El Qaria, situé dans la périphérie de la commune. La structure dispose de 14 boutiques et de 21 étals, précise Mohib Khatir, président de l'APC, dans une déclaration faite mercredi au Temps d'Algérie. Les commerçants qui y ont été affectés ne sont autres que les vendeurs qui travaillaient dans le circuit informel, assure M. Khatir. Le projet a, selon lui, coûté la somme de 17 millions de dinars. Les autorités locales tentent ainsi de circonscrire les marchés parallèles par leur absorption à travers l'aménagement des espaces de substitution. De toute manière, l'ex-VSA a besoin de toute l'attention des élus. L'important programme de construction de logements implanté dans cette localité signifie en effet que des milliers de familles, issues notamment des autres communes, allaient y demeurer pour de bon. Elles viendront grossir le nombre de la population estimé actuellement à 51 000 habitants. En accompagnement, on doit lui assurer à la limite un service minimum. Dans ce cadre, en plus donc de ce marché qui vient d'être ouvert, l'APC prévoit d'y aménager un marché parisien. «Nous allons essayer de créer des marchés de proximité», déclare M. Khatir. L'idée consiste à installer quatre marchés parisiens à VSA, à proximité de la gare routière, au centre-ville et au quartier situé à l'entrée de la commune. Pour la création de ces aires de vente, l'assemblée a déjà acheté 100 tentes qui lui ont coûté en tout 4 millions de dinars. L'ouverture de ces marchés devrait se faire ces jours-ci. Les services locaux ne font pas les choses à moitié puisqu'ils se chargent d'installer les étals, de les désinstaller et de nettoyer les lieux avant de rouvrir la voie à la circulation en début d'après-midi. Qu'en est-il du loyer ? «Il sera symbolique. Le but de notre action n'est pas lucratif. Il s'agit beaucoup plus de la lutte contre le chômage à travers la création d'emplois», précise-t-on. Le premier magistrat de la commune indique qu'il existe une trentaine de vendeurs forains-commerçants dotés de camionnettes-qui travaille en se déplaçant dans les quartiers. «Ce sont des gens dont il m'arrive de recevoir dans mon bureau. Ils se plaignent surtout de la saisie de leur marchandise par la police. Il est difficile de s'investir pleinement dans la vente foraine puis de voir toute votre marchandise saisie d'un seul coup. Pour mettre à l'aise ces gens, nous allons les installer dans les marchés parisiens», explique M. Khatir. Dans le même secteur, le quartier El Houes, au chef-lieu, sera doté d'un marché couvert. Le chantier a été installé et il sera levé au cours de 2011. Ce marché est destiné à remplacer celui implanté à quelques pas du siège de l'APC, nettement plus petit, et ne répond plus à toutes les sollicitations. La création de ces marchés fait partie des opérations retenues dans le programme d'investissement de l'assemblée pour l'année 2011. Toujours à El Qaria, suivant ce plan, il est question de réaliser une salle de sport polyvalente à étages. Le projet, qui est au niveau de l'étude, est surtout composé d'une piscine semi-olympique. Il est question également de créer une cantine scolaire centrale au profit des élèves de cette localité et de ses environs. C'est au quartier Sidi Mennif, pas loin de VSA, que les autorités comptent ouvrir un centre culturel. Les travaux ont été lancés et l'inauguration aurait lieu cette année. Cela étant, les habitants de la cité des 150 Logements de Sidi Mennif risquent d'attendre encore longtemps avant d'ouvrir droit au gaz de ville dans leurs foyers. Sept ans après avoir occupé les lieux, ils continuent d'utiliser le gaz butane. Les résidents qui s'étaient exprimés mardi dernier sur le sujet sur les ondes de la radio El Bahdja s'étaient interrogés sur les raisons de cette défaillance alors que les locataires ont déjà versé leur participation financière à la réalisation du projet de raccordement au réseau de distribution. La réponse a été donnée sur les ondes d'El Bahdja également par Sonelgaz, direction d'exploitation de Bologhine. Suivant l'explication avancée, la balle serait dans le camp de l'OPGI qui devrait lever certaines réserves liées à la construction de la cité, de manière à permettre une utilisation sécurisée du gaz de ville. Au chef-lieu, il a été décidé d'aménager un parking d'une capacité de 200 véhicules, affirme M. Khatir. Cette opération est au stade de l'étude. L'ouverture se ferait avant la fin de l'année. Aux yeux du premier magistrat de la commune, le projet le plus important reste l'aménagement du boulevard 1er Novembre qui passe par le centre-ville et relie l'entrée de la ville à sa sortie sur l'autoroute de Blida. Longue de 1,5 km, cette route nationale est appelée à devenir un axe autour duquel l'activité touristique sera privilégiée. Pour cela, une enveloppe estimée à 120 millions de dinars sera