L'augmentation des prix de l'huile et du sucre n'est qu'un prétexte. C'est ainsi que les Khemissis commentent les émeutes de la veille, dans la nuit de jeudi à vendredi, durant lesquelles les jeunes des quartiers surpeuplés de Boutane, Dardara et la cité Houria, situés à l'est de la méga commune de Khemis Miliana, ont exprimé leur colère en brûlant des pneus sur la RN4, en saccageant un véhicule de police et en barrant la route à l'aide de tôles, de pierres et de poubelles d'ordures ménagères déversées sur la chaussée. En effet, le mouvement de protestation a débuté aux environs de 19h30 à la cité Houria où des jeunes scandaient des slogans hostiles au pouvoir et surtout contre leurs élus, accusés de corruption et de clientélisme. «Ce sont les jeunes qui restent tard dans la rue en attendant que leur famille débarrasse les endroits où ils déposent leur literie. Pincés par le froid, ce sont ces jeunes, rassemblés devant les entrées des immeubles, comme pour se dégourdir les membres et se réchauffer, qui ont commencé la manifestation», indique un sexagénaire en expliquant que dans la majorité des cas, les familles se composent de plus de 12 personnes, des garçons et des filles à l'âge adulte agglutinés dans un F3. La malvie, le chômage, la promiscuité, la cherté des produits alimentaires et particulièrement la crise du logement, alors que des logements réalisés en 2004 et non attribués à ce jour, sont les ingrédients de cette protestation que les services de sécurité ont tentée de contenir en sécurisant les points névralgiques et les édifices publics de la ville. Aux environs de 20h30, après l'intervention non convaincante de M. Benbada à la télé, les échauffourées ont redoublé d'intensité avec les services de l'ordre qui n'ont pas hésité à utiliser des bombes lacrymogènes contre les manifestants. Ces troubles se sont étendus jusqu'à minuit sans que des dégâts importants ne soient enregistrés, à part la dégradation d'un véhicule de police. Par ailleurs, on apprend de sources policières que des éléments des services de sécurité ont été légèrement blessés et que trois individus, des repris de justice, ont été arrêtés. Les augmentations des prix de l'huile et du sucre, faute de communication, ont entraîné la hausse des prix de tous les produits alimentaires, ainsi que ceux des fruits et légumes. Signalons que jeudi en fin d'après-midi, des jeunes ont, pour les mêmes motifs, incendié des pneus et coupé la route à Boumedfaâ et Hammam Righa Hier matin, les employés communaux avaient effacé les traces de ces émeutes et la vie a repris son cours dans tous les quartiers de la ville.