Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a affirmé jeudi à Alger que l'Algérie «n'est pas encore en possession d'informations précises sur l'identité des auteurs de l'acte de piraterie qui a visé le vraquier Blida, ni de données suffisantes pour intenter une action en justice». Le ministre qui s'exprimait en marge de la séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, a indiqué que l'Etat «ne peut pas prendre des positions et des décisions sur la base d'informations non confirmées» et pourrait «en cas d'obtention de preuves, introduire une action en justice devant les instances compétentes». A une question sur la position de l'Algérie dans le cas où les pirates demanderaient une rançon, le ministre a déclaré que «l'Algérie est le premier pays à avoir demandé, devant l'assemblée générale des Nations unies, la criminalisation du paiement de la rançon aux criminels et aux kidnappeurs». Le paiement de la rançon, a-t-il poursuivi, signifie «l'encouragement des criminels et le financement du terrorisme, sachant que l'on ne peut sauver la vie d'une personne contre la mort de millions d'autres», rappelant que la dernière réunion des ministres arabes de la justice a adopté une recommandation dans ce sens. Le vraquier avait à son bord un équipage de 27 membres, dont 17 sont de nationalité algérienne. Le capitaine du navire ainsi que 5 membres d'équipage sont de nationalité ukrainienne. Les 4 autres membres sont de nationalité philippine (2), jordanienne (1) et indonésienne (1). De son côté, le ministre des Transports, Amar Tou, avait indiqué à l'APS que les autorités peuvent connaître la position du navire à tout moment car, a-t-il expliqué, «nous avons au niveau du ministère le système COSS (un dispositif de veille pour la sûreté et la sécurité des navires) qui nous permet de localiser le bateau» L'Algérie et le code ISPS Il est à rappeler, par ailleurs, qu'au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l'Organisation maritime internationale (OMI) avait adopté, en décembre 2002, le code ISPS devant être appliqué par les Etats membres. Ce code qui a pour but d'empêcher les éléments d'Al Qaïda d'utiliser les navires dans un quelconque attentat, comme ça a été fait avec des avions lors des attentats du 11 septembre 2001, prévoit certaines mesures sécuritaires, dont le déploiement d'officiers de services de sécurité dans les enceintes portuaires et la dotation de navires en numéros devant être inscrits de façon à être aperçus à partir d'hélicoptères ou d'avions. Ce qui permettrait, selon les initiateurs de ce code, d'identifier et de localiser un «intrus» parmi les navires en haute mer. L'Algérie a adopté ce code et respecté les mesures prévues dans ce cadre. Les Etats-Unis, probablement inspirés par l'initiative algérienne exprimée au Conseil de sécurité de l'ONU, criminalisant le paiement de rançons aux terroristes contre la libération d'otages, a demandé à ce que soit interdit le versement de rançons aux pirates somaliens contre la libération de navires détournés.