investie. «Il ne faut pas oublier que Zéralda est une commune balnéaire. Je reçois chaque jour des touristes, nationaux et étrangers. Il faut que les commerçants de la ville répondent à leurs demandes», estime M. Khatir. Les gargotiers massés tout au long du boulevard se trouvent ainsi dans le viseur des autorités. Soit ils s'adaptent, soit ils disparaissent. Gare routière, centre des affaires et zone d'activité : trois fronts dans un même combat Trois ans après son installation à la tête de l'assemblée, M. Khatir se dit satisfait de son bilan. Selon lui, 720 millions de dinars ont été investis, tous projets confondus, depuis 2007. «L'ancienne assemblée a enregistré un investissement de 320 millions DA, tous types de projets, en cinq ans», note-t-il. Le budget local, en 2010, était de l'ordre de 1,57 milliard DA, contre 290 millions DA en 2007. Ceci grâce au contentieux : toute exploitation d'un bien communal nécessite une contrepartie financière. L'APC demande à être payée, y compris sur les arriérés de location. «Je prévoie un budget de 2 milliards de dinars d'ici fin 2012», affirme le P/APC. «Zéralda est la seule commune en Algérie qui a multiplié son budget par six en l'espace de trois ans», se réjouit-il. Cela veut-il signifier que tout va bien ? En réalité, les chiffres et les bilans cachent mal un climat des plus délétères qui règne au sein de l'assemblée où la méfiance s'est installée dès le début entre les élus. M. Khatir se dit victime d'une «maffia» agissant à l'APC et ailleurs. Les manifestations de cette tendance au blocage sont réelles. Pour preuve, le bâtiment d'exploitation de la gare routière n'est plus en service depuis trois ans. L'élu s'explique : «J'ai été officiellement installé dans mes fonctions le 15 décembre 2007, sans passation de consignes. Trois jours après, soit le 18 décembre, j'ai pris un arrêté de fermeture. Le 6 janvier 2008, le wali délégué a entériné cette décision.» Mobilisant le bureau d'hygiène, M. Khatir a ainsi mis fin à l'exploitation de la gare (les arrêts) par un opérateur privé. «Quand on a demandé le dossier d'exploitation à cet opérateur, il s'est avéré qu'il avait travaillé sans aucun contrat, sans aucun papier !», révèle-t-on. Les services locaux ont par la suite tenté de relancer l'affaire. Après plusieurs démarches, on a abouti à l'affectation de la gestion des arrêts au fils d'un ancien opérateur. Un différend sur les dispositions du cahier des charges a nécessité l'arbitrage de la justice. Celle-ci a donné ordre aux services locaux de terminer l'opération commencée. «Nous avons saisi la wilaya déléguée à ce sujet. On attend la réponse», précise l'élu. Quant au bloc d'exploitation – constitué de boutiques – de la station, sa réouverture n'est pas encore à l'ordre du jour. «Nous avions lancé en ce sens deux appels d'offres qui se sont révélés infructueux», explique-t-on. En touchant à la gestion de la gare, M. Khatir a failli se brûler les doigts. En 2002, un établissement a été créé pour gérer les biens communaux, l'Office du centre d'affaires de Zéralda (Ocaz). L'office chapeautait la gestion de trois sites, à savoir la gare, la zone d'activité et le centre des affaires. Par la suite, chaque structure est devenue autonome, évoluant comme un électron libre, pas forcément dans l'intérêt de l'APC. La station urbaine souffre toujours de l'absence de gestion, la zone d'activité échappe à tout contrôle et le centre des affaires (salle de conférences, hôtel…) a changé de vocation pour devenir un bordel. «Ils (les responsables de cette opération, dont des élus) ont utilisé les moyens de l'APC pour leurs besoins personnels. Je fais face à un groupe de maffia. Ils ont une main très puissante derrière eux», accuse le P/APC. M. Khatir fait également face à la justice à cause de ces trois dossiers. «J'ai déposé près de 50 plaintes. La première date du 26 mars 2008 et la dernière remonte au 14 octobre 2009. Aucune d'elles n'a abouti», assure-t-il. Le plaignant s'étonne toutefois de la célérité avec laquelle les plaintes de ses détracteurs sont prises en charge. Donné souvent pour prisonnier, M. Khatir dit avoir frôlé l'arrestation le mois dernier. «J'ai reçu une convocation pour une audience à la chambre d'accusation près le tribunal de Blida. L'audience était fixée pour le 23 décembre. Le document est daté du 22 décembre ; il a été signé le 13 décembre ; il est sorti du tribunal le 23 décembre et il est parvenu à l'APC le 28 ! Je n'ai dû mon salut qu'à un juge compréhensif», raconte-t-il. Tous ces tracas ne le découragent pas pour autant. «Je me bats pour la récupération du patrimoine de la commune. Mon silence devient complice et je ne veux pas être complice de la spoliation des biens de l'APC. J'ai confiance en la justice. Si j'ai raison, il faut m'aider. Qu'elle réagisse !», s'emporte M. Khatir.