Les contestations ont repris hier dans la capitale tunisienne, avec la sortie dans la rue de centaines de personnes scandant des slogans hostiles au gouvernement transitoire dont la composition a été annoncée avant-hier. A l'avenue Bourguiba où des militaires et des policiers se sont déployés et un char de l'armée mobilisé, les jeunes ont tenté de fermer la route et avancer devant les éléments des brigades anti-émeute. La confrontation n'a malheureusement pas été évitée et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. A la rue de France, non loin de là, des centaines de jeunes ont barricadé la route avec différents objets. Les éléments des brigades antiémeute ont décidé d'intervenir, chargeant les manifestants après avoir usé de gaz lacrymogènes. Les jeunes scandaient différents slogans dont «RCD out (rassemblement constitutionnel démocratique)». Certains parmi les manifestants ont été matraqués par des policiers. Ils ont été dispersés. Les jeunes sont revenus par la place de la République. La rue de Yougoslavie a été fermée aux piétons. L'armée, elle, n'est pas intervenue. Des étudiants en gestion munis d'une pancarte sur laquelle est mentionné un écrit hostile au parti au pouvoir nous diront : «Ils nous ont volé notre argent, ils ne peuvent pas nous voler notre détermination». Nabil B., qui se présente comme étant un opposant, nous dira : «Notre problème c'est la liberté. Ils nous ont volé notre argent», selon lui. La confrontation qui s'est déroulée peu avant midi ne semble pas concerner uniquement la capitale tunisienne. «Les gens sont sortis dans la rue, pas uniquement à Tunis, mais également à Sidi Bouzid, où tout a commencé, El Mehdia et dans d'autres villes du pays», nous dira Adel Essedassi, secrétaire de rédaction au journal El Mouatinoune, appartenant au parti de l'opposition «Coalition démocratique pour le travail et les libertés». «Nos correspondants à El Mehdia nous ont confirmé que des gens sont sortis dans la rue», ajoute-t-il. «Les gens sont sortis dans la rue parce qu'ils estiment que les mesures prises sont insuffisantes et demandent la dissolution du rassemblement pour la culture et la démocratie qu'ils considèrent comme ayant été un outil de répression pendant des décennies», poursuit-il, et d'ajouter : «Nous ne sommes pas satisfaits du nouveau gouvernement.» Les Tunisiens inquiets pour l'avenir de leur pays La rue reste inquiète, craignant un retour aux événements qui ont été enregistrés en Tunisie. Une personne cria : «Ce gouvernement est provisoire, ça ne veut pas dire qu'il va durer éternellement. Il y aura des élections et tout le monde peut dire son mot. Il faut d'abord penser à la Tunisie et au retour au calme. Cessons tout ça». C'est dire la crainte justifiée des tunisiennes et tunisiens avides de paix et de liberté. En Tunisie aujourd'hui, militaires, policiers, gardes nationaux et citoyens cherchent le retour à la paix et la stabilité. La Tunisie se remettra certainement, et comme nous le souhaitons, grâce à cette volonté qui exige une entente pour que les événements regrettables qui ont eu lieu et coûté la vie à de nombreuses personnes ne se reproduisent plus. La prudence reste, quant à elle, de mise chez les militaires, les policiers, les gardes nationaux et les citoyens. Le couvre-feu a été allégé, rappelle-t-on, avec l'amélioration de la situation. Il est passé de 17h à 18h. A Tunis, où des chars sont stationnés, un hélicoptère survole le ciel toute la nuit. Les mouvements de chars sont entendus durant la nuit. De notre envoyé spécial à