La vie a repris ses droits hier dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Les gens vaquaient à leurs occupations. Les commerces étaient ouverts, exception faite des show-rooms de peur qu'il ne soit frappés par le sort réservé à Cristor. Même les deux marchés quotidiens étaient pleins à craquer. Rien n'indiquait que la wilaya a connu jeudi et vendredi des moments d'une rare violence. Seules les fumées qui se dégageaient des édifices incendiés et des débris de verre ainsi que des tôles qui couvraient leurs abords rappelaient ces journées cauchemardesques. D'ailleurs, des foules de curieux s'arrêtaient devant ces édifices choqués par l'importance des dégâts. Des fonctionnaires qui ont quitté jeudi des structures intactes se demandaient comment ils allaient reprendre. Les citoyens qui se rendent dans ces structures étaient aussi touchés. En effet plus d'une vingtaine d'édifices ont été ravagés. Cela va des banques comme la BDL, le CPA, les deux agences Cnep et Société Générale, en passant par les opérateurs de téléphonie mobile comme Mobilis et Djezzy et les agences Anem et Cnas, l'APC et les directions de l'emploi et de l'éducation, sans oublier les deux recettes des impôts. Même le musée du moudjahid n'a pas été épargné par les manifestants qui se sont adonnés à des actes de pillage avant d'incendier ces établissements. Des jeunes couraient emportant des téléviseurs, des micro-ordinateurs et même du mobilier. A Ras El Oued, tous les établissements secondaires et moyens ont été saccagés. Ils s'ajoutent au parc de l'APC et aux sièges de la daïra, de Sonelgaz, de l'ADE et d'Algérie Poste. A El Achir, les jeunes qui ont bloqué la RN5 ont brûlé la poste de la commune. S'il est trop tôt pour mesurer les effets des actes que la wilaya a enregistrés, on peut quand même supposer que les dégâts sont importants. Même les lampadaires, les feux multicolores et les plaques de signalisation ont été détruits. A ces dégâts, s'ajoutent les blessures. Une quarantaine de personnes dont 25 policiers dont ont été évacuées vers les hôpitaux. Selon les informations recueillies auprès de sources médicales, aucun blessé grave n'est à déplorer. Si hier aucun mouvement suspect n'a été enregistré à l'heure où nous mettons sous presse, la tension reste vive, comme l'indique la présence policière en force autour des sièges de la wilaya, de la daïra, de la radio et de la grande poste épargnés par la vague de violence. La police a arrêté d'ailleurs 28 personnes qui pourraient être les instigateurs des actes de violences. A la fin de la journée, les gens se précipitent chez eux de peur que la situation dégénère. Mais les incidents qui ont émaillé le week-end restent dans les esprits comme le montre également cette ruée vers les journaux à la recherche de nouvelles et surtout d'analyses pour comprendre ce qui s'est passé. Le choc est trop fort.